Ce programme a englobé 510.000 élèves, dont l'âge est compris entre 15 et 16 ans représentatifs des quelque 28 millions d'enfants scolarisés dans les 65 pays et économies participants. Soit environ 80% de l'économie mondiale. Le rapport de l'Ocde (Organisation de coopération et de développement économique) a fait couler beaucoup d'encre et suscité l'intérêt de nombreux observateurs. La réaction immédiate peut se comprendre en raison du sentiment d'indignation ou d'humiliation qu'auraient pu avoir ceux qui ont pris connaissance de ce rapport ou en auraient vu quelques extraits. C'est, en quelque sorte, une baisse de plus de la note souveraine en matière d'enseignement. Toujours est-il qu'il faille nuancer et lire le contenu de ce document dans son contexte. En substance, tout le monde a retenu que la Tunisie est placée parmi les derniers pays ayant participé à ce classement. Faut-il préciser que ce classement, comme son nom l'indique (programme international de suivi des acquis des élèves ou Pisa), a englobé 510 000 élèves, dont l'âge est compris entre 15 ans et 3 mois et 16 ans et 2 mois représentatifs des quelque 28 millions d'élèves âgés de 15 ans scolarisés dans les 65 pays et économies participants. Ces élèves ont passé des épreuves en 2012 par écrit pendant deux heures. De plus, ils ont subi, pour certains, des épreuves informatisées de mathématiques, de compréhension de l'écrit et de résolution de problèmes pendant 40 minutes supplémentaires. Tunisie : progression de 29 points en dix ans Ces participants appartiennent aux 34 pays membres de l'Ocde ainsi qu'à 31 autres pays et économies partenaires. C'est-à-dire environ 80 % de l'économie mondiale. Notre pays s'est trouvé devant les cinq derniers pays avec une moyenne de 388 en mathématiques (la moyenne de l'Ocde est de 494). Shanghai (Chine) occupe la tête du peloton avec 613 points. Le Pérou, bon dernier, clôture avec 368 points. Ces contre-performances viennent pour la énième fois tirer la sonnette d'alarme quant à la rentabilité et à l'efficience de notre système éducatif. Pourtant, certains pourraient rétorquer que la Tunisie a, quand même, progressé de 29 points depuis sa première participation en 2003. Qu'à cela ne tienne. Des experts sont catégoriques : il reste un bon chemin à faire vers une réforme du système qui accuse de graves lacunes qu'il faudrait identifier. Pisa peut contribuer à diagnostiquer le mal endémique qui caractérise nos méthodes d'apprentissage. L'Allemagne a pris des leçons de ce programme en rectifiant le tir lors des précédentes participations. La faiblesse est-elle, uniquement, due à nos élèves ? Sont-ils les seuls responsables de cette situation ? La réponse est claire : l'enseignement est un tout indissociable. Cette entité montre qu'il n'est pas possible de trouver la solution pour améliorer le rendement en palliant les lacunes d'une seule de ses composantes. La formation des enseignants entre beaucoup dans cet esprit de réforme. Un recyclage de pointe et approprié est toujours nécessaire. Les conditions matérielles dans lesquelles travaillent l'enseignant et l'élève sont à revoir. Les conditions financières des uns et des autres ne sont pas à négliger. 67.7 % d'élèves peu performants en mathématiques L'enquête Pisa «ne cherche pas simplement à évaluer la faculté des élèves à reproduire ce qu'ils ont appris, mais vise aussi à déterminer dans quelle mesure ils sont capables de se livrer à des extrapolations à partir de ce qu'ils ont appris et d'utiliser leurs connaissances dans des situations qui ne leur sont pas familières, qu'elles soient ou non en rapport avec l'école. Cette approche reflète le fait que les sociétés modernes apprécient les individus moins pour leurs connaissances que pour leur capacité à utiliser ces dernières... Les décideurs du monde entier utilisent ces résultats pour comparer les connaissances et compétences de leurs élèves à celles des élèves des autres pays et économies participants, pour fixer des objectifs chiffrés d'amélioration en fonction des accomplissements mesurables d'autres systèmes d'éducation et pour s'inspirer des politiques et pratiques en vigueur ailleurs». Les chiffres enregistrés par nos élèves illustrent ce manque évident au niveau des acquis. En mathématiques, le score moyen lors de l'évaluation Pisa 2012 était de 388, le pourcentage d'élèves peu performants en mathématiques (sous le niveau 2) était de 67.7 % tandis que le pourcentage d'élèves très performants en mathématiques (niveau 5 ou 6) était de 0.8 %. En compréhension de l'écrit, le score moyen était de 404 (496 pour le pays de tête). En sciences, le score moyen lors de l'évaluation était de 404 contre 501 en faveur du premier pays. Attendons les résultats de la prochaine participation, dans trois ans. Spicilèges à méditer Les pays de l'Ocde investissent plus de 230 milliards de dollars par an dans l'enseignement des mathématiques à l'école. C'est un investissement majeur, certes, mais il rapporte beaucoup plus que ce qu'il coûte. La nouvelle évaluation de l'Ocde sur les compétences des adultes a également établi que des compétences fondamentales en mathématiques avaient un impact majeur sur les chances de réussite des individus dans la vie. En moyenne, dans les pays de l'Ocde, les élèves issus de milieux socio-économiques plus favorisés obtiennent en mathématiques 39 points de plus — soit l'équivalent de près d'une année d'études — que les élèves issus de milieux moins favorisés. Dans les pays de l'Ocde, les élèves qui ont déclaré avoir été préscolarisés pendant plus d'un an ont obtenu en mathématiques 53 points de plus — soit l'équivalent de plus d'une année d'études — que les élèves qui n'ont pas été préscolarisés. Les pays de l'Ocde affectent au moins autant, voire davantage, d'enseignants par élève dans les établissements défavorisés que dans les établissements favorisés ; les établissements défavorisés tendent toutefois à éprouver beaucoup de difficultés à attirer des enseignants qualifiés. Le manque de ponctualité et l'absentéisme sont en corrélation négative avec la performance des élèves : en moyenne, dans les pays de l'Ocde, le fait d'arriver en retard à l'école est associé à une baisse de 27 points du score en mathématiques, et celui de sécher des cours ou des journées de classe, à une baisse de 37 points du score en mathématiques — soit l'équivalent de près d'une année d'études. Les élèves ouverts à l'idée de résoudre des problèmes mathématiques — qui ont le sentiment d'être capables de traiter beaucoup d'informations, qui comprennent vite la situation, qui cherchent à expliquer les choses, qui établissent aisément des liens entre des faits et qui prennent plaisir à résoudre des problèmes complexes — obtiennent en mathématiques 30 points de plus, en moyenne, que les élèves moins ouverts à la résolution de problèmes. Parmi les élèves très performants, l'écart entre ces deux groupes d'élèves est encore plus important : 38 points, en moyenne Les parents qui ont de hautes ambitions pour leurs enfants les motivent et les guident dans leur apprentissage; ils créent un environnement qui met en avant l'excellence académique et l'acquisition de compétences. Pour avoir le rapport, on peut contacter ce lien http://www.oecd.org/pisa/keyfindings/PISA-2012-results-overview-FR.pdf A.C.