La rue interfère dans la formation de nos enfants et l'école demeure incapable de fournir le cadre adéquat à leur épanouissement. On demande trop à l'école. On exige qu'elle dispense aux jeunes le savoir (toutes les connaissances, le savoir-faire, le savoir-être). On lui demande, aussi, de donner la formation civique adéquate aux différentes générations et d'assurer l'autosuffisance en cadres de demain. Selon les textes officiels publiés dans ce sens, on peut retrouver cette recherche multidimensionnelle dont les objectifs sont si divers que l'on se met à s'interroger si l'école est vraiment capable de relever tous les défis qu'on lui a assignés. La loi d'orientation de 2002 modifiée en 2008 attribue à l'institution scolaire trois fonctions fondamentales : l'éducation, l'instruction et la qualification. La mise en œuvre de cette réforme éducative n'a pas été aisée. On s'aperçoit que le concours d'autres parties est utile. C'est le cas pour la famille et la société dans son ensemble. Mais on a vu, également, que l'élève lui-même doit être impliqué. La rue : un espace convoité C'est elle qui est au «centre de l'action éducative» et la première bénéficiaire. Or, les résultats d'une décennie d'application de cette réforme montrent, sinon un échec, du moins des insuffisances. Certes, l'école ne peut pas remplacer les parents ou les autres institutions. La part de la rue reste prépondérante. Chacun de nous peut le constater : nos jeunes passent plus de temps à l'école et dans la rue qu'à la maison. Les collégiens et les lycéens sont les plus concernés. C'est dans ces milieux qu'ils se forment et qu'ils forment leur première vision du monde et des gens. Cette vision peut être juste ou non. En tout cas, la personnalité de nos enfants n'est pas, totalement, façonnée dans l'environnement familial. C'est, justement, ce que déclarent beaucoup de parents lorsqu'ils reconnaissent que leurs enfants leur échappent. Des fois, ils n'en croient pas leurs oreilles quand on leur apprend que leur fils ou leur fille a des problèmes de conduite ou de discipline. L'échec scolaire vient s'ajouter à cette situation rendant l'issue improbable. Alors, la question se pose : que faut-il faire? Qui peut aider les parents à s'en sortir? Comment l'école, surtout, doit-elle réagir en coopération avec les parents et ce qu'on appelle le tissu associatif? La solution dans le rythme scolaire En réalité, pour les parents, le choix est très limité. Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est d'essayer de mieux encadrer leurs enfants et d'être encore plus à leur écoute. La part belle devrait, aussi, revenir à l'école. Celle-ci essaye autant que faire se peut de s'acquitter de sa lourde tâche avec plus ou moins de réussite. Des expériences sont tentées ici et là avec des initiatives plus ou moins originales. Mais ce n'est qu'une goutte dans l'océan. La politique d'animation culturelle, sociale et sportive a montré ses limites. Il est vrai que les clubs s'activent dans les établissements sans trop inciter les élèves. Une certaine routine les rend peu attractifs. Il faudrait rénover un peu pour toucher le maximum de gens de l'intérieur et de l'extérieur. Les activités qui se déroulent dans certains clubs s'apparentent souvent à des cours. C'est ce que l'élève ne préfère pas. Il s'attend à une autre approche et à une plus grande dynamique. L'intéressé cherche, à travers ces activités périscolaires, à acquérir un «plus» en même temps qu'il se cultive et se forme. Dans sa forme actuelle, la vie scolaire ne peut pas donner les résultats qu'on est en droit d'attendre. Parmi les principes de l'organisation de cette vie scolaire, les textes officiels insistent sur le fait que l'on peut disposer d'un «cadre approprié pour le développement de la personnalité de l'élève et de ses dons, pour l'exercice du vivre-ensemble et pour le développement des relations éducatives entre les apprenants et le reste des membres de la communauté éducative». Ainsi donc, cette activité scolaire reste confinée dans un rôle qui en fait un simple prolongement des apprentissages dans les classes. Tout au plus, veut-elle offrir des espaces à ces diverses activités inscrites aux programmes. En fin de compte, ce n'est pas tant ce qui est programmé qui est mis en cause mais c'est son application et sa mise en œuvre dans la réalité. La question des activités périscolaires est d'une très grande actualité. Les connaisseurs l'ont dit et soutenu. Pour que cette politique soit plus efficace, elle doit se faire dans le cadre d'une révision du rythme scolaire. Aujourd'hui, on se contente d'organiser des séances d'activités culturelles, sportives ou autres au cours des après-midis de vendredi ou samedi. Avec le volume horaire consacré hebdomadairement aux cours, les élèves ne sont pas tous capables de s'investir pleinement dans ces activités. D'autres ont des cours de rattrapage ou de soutien auxquels ils doivent assister. Cela les pousse naturellement à négliger ces occupations. En définitive, ce n'est pas autant l'absence d'activités qui est mise à l'index que leur exploitation plus judicieuse.