Notre collègue a été agressé à Soliman, dimanche dernier, deux mois et demi après le cambriolage de sa maison L'incident s'est passé le soir, peu avant 20h00, devant un hôtel à Soliman (gouvernorat de Nabeul). Le journaliste était en compagnie de son frère et de deux amis. Un inconnu les a abordés et s'est présenté comme étant le fils d'un militant d'Ennahdha, qui avait auparavant écopé trois ans de prison. Il a ensuite commencé par « provoquer » Soufiane Ben Farhat et s'est mis à le menacer : « Vous, les journalistes, et en particulier toi, Soufiane Ben Farhat, vous avez tout fait pour destituer Ali Laârayedh. Ali Laârayedh va revenir, et toi tu vas voir ce qu'on va faire de toi », a-t-il lancé au journaliste. L'inconnu a également accusé Soufiane Ben Farhat d'avoir tué Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, et de faire partie des sbires de Kamel Letaïef. Par la suite, trois individus, âgés de 25 à 35 ans, sont descendus d'une voiture garée sur le parking et ont attaqué Soufiane et ses amis à coups de gourdin. « C'étaient des moments d'une violence extrême. J'ai craint le pire, j'ai pensé à mes enfants », a déclaré Soufiane. Le calvaire a duré près de 10 minutes. Les agresseurs, qui se revendiquent du mouvement Ennahdha, avaient prévu d'appeler du renfort. Mais les quatre victimes ont pu appeler la police. Seul Soufiane Ben Farhat a dû être transféré à l'hôpital : « Je souffre de quelques blessures surtout au niveau de la jambe, et j'ai une côte qui a subi des traumatismes assez graves. Je dois faire une radio. Je ne peux pas marcher », assure notre collègue à qui on a prescrit 15 jours de convalescence. Les victimes ont déposé une plainte le soir même de l'agression. « Nous avions noté le numéro de la plaque minéralogique de la voiture, et on a déjà un nom. Il y a aussi un témoin, le gardien de l'hôtel, qui connaît visiblement ces gens-là. L'un d'eux a été arrêté et écroué, les autres sont toujours en état de fuite », a-t-il révélé. Terreur Pourtant, Soufiane Ben Farhat bénéficie d'une garde rapprochée depuis plusieurs mois et c'est la deuxième fois en l'espace de quelques semaines qu'il est victime d'un incident. Au mois de novembre dernier, sa maison a été cambriolée, après que le dispositif de surveillance a été neutralisé par les voleurs. Dimanche dernier, les policiers ne seraient pas venus faire leur ronde habituelle autour de la maison. « Je suis étonné par le peu de diligence dans ma protection. Ce matin (Ndlr, lundi), la famille de l'agresseur arrêté est venue devant la maison pour clamer l'innocence de son fils. J'ai téléphoné aux policiers et leur ai demandé où est-ce qu'ils étaient à ce moment-là. On m'a répondu que la ronde avait été faite à 5h30 du matin », s'indigne-t-il. Ces incidents répétés sont difficiles à vivre pour le journaliste et sa famille : «Je vis dans un véritable climat de terreur, j'ai peur pour mes quatre enfants et ma femme. Je ne suis pas sécurisé. Même devant chez moi, je suis bastonné en toute impunité », assène-t-il. Pour Soufiane Ben Farhat, cette agression est une nouvelle tentative « de faire taire les voix libres » par la force et la violence. Le Syndicat des journalistes, le Centre tunisien de la liberté de la presse et la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme ont réagi à la suite de l'agression. Il est à noter qu'aucun responsable d'Ennahdha n'a, pour l'heure, contacté le journaliste.