Une participation depuis 2003 et des résultats sans surprise C'est à la demande des pays intéressés que l'Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) procède à l'évaluation du niveau scolaire des élèves de 15-16 ans, l'équivalent de la 9e et dernière année de l'enseignement obligatoire. Les disciplines objet de l'évaluation sont les maths, la compréhension de l'écrit (arabe pour la Tunisie) et les sciences. L'évaluation Pisa, qui a démarré en 2000, porte sur les connaissances et les capacités des élèves à utiliser leurs connaissances dans d'autres applications. Cette étude comparative, faite tous les trois ans, a commencé avec le concours de 30 pays; en 2012, ils étaient 65 pays, soit 510 mille élèves, à se prêter volontairement au test Pisa, que les connaisseurs qualifient de «robuste d'un point de vue scientifique», comme indiqué sur Le Monde.fr, en date du 03 décembre 2013. La Tunisie, qui participe au test depuis 2003, s'est retrouvée cette année au 59e rang. Les premiers classés sont des pays asiatiques : en mathématiques, Shangaï (Chine) a trois années d'avance sur les autres pays. «Ce n'est pas une surprise», affirme sur les ondes d'Express Fm, Mme Chadia Limhirssi, directrice du Centre national d'innovation pédagogique et de recherches en éducation, relevant du ministère de l'Education. «Cela a toujours été ainsi, bien que, et comme tous les autres pays, le score général ait gagné 29 points au cours de la décennie 2003-2013», précise-t-elle, tout en indiquant que les résultats d'une autre évaluation internationale portant sur les maths et les sciences dès la 4e année primaire, Tims, classe également la Tunisie parmi les derniers. «Les résultats sont proches, qu'il s'agisse d'enfants riches ou démunis». Réviser tout le système éducatif La directrice n'a pas de réponse toute prête à fournir pour expliquer le statu quo au niveau du classement de la Tunisie, mais avance tout de même quelques arguments. Pour Mme Limhirssi, le statu quo démontre que c'est le système éducatif en vigueur qui est responsable de cette situation. Un système miné par des dysfonctionnements qui n'ont pas été traités en profondeur par des réformes et des solutions pertinentes. «Il faudrait sans doute revoir les programmes, le rythme scolaire, apprendre aux élèves à faire des liaisons entre les connaissances, à réfléchir à des situations de plus en plus complexes», ajoute la directrice, soulignant que «ces changements n'impliqueront pas forcément de nouveaux budgets et nécessiteront peut-être une simple révision de la gestion». Pour la responsable, la périodicité du test Pisa est, à juste titre, une opportunité pour réexaminer les dysfonctionnements et tenter de les corriger. Cela a été le cas dans d'autres pays, comme l'Allemagne, et le résultat de la mobilisation de tout le pays a été spectaculaire. C'est ce qui est attendu des Tunisiens qui devront se mobiliser, s'écouter, se comprendre et se concerter sur les solutions adéquates à envisager. Les décisions prises à huis clos derrière des portes capitonnées ne servent à rien, sinon à pousser le niveau scolaire des jeunes Tunisiens vers le niveau le plus bas. Dans cette affaire, ce n'est pas tant le classement en lui-même qui importe, mais l'avenir de l'éducation et de l'enseignement en Tunisie. Si rien ne sera fait dans les années à venir, c'est la reconnaissance de nos diplômes qui risque d'être compromise. Ecouter les élèves et leurs parents Pourtant, la Tunisie est un des rares pays qui a misé sur l'éducation dès son indépendance, et le résultat a été la formation de compétences, dans chaque génération, reconnues à l'échelle internationale. Pourquoi en serait-il autrement aujourd'hui, alors que l'éducation et l'enseignement continuent de bénéficier d'une bonne partie du budget de l'Etat et de l'intérêt de tous les Tunisiens quelle que soit leur situation sociale? L'éducation est un domaine bien trop sensible et compliqué pour être géré « bureaucratiquement » par quelques personnes aussi compétentes soient-elles. Il est salutaire de faire participer toutes les parties concernées y compris les parents et surtout les élèves. La famille et les enfants sont les mieux placés pour parler de ce qu'ils endurent, des points forts et des faiblesses de leur quotidien scolaire, de la montée en puissance du phénomène des cours particuliers qui constituent désormais un système parallèle d'enseignement, de leurs rapports avec les enseignants et l'administration, et de tous les problèmes de l'école qui mènent à la violence et à l'abandon scolaires. Il s'agit là de prendre tout son temps pour écouter le maximum de doléances, de réfléchir dans le cadre de larges assises multidisciplinaires sur les possibles solutions « pertinentes » et surtout d'éviter de confiner les débats à des rencontres, restreintes, d'experts et de conférenciers dont les recommandations finissent par être oubliées au fond d'un tiroir.