Intellectuels-égoïstes et incultes-généreux s'affrontent et nous démontrent que, vraiment, nous n'avons pas tous les mêmes valeurs Lundi soir, le rideau du Théâtre de la ville de Tunis s'est levé sur le décor classique d'un intérieur bourgeois, où se sont tissés les fils d'une comédie divertissante, relevée par la belle prestation des acteurs Arnaud Cermolacce, Mathilde Bourbin, Jacques Huynh, Elisabeth Fremondière, Virginie Molina et Anthony Marty. En habit de camouflage, un homme déambule sur le devant de la scène armé d'un pulvérisateur. Il arrose les plantes du jardin, puis rejoint sur scène une jeune femme en pyjama. Marie-Sophie est à bout : à 5h00 du matin, Pierre-Louis, son mari, sillonne le jardin pour arroser les plantes en cachette, avant que la chaleur ne l'interdise durant la journée. Ainsi commence Grosse Chaleur, pièce de l'animateur de télévision et humoriste satirique français Laurent Ruquier, dont la création remonte déjà à 2004. Elle avait été montée pour la première fois au Théâtre de la Renaissance à Paris. La mise en scène est signée par le réalisateur et metteur en scène français Patrice Leconte. La pièce raconte l'histoire d'un couple de Parisiens cultivés et un peu snobs, en vacances dans le Lubéron avec le fils et la belle-mère. Alors que Pierre-Louis, le mari, essaie de profiter au mieux de ses derniers jours de détente, l'arrivée de Mireille et Paul, la belle-demi-sœur et son mari, vient bousculer une quiétude difficilement acquise. Le couple invité, propriétaire d'un magasin de farces et attrapes, est bien décidé à pimenter l'ambiance. Au fil du séjour, intellectuels-égoïstes et incultes-généreux s'affrontent et nous démontrent que, vraiment, nous n'avons pas tous les mêmes valeurs. Dès lors, vont se succéder des retournements de situations, des bouleversements familiaux et des face-à-face comiques et divertissants. Cependant, le tableau final s'achève sur une note assez dramatique avec l'annonce de la mort de la grand-mère, abandonnée de son fils à Paris, où elle a succombé à la canicule. Il s'agit là de dénoncer l'égoïsme et l'ingratitude de certains petits-bourgeois qui, pour mieux profiter de leurs vacances, ne se soucient nullement du reste du monde, même pas de leur propre progéniture. Grâce à l'humour et à la performance des protagonistes, à leur maîtrise et à leur charisme, Grosse Chaleur a pu apporter beaucoup de chaleur à la Bonbonnière, ce soir-là, où le froid dehors continue de régner en maître absolu.