La polémique juridico-politique ne fait, en réalité, que commencer Hier soir, Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'Intérieur, a rassemblé les journalistes pour leur annoncer que Kamel Gadhgadhi, l'assassin de Chokri Belaïd, est tombé sous les balles des forces de sécurité, à l'épilogue de l'opération sécuritaire lancée lundi à 15h00 contre une villa située à Raoued-Plage où se sont barricadés sept terroristes parmi les plus dangereux recherchés depuis l'assassinat, le 6 février 2013, du leader du Parti des patriotes démocrates unifié (Ppdu). «Nos forces ont réussi à éliminer les sept terroristes. Quatre ont été identifiés. Il s'agit de Kamel Gadhgadhi, assassin de Chokri Belaïd et égorgeur des soldats à Jebel Chaâmbi, Mohamed Naceur Dridi, Haykel Badr (ayant des rapports avec Boubaker Al Hakim encore en fuite) et Alaeddine Najahi (compromis dans l'opération d'égorgement des soldats tunisiens à Jebel Chaâmbi). Quant aux trois autres terroristes tués, on n'est pas encore parvenu à déterminer leur identité», a notamment souligné Mohamed Ali Laroui, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Présentant une séquence vidéo de sept minutes comportant essentiellement des photos des terroristes abattus par les forces de sécurité ainsi que le minage de la villa où ils s'étaient retranchés, il est revenu, en détail, sur les péripéties ayant entouré l'opération sécuritaire qui a démarré lundi 3 février «à 15 heures pour être clôturée hier à 13 heures, en présence du représentant du ministère public». Pouvait-on arrêter les terroristes vivants ? A cette question, Laroui est tranchant : «Nous avons entamé des négociations avec les terroristes en vue de les convaincre de se rendre. Ils ont refusé et ont essayé à deux reprises de se faire exploser en tentant de s'approcher des forces de sécurité. En contrepartie, le sergent de la brigade spéciale de la Garde nationale Atef Jabri est tombé sous les balles des terroristes alors que deux autres agents des forces de sécurité ont été blessés». 600 kg de TNT Les forces de l'ordre ont saisi, après avoir fait irruption dans la villa minée par les terroristes, les armes suivantes : – 3 kalachnikovs, outre une grande quantité de munitions. – 600 kg de TNT – Une quantité de câbles – Un fusil de type Steyr dérobé aux soldats tunisiens égorgés à Jebel Châambi. Et Mohamed Ali Laroui de répondre aux questions des journalistes en précisant : «Nous n'avons pas de problème avec les salafistes. Nous recherchons uniquement ceux qui ont levé les armes contre l'Etat. Nous avons réussi à faire échouer une opération terroriste de grande envergure. Seulement, nous n'avons jamais prétendu que notre action sécuritaire est réussie à 100%. D'ailleurs, il n'y a dans le monde personne qui prétend avoir éradiqué le terrorisme à 100%. Le dossier du terrorisme n'est jamais clos et nous allons poursuivre notre lutte contre les terroristes». Il est à préciser que le sergent Atef Jabri tué par les terroristes sera inhumé aujourd'hui en présence des hauts responsables des forces de sécurité. L'on se demande maintenant après l'élimination de Kamel Gadhgadhi, considéré comme l'assassin de Chokri Belaïd, si l'affaire de ce dernier est classée. Une autre interrogation : la disparition de Gadhgadhi empêchera-t-elle la justice de savoir qui a donné l'ordre d'assassiner Belaïd ? La polémique juridico-politique ne fait, en réalité, que commencer. Chiffres révélateurs Dressant le bilan de l'action menée par le ministère de l'Intérieur au cours, de l'année 2013, Lotfi Ben Jeddou a révélé : «Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Personne n'a le droit d'accuser les forces de sécurité d'avoir échoué dans leur mission de traque quotidienne des terroristes, de la contrebande et des Tunisiens empêchés de rejoindre la Syrie. Les statistiques montrent, en effet, que 1.343 terroristes ont été arrêtés et remis à la justice, 293 contrebandiers sont actuellement en prison et que plus de 8.000 Tunisiens ont été empêchés de se rendre en Syrie». «D'autre part, ajoute-t-il, nous avons saisi 246 kalachnikovs, 113 fusils, 217 bombes, 520 mines et 270 obus».