La question du reclassement, principal point de discorde entre les grévistes et la Transtu Un groupe de conducteurs de métro a poursuivi, hier, la grève spontanée, entamée depuis la fin de la semaine dernière. Excédés que leurs revendications soient restées lettre morte, ces derniers veulent à tout prix mettre la pression sur la société des transports de Tunis (Transtu). En effet, les négociations engagées avec la société sont toujours au point mort, malgré les grèves observées au cours des derniers mois. Or, un certain nombre de points relatifs au travail des agents de métro doivent faire l'objet d'une révision. En premier lieu: la réglementation en vigueur. Ces conducteurs jugent que les dispositions et les textes réglementaires qui régissent la profession et qui relèvent du code de la route sont inadaptées à la nature de leur métier. Dans la mesure où ils conduisent des rames de métro, il faudrait, selon eux, concevoir une nouvelle réglementation spécifique au réseau du métro léger ou appliquer tout simplement le code du chemin de fer, plutôt que le code de la route, prévu pour les véhicules. A la station de métros de Tunis-Marine, les usagers s'impatientaient hier, en attendant leur ligne habituelle. Certains fixaient au loin l'horizon dans l'espoir de voir une rame de métro surgir. En vain, la plupart des rames ont été maintenues de force à l'arrêt. Conduits par des contrôleurs, des agents travaillant à la direction technique de la Transtu, seuls quelques métros ont assuré la desserte des lignes. Rencontrés sur place, des conducteurs en grève sont revenus sur les points de discorde, évoquant notamment la réglementation et l'amélioration du déroulement de carrière ainsi que la question des promotions internes et celle du reclassement. Exerçant depuis plus de six ans, ces derniers veulent bénéficier d'une promotion et passer à la catégorie supérieure. « Beaucoup de choses doivent changer, a observé l'un des conducteurs de métro, l'air courroucé. Je ne comprends pas pourquoi notre statut est régi par les textes réglementaires relevant du code de la route alors que nous sommes des conducteurs de métro. Nous circulons sur des rails et non sur la voie publique. Un autre point nous préoccupe, celui de notre classement au sein de la société. Nous voulons bénéficier d'un reclassement. Chaque trois ans, il y a ce qu'on appelle un changement de catégorie. On passe de la catégorie inférieure à la catégorie en dessus. Nous sommes pour le moment classés à la catégorie 7 qui correspond à la plus basse catégorie dans le classement professionnel. Or, nous avons des collègues qui ont la même ancienneté que nous et qui ont bénéficié d'une promotion en passant à la catégorie supérieure. Pourtant, ils ont un niveau inférieur au nôtre. Pour quelqu'un qui a comme moi six ans d'ancienneté, je devrais, aujourd'hui, être classé à la catégorie 9 ». A la Transtu, l'avis est unanime : ces revendications relèvent de l'ordre de l'irrationnel. Pour de nombreuses raisons. Selon le directeur de la communication de la société, les conducteurs de métro doivent être obligatoirement soumis à la réglementation relevant du code de la route afin d'imposer le respect de la signalétique routière et de limiter les accidents de la voie publique. « Les rames de métro traversent les axes routiers, les passages piétons, croisent des automobiles..., explique le responsable. Ils doivent, par conséquent, respecter le code de la route. Or, les conducteurs de métro veulent que leur statut soit régi par la réglementation du code des chemins de fer. Or, ce code donne la priorité absolue aux conducteurs des trains. A titre d'exemple, si un train percute une personne, c'est la personne qui est fautive et non le conducteur de train. Ce code ne peut être appliqué pour les conducteurs de métro, car son application dans le cas échéant ouvrirait la voie à tous les dépassements. S'arrogeant le droit de priorité, les conducteurs de métro ne respecteront plus la signalétique routière. Bonjour les accidents ! » Quant au passage d'une catégorie professionnelle à une autre, contrairement à ce que pensent les conducteurs, il ne se fait pas de façon automatique mais sur la base du mérite professionnel et dans la limite des postes disponibles, a relevé, à ce propos, le responsable de la Transtu, ajoutant que « la loi cadre définit les critères du classement et du passage de grade ». En prévision d'une grève ouverte, la Transtu a déjà pris plusieurs dispositions pour permettre aux usagers de se rendre à leur travail et de vaquer à leurs occupations quotidiennes. Seize autobus desserviront les lignes couvertes par les conducteurs de métro.