En Tunisie, le développement du haut débit fixe à des prix élevés s'explique par l'introduction tardive des services 3G (en 2010) qui demeure encore limitée La Banque mondiale vient de publier un rapport sur les réseaux à haut débit dans la région MENA qui constituent un élément essentiel à la réalisation de «la transition vers une économie fondée sur le savoir». Ces réseaux, désormais indispensables pour le développement d'une économie durable, contribuent à la création d'emplois, à la lutte contre la pauvreté et à l'intégration dans le système commercial international. Le rapport de la BM identifie les principales entraves à la croissance de ce secteur stratégique, les options de son développement et sa généralisation dans la région MENA. De même, l'étude met l'accent sur les actions de la politique sectorielle au niveau de l'offre et de l'infrastructure ainsi que les mesures susceptibles de «stimuler la demande du haut débit qui n'y sont que peu abordées». En effet, 11 pays de la région MENA disposent déjà de stratégies nationales et témoignent d'une volonté ferme de concrétiser «des objectifs en termes de pénétration du haut débit ou de couverture. Ces objectifs peuvent différer d'un pays à l'autre en raison de l'état de l'infrastructure, du revenu disponible de la population et de la situation des finances publiques». Sur un autre plan, dans les pays de la région MENA, les prix du haut débit fixe représentent 3,6% du revenu mensuel moyen par habitant, alors que les prix du haut débit mobile se situent à 7,7% de ce même revenu. «Djibouti, la Syrie et le Yémen sont significativement au-dessus du niveau des 5%. D'autres pays comme l'Algérie, Egypte, Libye, Maroc et Tunisie ont atteint ce niveau qui rend possible le décollage rapide du haut débit». En Tunisie, les 20% les plus pauvres de la population devraient consacrer plus de 40% de leur revenu disponible pour s'offrir le haut débit, fixe ou mobile. En phase d'émergence Le rapport montre que la plupart des marchés du haut débit fixe dans la région MENA sont encore en phase d'émergence. En effet, en 2012, les taux de pénétration du haut débit fixe n'ont pas dépassé les 25% dans plus de la moitié des pays de la région, un seul pays étant au-delà de 70%. Cette faiblesse est due essentiellement au manque d'infrastructure, à l'absence de la concurrence et l'augmentation des prix des services. En Tunisie, le développement du haut débit fixe à des prix élevés s'explique par l'introduction tardive des services 3G (en 2010) qui demeure encore limitée. Contrairement aux marchés du haut débit fixe, ceux du haut débit mobile sont plus développés dans les pays de la région MENA, dont le taux de pénétration a dépassé 25%. Le rapport publie également les principaux obstacles au développement des réseaux haut débit dues notamment à l'insuffisance de la concurrence et l'absence d'une réglementation en vigueur pour l'accès ouvert au réseau, qui «posent d'importantes contraintes à l'exploitation efficace de la connectivité régionale et internationale dans plusieurs pays de la région MENA. Les pays désireux de remédier à ces contraintes seront appelés à prendre des mesures relatives à l'encouragement de la concurrence en infrastructure, au développement de nouveaux modèles d'offre d'infrastructure, la mise en œuvre de mesures pour diminuer les coûts de déploiement de l'infrastructure et la réponse aux besoins dans les zones non desservies du pays». En termes de structure de marché, «le gouvernement tunisien est obligé, de par la loi, de s'inscrire dans un processus d'appel d'offres concurrentiel, chaque fois qu'il décide d'octroyer une nouvelle licence de télécommunication. Dans un environnement entièrement concurrentiel, c'est le marché et non pas le gouvernement, qui décide du nombre des opérateurs», souligne le rapport. Concernant les nouveaux modèles d'offre d'infrastructure sont considérés, aussi bien pour les zones concurrentielles que celles les plus éloignées, «peu attrayantes économiquement pour les opérateurs de télécommunication. Ces nouvelles formes d'offre concernent la mise en place de nouveaux modèles pour l'infrastructure active/passive, l'assouplissement des réglementations pour les réseaux aériens, la mise à jour du statut de fournisseurs de services Internet et l'encouragement des modèles impliquant les promoteurs immobiliers». C'est dire que le partage d'infrastructure est important pour les marchés émergents de la région MENA «en raison de la pression démographique que connaît la région. Ce partage permet aux opérateurs d'éviter des procédures de construction, longues et coûteuses et d'exploiter l'infrastructure déjà mise en place ou déployée ensemble, afin d'installer leurs réseaux plus rapidement et à moindre coût». Mesures de stimulation Eu égard à la fracture sociale numérique observée dans les zones rurales éloignées des pays de la région MENA, la BM suggère de «penser à une combinaison des politiques, au niveau de l'offre et de la demande. Les mesures pour stimuler l'offre portent sur l'inclusion des obligations de couverture dans les licences des opérateurs de télécommunication, l'utilisation des subventions publiques pour le déploiement de réseaux à haut débit dans les zones rurales et l'exploration de toutes options technologiques comme le haut débit par satellite...» Pour faire face à l'écart de compétitivité et d'intégration commerciale qui les sépare des autres pays avancés, ceux de la région MENA doivent veiller au développement d'une infrastructure Internet à haut débit peu coûteuse, outre la création d'un cadre compétitif dynamique où les opérateurs du haut débit pourraient répondre à la demande croissante des jeunes. L'objectif étant d'augmenter la production et l'exploitation de contenus numériques dans la région, rendant le savoir et les connaissances accessibles.