Ce qui n'a pas été dit Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès, Hamma Hammami, secrétaire général du Parti des travailleurs et porte-parole du Front populaire, ainsi que la veuve du martyr Mohamed Brahmi, présidente du Courant populaire, font l'objet, selon le ministère de l'Intérieur, de menaces de mort. Tous trois ont été avisés, par téléphone, par le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, en personne. L'alerte aurait été donnée, selon des dirigeants de Nida Tounès et du Parti des travailleurs, par des services secrets étrangers. Ces personnalités politiques ciblées sont actuellement sous haute surveillance et leur protection a été renforcée. Pour en savoir plus sur les raisons de ces menaces, leurs tenants et aboutissants ainsi que leur timing, nous avons approché le porte-parole de Nida Tounès, Khemaïs Ksila, et celui du Parti des travailleurs, Jilani Hammami. La parole est à eux. Khemaïs Ksila : «Ces menaces ne feront pas plier Caïd Essebsi» «Ce n'est pas la première fois que Si Béji est la cible de menaces de mort, puisqu'il y a un mois, le juge d'instruction du Tribunal de Tunis l'a convoqué pour lui révéler que de graves menaces pèsent sur sa personne et que sa maison a fait l'objet de repérage de la part d'un individu qui se trouve aujourd'hui en Syrie. Mais probablement que cette fois-ci le danger est monté d'un cran. Mardi dernier, Béji Caïd Essebsi a été informé en personne par Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'Intérieur, qui l'a appelé à limiter ses déplacements et ses activités, notamment lors de la journée du 20 mars, fête de l'Indépendance. Du coup, la protection du président de Nida Tounès a été renforcée. Justement on peut se demander pourquoi Caïd Essebsi est-il particulièrement ciblé ? La réponse est simple : c'est parce qu'il a réussi à créer et instaurer un équilibre politique après les élections du 23 octobre 2011. De plus, le président de Nida Tounès est en pole position dans les sondages, il figure toujours en première place pour les élections présidentielles. Or, ceux qui veulent saboter la transition démocratique croient que sans Essebsi, Nida Tounès chutera dans les sondages et s'écroulera sur l'échiquier politique voire disparaîtra du paysage politique, mais ils ont tout faux. Je pense que derrière ces menaces se trouvent des extrémistes qui ont un agenda national, régional ou international. A ceux-là Nida Tounès répond que Si Béji a eu l'honneur de créer un mouvement qui pourra lui survivre. Notre président ne connaît pas la peur et il l'a dit à maintes reprises : «Celui qui a peur reste chez lui». Ces menaces d'où qu'elle viennent ne le feront pas plier. Nida Tounès appelle l'opinion publique à se rappeler et à être témoin que ces menaces ont été précédées par une scène qui s'est déroulée, il y a quelques mois, dans la rue quand un fonctionnaire du ministère des Affaires religieuses a fait un discours incitant à la haine et appelant à tuer Béji Caïd Essebsi. Mais personne n'avait alors bougé, ni le procureur de la République, ni le ministère de l'Intérieur, ni le gouvernement de la Troïka. Or, je considère, qu'à l'origine, ces menaces répétitives sont dues à l'inertie des responsables des anciens gouvernements de la Troïka qui portent une grande responsabilité morale quant à la prolifération de ce genre de menaces. Jilani Hammami : «Les terroristes veulent prouver qu'ils peuvent encore frapper» «Les menaces contre Hamma Hammami ne sont pas nouvelles puisqu'il en a fait l'objet à plusieurs occasions. Mais cette fois-ci elles semblent étroitement liées aux groupes terroristes et selon les informations en notre possession, ce serait le groupe d'Ansar Echaria qui serait derrière. Le secrétaire général du Parti du travail a été avisé par le ministre de l'Intérieur qui lui a recommandé de prendre davantage de précautions outre que la surveillance autour de son domicile et sa protection rapprochée ont été accentuées. Pourquoi ce timing diriez-vous, c'est que ces groupes pensent que pareilles dates historiques sont importantes et propices pour frapper et attaquer les personnalités qui les dérangent, qui représentent à leurs yeux une source d'inquiétude et qu'ils considèrent comme des ennemis à leur projet de société pour une raison ou une autre, notamment parce qu'ils sont laïcs. S'estimant «les tuteurs» de la religion musulmane, ils accusent d'apostasie qui bon leur semble. Je pense, par ailleurs, qu'ils veulent prouver aux Tunisiens que malgré les coups qu'ils ont récemment reçus de la part des forces de sécurité, ils sont toujours là et peuvent à tout moment frapper par des actes terroristes. Nous avons appris que la veuve du martyr Mohamed Brahmi est également la cible de menaces terroristes, et qu'on lui a même conseillé de changer de domicile alors que sa surveillance a été intensifiée. Mais quoique fassent ces éléments terroristes, Hamma Hammami poursuivra ses activités car ces actes d'intimidation ne peuvent ni l'ébranler ni le perturber, nous n'arrêterons pas les actions et activités de notre parti afin de contribuer à la construction démocratique du pays».