Des offres d'emplois insuffisantes pour les jeunes qualifiés et des prétentions salariales trop élevées Une étude sur «la modélisation et l'analyse du système de production de la Tunisie », publiée hier, a révélé un déficit de flexibilité du secteur industriel tunisien ainsi qu'un accroissement de la productivité agrégée des entreprises tunisiennes plutôt de taille moyenne. L'étude réalisée conjointement par l'Itceq (Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives), le Defi (Centre de recherche sur le développement économique et la finance internationale) et la BAD (Banque africaine de développement) a également souligné l'inadéquation entre la formation de la main-d'œuvre et le marché de l'emploi dans certains secteurs. La nouvelle publication a passé au crible «les principaux obstacles qui entravent l'amélioration de la compétitivité de l'économie tunisienne ». Elle a permis, selon le résumé de l'étude publié en langue française, «d'identifier plusieurs enjeux de taille en la matière». Ainsi, selon l'étude, «dans tous les secteurs, le travail d'une main-d'œuvre non qualifiée et celui des diplômés sont substituables, «ce qui ne devrait pas être le cas». En fait, ajoute l'étude, «cela traduit les tensions existantes sur le marché du travail, où se confrontent des offres d'emplois insuffisantes pour les jeunes qualifiés et des prétentions salariales trop élevées de la part des jeunes diplômés, au vu de la structure économique actuelle». Dans les secteurs à forte intensité de main-d'œuvre (textile, hôtellerie), en particulier, l'inadéquation entre la formation et les besoins du secteur explique que la demande en diplômés soit faible aux salaires désirés. L'étude met, en outre, en évidence le peu de flexibilité du secteur industriel à s'adapter aux chocs. « Les simulations effectuées montrent que les secteurs industriels tunisiens se caractérisent par une rigidité assez forte dans l'ajustement des facteurs de production (travail et capital) ». L'adaptation aux chocs survenus sur la demande ou les coûts nécessite « généralement trois à quatre ans ». Elle révèle, toutefois, que la productivité agrégée des entreprises tunisiennes « s'est fortement accrue » gagnant 25 % entre 1997 et 2006, notamment au niveau de 7 industries (agro-alimentaire, cuir et chaussures, bois, papier et imprimerie, matériaux non métalliques, matériaux métalliques, équipements électriques et meubles). En revanche, 5 autres secteurs (textile, habillement, chimie et pharmacie, caoutchouc et plastique et automobile) ont vu leur productivité agrégée baisser. Autre révélation de cette étude : « La productivité s'est davantage améliorée dans les entreprises de moyenne taille que dans les grandes entreprises, et dans les entreprises à capitaux tunisiens que dans celles à capitaux étrangers ». Enfin, plusieurs secteurs d'exportation ont été identifiés comme «très sensibles à la demande étrangère », notamment aux variations en prix relatifs. A cet égard, l'étude souligne que l'orientation, donnée actuellement, à la spécialisation, notamment dans des biens moins standardisés et plus spécifiques en termes de qualité, «devrait permettre de réduire la sensibilité de certaines exportations à l'égard des prix relatifs (textile, habillement et cuirs, industries chimiques). Cela devrait orienter la réflexion menée actuellement sur les politiques qui visent à améliorer la compétitivité de ces domaines. L'étude disponible entièrement dans sa version anglaise sous le titre « Modeling and analysis of Tunisia's productive système » est revenue sur une période estimative de 1983 à 2009.