Un CSS moins attrayant et beaucoup plus direct, mais un savoir-gagner et un cœur qui demeurent marque déposée. On reprochait au CSS, au fil de l'histoire de notre football, son manque de réalisme et sa naïveté quand il s'agit de matches à enjeux. On disait que ce CSS jouait bien, d'autant qu'il n'a pas de problèmes à perdre. Ces Sfaxiens ont été réputés être des footballeurs de qualité, de spectacle, mais au mental fragile. Bien sûr qu'il y a eu des exceptions (le doublé de 1995 avec Paolo Rubim, le titre de champion acquis en 2005), mais la règle, on vous l'a dit. Ce jugement fait-il partie de l'histoire? Il semble que si. L'avènement de Krol y est pour beaucoup. Le Hollandais a métamorphosé le CSS qui passe d'une équipe vivant dans l'ombre à une autre cumulant le succès et la conviction de jeu. Deux en un : des résultats et un jeu collectif à base d'individualités qui ont émergé ensemble. La victoire convaincante contre TPMazembe vient conforter cette génération douée où Sassi, Ben Youssef, Boulaâbi, Jeridi, N'dong, Youssoufou, Maâloul, Libré, Challouf, Khemissi constituent des valeurs sûres. Si vous avez bien suivi le match, vous aurez découvert que Krol a changé ses plans de jeu pour un match, ce n'est pas tout. Le CSS change même d'identité de jeu depuis ce début de saison sans que cela n'ait entravé son parcours continental. Mais en championnat, la différence s'est fait sentir: l'équipe joue un peu moins bon, un peu plus direct, et dose ses efforts. Et pour réussir cette «transition tactique», il faut être fort dans la tête et bon gestionnaire. Permutations et tirs Remarquez bien que les Sfaxiens ont su bloquer, autant que possible, les démarrages et les passes des Congolais. Deux pivots excellents en couverture et en relance, N'dong et Sassi, deux ailiers qui ont bloqué Kassussula et Kupukuto, Hannachi et Lebré. La recette sfaxienne a bien marché malgré quelques passages à vide. Le changement des positions en phase d'attaque avec des permutations entre Ben Youssef et Lebré, Sassi et N'dong et aussi Hanachi et Koweïta. Le tout débouchait sur des tirs du point des seize mètres et un peu plus. Avec un jeu aussi direct et vertical avec les centres en retrait sur les deux côtés, les tirs ont été la première arme offensive du CSS. Jeu rapide et vertical La nouvelle valeur dans le jeu sfaxien s'appelle jeu vertical et rapide. Le CSS ne pose plus le jeu comme avant et on n'est obligé de toucher la balle 6 ou 7 fois pour créer une occasion. On jouait avec première intention de prendre de court la défense adverse. Sassi et N'dong sont toujours les pourvoyeurs du milieu : ils ne jouent plus court et dosé, mais direct et vertical profitant de la vitesse de Maâloul et Youssoufou sur les flancs, et surtout la percussion de Ben Youssef. C'est le plus grand changement tactique au CSS. Vous n'avez plus le même plaisir à regarder le CSS, mais vous admirez quand même cette adaptation qui ramène des résultats. Un gardien en confiance La défense sfaxienne n'est pas le point fort du CSS. Prenable sur les incursions, elle s'affole au moindre centrage ou passe aux seize mètres. La fragilité de l'axe défensif, et surtout celle de Mahmoud Ben Salah sur les balles aériennes, est compensée par l'excellente forme de Rami Jeridi. Aujourd'hui, ce gardien pèse lourd au CSS de Krol. Et pour faire un cycle fort, il faut un grand gardien qui rassure ses coéquipiers. Jeridi a été déterminant dans ses sorties et dans le placement de ses défenseurs. Au match retour, il sera d'un grand apport contre ces Mputo, Singluma et Samatta. Le résultat avant le jeu Un CSS moins technique et peu engagé, des joueurs plus incisifs et qui cherchent plutôt l'objectif que la manière, ce changement est bon à prendre. En marquant à la dernière minute du match, Krol et ses joueurs concrétisent ces nouveaux volumes du jeu : réalisme, intelligence du jeu, opportunisme et individualités fraîches jusqu'à l'ultime moment de la partie!