Un déficit budgétaire de 100.000 dinars qui doit être réglé d'urgence! Pour les membres de la Fédération tunisienne des cinéclubs (Ftcc), la situation est plus qu'alarmante. Le dossier du congrès international des ciné-clubs, qui s'est tenu en Tunisie en avril dernier, est loin d'être résolu, bien au contraire. A titre de rappel, la Ftcc a pris en charge l'organisation de ce congrès depuis 2010. Elle a eu des engagements de financement de la part du ministère de la Culture, du Tourisme et de la Jeunesse et des Sports. Seul le ministère de la Culture a tenu ses promesses. Les remaniements ministériels ont entravé l'avancement du dossier. Le congrès s'est quand même tenu à Hammamet du 1er au 6 avril 2013. L'événement était une réussite, avec la participation d'une soixantaine de représentants de cinéclubs de par le monde, en atteste la quarantaine de lettres de remerciements que la Ftcc a reçus après le congrès. Le programme avait inclus le centenaire du mouvement des cinéclubs et l'élaboration de «la Charte de Carthage», une actualisation de la déclaration des principes des cinéclubs, un document à l'origine d'un nouvel élan pour les cinéphiles dans le monde à l'ère du nouveau millénaire. Une grande importance avait été accordée à la formation de nouveaux animateurs de cinéclubs avec des ateliers de formation de facilitateurs de débats. Les invités ont eu l'occasion d'avoir une idée sur le cinéma tunisien et sur le pays, grâce à une rétrospective de courts et de longs métrages qui leur a été montrée, et à des visites de sites archéologiques. Tout a donc été prévu pour le bon déroulement de cet événement qui a été une belle vitrine pour le tourisme culturel tunisien, avec un contenu consistant et une valeur ajoutée qui dépassent les frontières du pays. Malheureusement, la Ftcc et ses membres sont emportés dans un tourbillon de soucis financiers depuis la fin de ce congrès. La fédération en est sortie avec un grand déficit budgétaire. Les membres du bureau de la fédération ont lancé un appel fin avril dernier pour une mobilisation, et pour faire pression sur le ministère de la Culture pour régler les frais restants, sachant que le congrès international des ciné-clubs a été organisé sous son égide. Depuis, la situation ne fait qu'empirer. Le propriétaire de l'agence de voyages avec laquelle la Ftcc a traité pour les billets d'avion et l'hébergement des invités réclame la somme restante qui s'élève à 100.000 dinars. Heureusement qu'un accord de rééchelonnement avait été conclu avec lui, mais il s'avère que le propriétaire avait auparavant porté plainte et que le dossier de l'affaire est encore au tribunal, avec les anciens chèques. Le problème qui se pose en ce moment est que la Ftcc ne parvient pas à retrouver ce dossier au tribunal et n'a même pas son numéro. Si par malheur il arrive devant le juge, la fédération risque de se voir saisir tous ses biens, d'être dissolue avec tous ses cinéclubs régionaux. Cela veut dire que l'on risque de perdre un patrimoine inestimable de films et de documents, principale richesse de la fédération qui a vu le jour en 1950. Ce chiffre à lui seul résume des décennies de militantisme culturel dans tout le pays. Et avec le contexte transitionnel d'aujourd'hui, la persistance de la Ftcc est plus que vitale. Les dégâts ne s'arrêtent pas là, ils touchent personnellement certains membres du bureau comme Maher Rekik et Ramzi Laamouri, signataires des chèques (en qualité de directeur exécutif et de trésorier du congrès) qui risquent d'être sanctionnés si jamais l'avocat de l'agence porte plainte, et il menace de le faire. Ramzi Laamouri affirme avoir contacté toutes les parties concernées, même la présidence. Il rencontrera bientôt Fethi Kharrat, directeur du cinéma et de l'audiovisuel au ministère de la Culture, ainsi que Adnène Khedher, le directeur du Centre national du cinéma et de l'image, dans l'espoir de trouver une solution. Mais il semble que tout est entre les mains du ministre de la Culture Mehdi Mabrouk, qui doit prendre, d'urgence, la décision de régler le déficit budgétaire de 100.000 dinars de la Ftcc. A bon entendeur!