Sans donner carte blanche au futur chef du gouvernement, la députée prône un préjugé favorable - Le nouveau chef de gouvernement, contesté avant même sa prise de fonction, trouvera-t-il auprès de l'Assemblée nationale constituante un soutien ou bien un ennemi aux aguets ? Je déplore que ce gouvernement soit né avec une opposition déjà faite, sans attendre son action. Nous devons être optimistes, car la situation ne supporte plus les tensions. Il faut donc éviter les procès d'intention. L'opposition doit démarrer, mais avec une note positive. Les réserves qui ont été formulées autour des autres candidats en lice ne concernent pas Mehdi Jomâa. C'est un jeune ministre qui a tenu tête à Ennahdha, notamment sur la question des nominations au sein de son ministère. Même s'il n'a pas été notre candidat, ayant soutenu Jalloul Ayed, il nous fallait choisir. Cela dit, nous n'allons pas lui donner carte blanche. Son premier défi sera la formation d'un gouvernement de compétences... Nous le surveillerons également par rapport à son degré de respect de la feuille de route, à son engagement dans la révision des nominations et, éventuellement, dans la reconsidération du projet de budget de 2014, car il en a juridiquement le droit. Au final, je crois que cette période est une période de « oui, mais », et non pas de «non, mais». - Seriez-vous choquée si un certain nombre de ministres actuels faisaient partie du nouveau gouvernement? Je crois savoir que des ministres seront reconduits : il s'agit des ministres indépendants bien sûr, ceux notamment qui détiennent des postes sensibles ou qui sont relativement compétents. Nous estimons que le ministre de l'Intérieur doit être maintenu, car il jouit de la confiance des syndicats et puis la situation sécuritaire du pays requiert une connaissance des rouages du ministère. Le ministre des Télécommunications n'est pas mauvais non plus, personne ne s'en est plaint. En revanche, les ministres de la Justice, des Transports, de la Santé, du Commerce, ainsi que tous les ministres du CPR qui se sont illustrés par leur incompétence doivent partir, tout comme d'ailleurs les ministres d'Ennahdha. - Que pensez-vous de l'initiative des jeunes compétences qui proposent déjà leurs services au nouveau chef du gouvernement ? Ont-ils une chance avec Mehdi Jomâa ? C'est une initiative courageuse, innovante et positive, d'une jeunesse tunisienne qui continue d'être exclue. Mehdi Jomâa a promis de rajeunir l'équipe. Il fera peut-être appel à de jeunes compétences, mais je ne pense pas qu'il va éplucher les curriculum vitae envoyés spontanément par les jeunes. Faire le tri dans ces CV demandera du temps que, malheureusement, nous n'avons plus.