Musique et chant lyriques dans une performance de l'Orchestre symphonique tunisien, mardi dernier au Théâtre de la Ville de Tunis La soirée de clôture de «l'année Verdi», une année fêtant le bicentenaire de la naissance de ce grand et remarquable compositeur italien, a été aussi exaltante qu'opulente : de la première note, lancée par l'Orchestre symphonique tunisien sous la baguette du maestro Hafedh Makni, jusqu'à la dernière. Une galerie de magnifiques musiciens renforcée par la participation de jeunes chanteurs lyriques tunisiens ont donné à la Bonbonnière une envergure digne des plus grandes scènes internationales. Le public a été au rendez-vous comme à chaque fois qu'il s'agissait d'un concert de l'Orchestre symphonique de Tunis, se pressant avec enthousiasme et curiosité pour découvrir la variété de ce qui est lui est proposé. Et la qualité musicale ne démérite pas : la preuve, un concert éblouissant où l'harmonie des parties a permis d'inscrire une nouvelle page d'exception dans l'album de l'orchestre. La soirée a été entamée par l'ouverture de l'Opera Nabucco de Gisuppe Verdi où violons et violoncelles se sont donné le mot pour subjuguer une assistance, toute charmée et emportée par la finesse et la force du jeu des artistes. Ensuite, les solistes ont défilé sur scène, offrant le meilleur d'eux-mêmes. Ils brillèrent de mille feux : beaux, élégants et talentueux, c'est leur professeur Mme Hristina Hadjieva qui devait être la plus fière. Hafedh Makni également qui, lui, a réussi à obtenir le meilleur de son orchestre et a développé une complicité et une réactivité exceptionnelle avec les chanteurs. Dans «Il Trovatore : Tacea la notte placida» (Nuit silencieuse et placide), avec sa voix veloutée et émouvante, Henda Ben Chaâbane dévoile une puissance d'évocation et une densité poétique. Elle exprime tous les états de la mélancolie et toute la sensibilité illuminant l'œuvre. En interprétant l'Air de Gilda de l'Opera Rigoletto, Raeda Gharbi, pour sa part, émeut avec sa tenue vocale, ses qualités de style et d'intonation. Grâce à une voix aiguë et agile (capacité à vocaliser)ainsi qu'un timbre flûté et pur, elle a pu révéler le côté puissant et la beauté de l'œuvre. Toujours à l'aise dans l'opéra de Verdi, Youssef Ben Abderazek campe «La donna è mobile» avec une voix forte et une intonation juste et émouvante. Il était suivi par «Ritorna Vincitor» (retourne victorieux) de l'Opera Aida, où la soprano Amani Ben Tara nous a séduit par la beauté du timbre, l'expressivité et la puissance de sa voix, ainsi que le charme et le tour de force dramatique qu'elle évoquait lors du chant. Le ténor Haythem Hathiri, par son élégance naturelle sans emphase et avec une voix profonde et émouvante, a fait preuve comme toujours de clarté et d'assurance, il a révélé toute la force émotionnelle contenue dans l'Air de Germont de l'Opéra La Traviata. Et bis, donc, pour Brindisi, la finale avec tous les solistes, une belle interprétation emportée par un souffle d'une musicalité aussi juste qu'expressive. Eclat, finesse, confiance, et bonheur total de la musique partagée, le tout mené d'une main si précise qu'on l'entend presque frémir, par un maestro totalement fusionnel avec ses interprètes. Bravo!