On est bien partis pour battre tous les records en matière de remaniements techniques. Pourquoi s'en offusquer, quand on remarque que le phénomène touche en premier lieu les structures techniques de l'équipe de Tunisie, laquelle en sera bientôt à son 4e sélectionneur en dix mois: après Sami Trabelsi remercié aux lendemains de la CAN 2013 en janvier dernier, Nabil Maâloul puis Ruud Krol ont pris le relais. Les mandats deviennent de plus en plus courts avec les Aigles de Carthage: Sept mois pour Maâloul, deux pour Krol. La précarité et l'insécurité deviennent le lot des techniciens. Depuis la mi-septembre, soit après seulement 8 journées disputées sur la trentaine que comporte l'exercice 2013-2014, huit clubs ont déjà changé au moins une fois d'entraîneur, soit la moitié des effectifs de l'élite : - EST: Maher Kanzari remplacé provisoirement par le Français Sébastien Desabre - CSS : Ruud Krol relevé par Hamadi Daou - ASM : Dragan Cvetkovic remplacé provisoirement par Houcine Ben Cedrine - ST : Mahmoud Ouertani remplacé par Mahmoud Dridi -J SK : Mourad Okbi parti, c'est Mahmoud Ouertani qui prend sa place - CSHL : Ferid Ben Belgacem relevé par Noureddine Bousnina - OB : Maher Zdiri relevé par Mohamed Kouki - USM : Lotfi Benzarti, puis Faouzi Benzarti, puis Mourad Okbi Si le club usémiste détient le record en matière d'instabilité avec trois techniciens qui se sont succédé à la tête de la barre technique en trois mois, c'est le Stade Tunisien qui a été le plus rapide à «dégainer» en changeant d'entraîneur dès la première journée, suite à la lourde défaite 4-0 au Zouiten devant le Stade Gabésien. Il faut relever que le Français Denis Lavagne se trouve sur un siège éjectable à l'Etoile du Sahel. Et que le Bureau du Club Africain, leader de la compétition, a dû y aller de sa propre précision pour dire qu'il n'a jamais entrepris de démarches pour contacter un autre entraîneur. La revanche des bannis Bien entendu, il serait fastidieux de comparer ces «durées de vie» excessivement brèves avec les records de stabilité d'un Guy Roux à Auxzerre en France, d'un Arsène Wenger à Arsenal ou d'un Alex Ferguson à Manchester United, en Angleterre. On est à des années-lumière de ce foot-là, de cette mentalité-là. Chez nous, le produit se trouve vite périmé. Contentons-nous plutôt de remarquer que, comme si cette sarabande de limogeages, de remerciements, de séparations à l'amiable, et nous en passons comme expressions pour indiquer la même chose, ne suffit pas, on découvre avec stupeur une sorte de revanche des bannis. Eux aussi, les entraîneurs s'amusent à prendre les devants, ils ne veulent plus rester indéfiniment à la traîne. Et les voilà qui font le premier pas en laissant les clubs sur le carreau. Le Hollandais Ruud Krol a quitté le CS Sfaxien en pleines fêtes du sacre de la coupe de la CAF. Le Franco-serbe Dragan Cvetkovic a déserté, la semaine dernière, les installations de la Marsa pour rebondir à Al Fayçali saoudien. Sans même avoir la délicatesse d'avertir ses employeurs. Alors que Faouzi Benzarti largue, à la surprise générale son club, l'USMonastir où il avait relevé son frère Lotfi. Pour courir conduire les Marocains du Raja en coupe du monde des clubs. Voler en Libye changer les roues de sa voiture, cette histoire ne lui a visiblement pas porté conseil. Autant il était de bon ton de condamner le peu de scrupules dont témoignent les clubs au moment de se débarrasser de leur entraîneur, autant il faut dénoncer aujourd'hui avec la plus grande fermeté cette nouvelle tendance qui voit des entraîneurs quitter leurs clubs en faveur de plus offrant. Et se demander si la clause libératoire suffit toujours pour décourager tous les candidats à une fugue ou à une désertion. Car, on le sait, tout un projet sportif tombe à l'eau dès le départ ou le limogeage du technicien, c'est-à-dire d'une résiliation unilatérale du contrat. Quoi qu'il en soit, trois clubs n'ont pas toujours réglé définitivement la question du technicien qui va les conduire jusqu'à la fin de la saison. Cela pourrait tourner au provisoire qui dure, mais jusqu'à preuve du contraire, les entraîneurs en place sont appelés tout juste pour assurer un intérim . Il s'agit du Français Sébastien Desabre à l'EST, Noureddine Bousnina au CSHL et Houcine Ben Sedrine à l'ASM. D'ici le 18 mai 2014, date de la dernière journée du championnat de L1, le décompte va devenir plus simple. Au lieu de retenir le nombre des clubs qui ont procédé-ou subi-un remaniement technique, il sera beaucoup plus simple et plus aisé de le faire pour ceux qui auront échappé à cette fatalité. Alors, à qui le tour ?