La dégringolade de l'euro, en ces temps de crises, face au dollar, la disparité des performances des Etats membres de la communauté européenne(CE), le risque de contagion de la crise grecque au Portugal, Espagne, Irlande… a éveillé les souvenirs lointains de la polémique relative à l'adoption de la monnaie unique. On se souvient tous de l'Allemagne avec un mark fort favorisant les termes de l'échange (rapport entre prix des exportations et celui des importations) et attrayant pour les capitaux étrangers. On se souvient aussi de quelques devises en dépréciation continue pour favoriser la compétitivité par les prix de leurs exportations. La valeur de l'euro était problématique. L'euro a commencé à 1,18 dollar et a évolué la veille de la crise à 1,60 dollar. L'euro fort et stable était de ce fait la devise préférée des traders. Ces derniers temps, la monnaie unique a enregistré une chute spectaculaire. Bien que bénéfique en contexte de crise, l'euro a été remis en cause après avoir franchi, une première fois «le seuil psychologique» de 1,30 dollar. Au début de cette semaine, un nouveau seuil psychologique est dépassé. Malgré le fait qu'il demeure à des niveaux supérieurs à celui de sa naissance, à 1,196 dollar, l'euro démontre désormais un déséquilibre européen de taille. Des voix s'alarment déjà sur la situation des acteurs de l'euro zone, à savoir les producteurs et les consommateurs de l'euro zone. La compétitivité des firmes de la zone euro En effet, cette dépréciation favorisera une compétitivité par les prix. Les produits européens coûteront ainsi moins chers et donc une appréciation des potentialités d'export. Ces nouvelles issues commerciales stimuleront les appareils productifs du vieux continent et résorberont, ainsi le chômage grâce à une meilleure dynamique sur le marché d'emploi. C'est ainsi que l'Allemagne, deuxième exportateur mondial, a consolidé sa position dans les marchés des pays émergents et, de ce fait, ses exportations ont crû en quantité. Selon les statistiques disponibles, une hausse de plus de 5% a été enregistrée pour l'exportation des produits manufacturiers hors zone européenne. Cet accroissement de production a pour conséquence une stimulation positive de l'offre sur le marché de travail qui a permis de réduire le chômage à un taux record de 7,7%, le taux le plus bas depuis 1992. Mais la réalité se manifeste autrement pour d'autres pays de la zone euro. Les bienfaits de cette tendance sont amortis par l'importance des échanges dans l'espace euro, invariants par rapport au taux de change. Les prix des produits CE renchérit suite à l'accroissement des coûts des matières et des composantes importées. D'où, le ralentissement de l'avantage issu du marché des changes qui se traduit par une augmentation des prix sur le marché domestique. L'inflation est donc imminente sur le continent. Le pouvoir d'achat des citoyens européens Au niveau structurel, le compromis des européens est à voir: un apaisement des tentions sur les marché est ressenti en l'occurrence, mais les 750 milliard d'euros ne seront qu'une tactique à renforcer sur le long terme. Le gonflage de la masse monétaire des pays en difficulté est décidément source de risque d'inflation. Avec les dettes publiques galopantes et des prix des matières premières constamment à la hausse, l'injection de la monnaie en toute économie engendrera vraisemblablement des tensions inflationnistes. Au niveau conjoncturel, outre les produits du vieux continent qui coûteront plus cher suite à la hausse des prix de leurs facteurs constitutifs(matières premières et consommables importées), les consommateurs européens verront leurs pouvoirs d'achat respectifs se dégrader face aux prix des produits provenant de l'extérieur du continent. Cette inflation importée est d'autant plus ressentie avec les mesures drastiques des gouvernements. Il en résulte que suite à l'absence d'une indexation des revenus par rapport aux prix, au gel des salaires… le pouvoir d'achat et le bien-être conséquent du consommateur européen atteindra des niveaux dérisoires. Au niveau comportemental, le citoyen européen est plutôt préoccupé par le fait que tout est réuni pour ruiner son pouvoir d'achat, alors que cette question de préservation et valorisation du pouvoir d'achat a toujours constitué le point clé de tout programme électoral. A cet égard, seule la rationalité du simple consommateur sera capable d'anéantir ce risque d'inflation. Convaincu de même que la récession demeurera dans le temps, que le licenciement est la tactique première des entreprises, le consommateur diminuera à court terme sa demande en biens et services. Cette baisse de demande à court terme empêchera les prix de flamber et donc un retardement des tendances inflationnistes. Ainsi, c'est ce citoyen qui épargne pour éviter le déficit, et qui consomme à concurrence de son budget, qui donne l'exemple aux Etats. Cet équilibre à court terme doit nécessairement se conjuguer par des réformes plus importantes au niveau des politiques budgétaires des Etats membres et d'une gouvernance plus institutionnalisée de la communauté européenne.