Mongi Rahoui menacé de mort « Dans une déclaration radiophonique, Cheikh Habib Ellouz, me qualifie d'ennemi de l'Islam et demande au peuple tunisien de prendre les mesures adéquates. Suite à cela il y a eu des menaces d'assassinat dans les 48h à mon encontre ! Combien de temps encore faut-il que le sang coule pour revenir à la raison ? Aujourd'hui ma femme n'est pas à la maison, mon fils est perturbé en cette période de révision pour ses examens ! Je suis musulman, mon père est musulman, mon grand-père est musulman ! Je n'attends pas que le cheikh des menteurs me le certifie ! ». C'est avec beaucoup d'émotion que le constituant du Front populaire Mongi Rahoui a répondu hier en pleine séance aux déclarations du constituant nahdhaoui Habib Elouz sur les ondes d'une radio privée. Gardant en mémoire les tragiques assassinats de Mohamed Brahmi et Chokri Belaid, les constituants de l'opposition se retirent en larmes. Ennahdha contre Ellouz Le parti islamiste n'arrive vraisemblablement pas à maîtriser ses membres, surtout parmi ses éléments les plus jusqu'au-boutistes. Suite aux dangereux propos d'un de leurs constituants, Sahbi Atig, président du groupe parlementaire d'Ennahdha et Zied Laâdhari, porte-parole du parti, ainsi que la constituante Yamina Zoghlami, se sont désolidarisés tout de suite de leur collègue. « Ces propos n'engagent pas le parti Ennahdha parce que ceux qui les disent, ne le représentent pas », tente de rassurer Sahbi Atig. Le porte-parole du parti, lui, qualifie de « condamnables » les déclarations tenues par Habib Ellouz. « Le cheikh Ellouz doit assumer ses responsabilités », renchérit de son côté Yamina Zoghlami. Le député indépendant Naceur Brahmi dénonce, pour sa part, « le commerce de la religion et l'utilisation des sentiments religieux ». « Nous ne pouvons plus continuer de travailler avec un parti qui ment, en nous faisant croire qu'il défend l'Etat civil. Nous devons trancher une fois pour toutes, il nous faut séparer définitivement la religion de l'Etat », dit-il. « Mes propos ont été sortis de leur contexte », se défend au départ l'intéressé. Mais sous la pression de l'opposition et de ses collègues, Habib Ellouz récite des excuses, sans véritable conviction et en utilisant des termes qui prêtent à confusion. « Je ne suis pas habilité à étiqueter les gens de mécréance, il y a des oulémas de la religion qui sont habilités à le faire. Je m'excuse si mes propos ont offensé le constituant en question. Mes propos ont été tenus sous le coup de la colère. Et je souhaite que l'on dépasse ce malentendu », dit-il à la reprise de la séance. Un bien pour un mal ? Le constituant de l'Alliance démocratique, Mehdi Ben Gharbia, de son côté, demande au nom des constituants de l'opposition, à ce que l'article 6 soit encore une fois révisé. L'objectif est d'y intégrer « la criminalisation des accusations de mécréance et de toute forme de violence », un amendement proposé par la constituante CPR, Souhir Dardouri. Il demande également à ce qu'une enquête sur l'incident soit ouverte par la présidence de l'ANC. Suite à une deuxième levée de séance, les présidents des groupes parlementaires se sont réunis, pour essayer de trouver un consensus autour de l'article 6 de la Constitution. Un bien pour un mal ? L'incident permettra-t-il de constitutionnaliser la criminalisation des propos haineux et violents ? Ennahdha serait d'accord, mais à la seule condition qu'il y ait, de la même manière, une « criminalisation de l'atteinte au sacré ».