Prévue dans la feuille de route du Quartet, la création de la commission de soutien et de supervision de l'action gouvernementale semble remise aux calendes grecques Aujourd'hui que la machine gouvernementale issue du processus du Dialogue national commence à fonctionner avec la mise à l'écart, lundi 10 février, par Mehdi Jomâa, de 9 conseillers et de 8 chargés de mission dans le cadre de ce qu'il appelle la recomposition de son cabinet, l'on se demande si la commission de soutien et de supervision de l'action gouvernementale prévue dans la feuille de route va voir, enfin, le jour. Hassine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt, ne cesse de préciser, dans ses multiples déclarations, que le Dialogue national va se poursuivre et que la commission en question sera formée en vue d'accomplir la mission qui lui est spécifiée dans la feuille de route. Seulement, Abassi ne précise pas la date à laquelle la commission sera constituée. Dans l'attente de cette date, plusieurs voix se sont élevées pour proposer que la commission englobe uniquement les partis signataires de la feuille de route considérés comme les plus influents sur la scène politique nationale avec la possibilité de son élargissement à certaines personnalités nationales et à des experts. En d'autres termes, la commission de soutien et de supervision de l'action gouvernementale serait composée des partis suivants: Ennahdha, l'Alliance démocratique, Nida Tounès, le Front populaire et Al Joumhouri. Les autres partis dits «petits partis», à l'instar d'Al Amen, du Parti populaire progressiste ou d'Al Moubadara, seraient, ainsi, écartés bien qu'ayant participé à l'ensemble du processus du Dialogue national ayant abouti à la formation du gouvernement Jomâa et à l'adoption de la Constitution du 27 janvier 2014. Le dernier mot revient au Dialogue Contacté par La Presse pour en savoir plus, Ali Zeddini, vice-président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (Ltdh), précise : «La réunion du Quartet avec les partis politiques signataires de la feuille de route en vue de la constitution de la commission de soutien et de supervision de l'action gouvernementale se tiendra au cours de cette semaine. Rien n'a été décidé pour le moment quant à l'éventualité de limiter la formation de la commission aux partis considérés comme les plus influents sur la scène nationale. En tout état de cause, le dernier mot reviendra au Dialogue national et toute proposition est bonne à être discutée. Ce qui est certain, c'est que la commission de soutien et de supervision sera constituée et le Dialogue national se poursuivra, comme l'a indiqué Hassine Abassi, et le Quartet interviendra à chaque fois que le gouvernement Jomâa se trouvera confronté à un problème quelconque». Pour Hichem Hosni, président du Parti populaire progressiste (PPP), l'un des signataires de la feuille de route, «il n'existe pas de critères objectifs pour déterminer les partis les plus influents ou ayant une importante présence sur la scène nationale. Tout au long du processus du Dialogue national, tous les partis ont été traités sur un pied d'égalité et personne n'a évoqué la représentativité d'un parti quelconque au sein de l'Assemblée nationale constituante». «Si aujourd'hui, ajoute-t-il, certains veulent opter pour ce critère en vue de choisir les membres de la commission de soutien et de supervision, on pourrait se retrouver avec un seul parti politique, plus précisément Ennahdha, ayant une représentativité acceptable au sein de l'hémicycle du Bardo. Quant aux autres partis dits partis influents, tout le monde sait comment ils ont agi pour recruter des constituants élus le 23 octobre 2011 sur d'autres listes». Qu'attend-il de la prochaine réunion du Quartet avec les partis politiques ? «Jusqu'à aujourd'hui, nous ne savons pas quand cette rencontre va avoir lieu. Cependant, nous estimons au Parti populaire progressiste qu'elle devrait examiner les deux points suivants : le suivi de l'engagement par Mehdi Jomâa à respecter la feuille de route, plus particulièrement pour ce qui est de la révision des nominations d'une part et l'examen, d'autre part, de la future loi électorale dans le sens de prendre une position finale sur la concomitance ou non des élections présidentielle et législatives», confie-t-il. Pourquoi pas des personnalités indépendantes ! La position de Lazhar Baly, président du parti El Amen, est encore plus tranchante : «Ceux qui cherchent à nous exclure oublient le rôle déterminant que nous avons joué pour que le Dialogue national aboutisse. Les participants au processus peuvent témoigner de l'importance de notre contribution à la formation du gouvernement Jomâa». Et Lazhar Baly de menacer : «Au cas où la proposition de réduire la commission de soutien et de supervision aux partis qu'ils qualifient de partis influents est retenue, El Amen se retirerait du Dialogue national». Quant au recours aux personnalités nationales et aux experts, «nous n'y voyons pas d'inconvénient, puisque nous avons toujours besoin de leur expérience et de leur savoir-faire», conclut-il. Du côté de Nida Tounes, Lazhar Akremi membre du comité directeur, indique que «l'essentiel est la mise en application de la feuille de route. Aujourd'hui que les processus gouvernemental et constituant ont été finalisés, tout ce qui reste peut être l'objet de consensus ou d'accord en prenant en considération l'intérêt du pays». Il va encore plus loin en soulignant : «La commission de soutien et de supervision pourrait être constituée totalement de personnalités indépendantes au cas où les intérêts du pays l'exigeraient».