Des regards apaisés, d'autres inquiets. Des sourires sincères, d'autres simulés. Face à une telle épreuve, toutes les réactions et les espérances sont possibles.La session principale de l'examen du baccalauréat a tiré sa révérence mercredi. Certains se sont donné le maximum de chance pour traverser et mener à bien leur bateau, en assurant une bonne année scolaire et une révision à la mesure de leurs espoirs. D'autres ont misé sur leur flair et leur bonne étoile. «Et puis, ce n'est pas désagréable, une montée d'adrénaline de temps en temps», vous lancent ceux qui ne se sont pas excessivement investis. 10h00 mercredi devant le lycée de la rue de Russie, un brouhaha sévit. De petits groupes se forment. La notion d'accessibilité des sujets suscite beaucoup d'ambivalence. Elle diverge selon les filières et le niveau des candidats interrogés. Mais la majorité s'accorde à dire que l'épreuve de maths et celle d'histoire-géographie sont loin d'être à la portée, alors que la programmation-arithmétique, matière principale pour la section sciences de l'informatique, renferme, selon les dires des candidats, une coquille dans les énoncés du sujet: «Seuls les candidats issus de la filière sciences expérimentales ont eu de la veine. L'immunité, la génétique humaine et l'hypertension artérielle, thèmes largement abordés durant l'année scolaire, n'ont pas parasité leurs attentes», s'exprime un matheux à haute voix, comme pour rendre accessibles ses pensées, et justifier l'effritement du vaisseau de ses rêves. Certains candidats sont muets comme une carpe, refusant de partager leurs impressions, sous réserve d'échapper à leurs incertitudes et à un excès d'angoisse. Le temps passe. Les littéraires semblent parvenir à évaluer avec calme l'épreuve du Bac. Ils se livrent à des discussions interminables, favorisant le fonctionnement de l'hémisphère gauche. «Lorsque je pense à l'épreuve d'histoire qui a porté sur la Tunisie durant les années 30 et la guerre froide, je sens le sol se dérober sous mes pieds. Tout au long de l'épreuve, le vide s'est imposé à moi. C'est à la dernière demi-heure que j'ai essayé de me rattraper, pourtant je rêve de la vie d'étudiant», lâche une candidate qui, dit-elle, s'est rattrapée durant l'épreuve d'arabe. Des sentiments de colère, de joie, de peur et des émotions bouillonnantes envahissent les candidats dont la confiance de certains d'entre eux s'effiloche en ce dernier jour des examens. «Si l'année se termine par un échec, c'est le drame dans la famille. Mes parents attendent déjà le résultat. En cas de réussite, l'été sera festif», lance Hela d'une voix tremblante. La couleur est annoncée d'emblée pour cette jeune candidate qui doute de ses chances de réussite et qui fait contre mauvaise fortune bon cœur : «Refaire son Bac n'est pas dramatique en ce qui me concerne. Certes, les études sont importantes, toutefois la promotion sociale n'est pas uniquement tributaire d'un bon cursus universitaire». La section économie et gestion fait rêver beaucoup de candidats qui aspirent à s'orienter vers des branches prometteuses telles que la comptabilité et l'informatique appliquée. Les discussions joyeuses autour de l'avenir ravivent le cœur des candidats issus de cette filière. Il est loin le temps des commentaires désobligeants des parents. «C'est une étape transitoire, j'ai dû subir les réprimandes de mes parents tout au long de l'année scolaire», souligne Mehdi, 18 ans à peine. Une nouvelle vie sur un bon pied s'annonce pour certains candidats qui ont su garder la tête froide et passer avec brio les examens dont les matières principales «ont été assez dures, notamment pour un élève moyen», explique un enseignant. La vivacité de l'esprit, l'esprit d'analyse pour les littéraires et celui pragmatique pour les matheux élargiront les chances de réussite des bacheliers, tout en leur inculquant que la vie est faite de contraintes, d'obligations et d'épreuves. Plus rien ne sera comme avant pour ces êtres dont l'âme a erré tout au long d'une année de labeur et de stress avec une seule idée en tête : jouir de la vie estudiantine parfois sous d'autres cieux.