Par une ironique cruauté du sort, les mêmes causes produisent les mêmes effets au sein du onze national C'est une année horribilis qui va s'achever en queue de poisson. 2013 a débuté avec la piteuse élimination dès le premier tour de la Coupe d'Afrique des nations, au Gabon, s'est poursuivie avec une sortie de route au premier tour éliminatoire du Chan réservé aux joueurs locaux, et se termine donc de la manière la plus déprimante qui soit avec une nouvelle farce mise en scène dimanche à Yaoundé. Pas de cinquième Mondial pour les Aigles de Carthage qui ne verront pas Rio, au Brésil. Ce coup de massue suscite en tout cas quelques interrogations bien au-delà de l'instabilité chronique à la tête de la barre technique (Sami Trabelsi, Nabil Maaloul et Ruud Krol en moins d'un an), de la différence trop évidente de classe technique entre les deux sélections, et des carences de compétitivité de la majorité des joueurs alignés dans la bataille du stade Ahmadou-Ahidjo. Ces questions peuvent être formulées comme suit : 1/ Le bureau fédéral va-t-il rendre le tablier en reconnaissant dignement les carences de sa gestion et, en tout cas, l'échec patent de la sélection A, vitrine de ce football malade? Ou fera-t-il la sourde oreille et, toute honte bue, cherchera-t-il plutôt à faire avaler la pilule, comme si de rien n'était et comme cela a été le cas par le passé? 2) Quelle tournure va prendre le litige FTF-ministère? Le contentieux conduira-t-il à un durcissement des positions, à une escalade favorisée par le constat d'échec de la gestion des affaires du club Tunisie ou sera-t-il prétexte à une accalmie, à la fameuse paix des braves qui relèguerait au second plan l'opposition d'ego au bénéfice des indispensables réformes prioritaires? 3) Comment remédier au terrible manque à gagner provoqué par une telle élimination? Et quelle part acceptera de prendre en charge la tutelle dans un tel contexte financier tendu et dépressif, s'agissant d'un pactole de près de douze millions de dinars qui s'envole, un véritable trésor de guerre? 4) Exsangues, déjà, les clubs réussiront-ils à résister à quatre prochaines années de vaches maigres où la manne ministérielle et fédérale va immanquablement se rétrécir comme une peau de chagrin, compte tenu du marasme économique? A ce marasme, il faudra ajouter l'absence de la manne de la Coupe du monde, une juteuse prime qui s'est évanouie dimanche sous le ciel menaçant de Yaoundé. 5) Accessoirement se pose la question de la succession du Néerlandais Ruud Krol dont le bilan s'est révélé on ne peut plus contrasté : un match aller très encourageant et porteur d'espoirs et une seconde manche cauchemardesque et mortifère. Sans pression aucune, en l'absence d'échéances immédiates, le choix du prochain sélectionneur doit être mûrement réfléchi. Jusqu'où ira la descente aux enfers du foot national, et plus particulièrement de sa sélection-fanion? En tout cas, cela ne peut pas être plus mal qu'en ces temps où un minimum de dignité et de pudeur aurait sans doute déconseillé à messieurs les fédéraux de poser une réclamation contre l'éligibilité de Joel Matip et Max Chaupo-Moting à la sortie d'une telle correction.