L'Orchestre symphonique scolaire et universitaire tunisien et des jeunes solistes a fait preuve de fougue au Théâtre de la Ville de Tunis. Le public a répondu nombreux à un rendez-vous exceptionnel, mardi dernier, au Théâtre de la Ville de Tunis, avec les jeunes solistes de l'Orchestre symphonique scolaire et universitaire tunisien. Et il a eu raison. La réussite du concert tient à la fois à la personnalité du nouveau chef, Jawher Matmati, que l'on découvrait là pour sa toute première performance, au niveau et à la rigueur des jeunes et même trop jeunes instrumentistes de l'Orchestre symphonique scolaire et universitaire. Lequel orchestre a été créé en 1989 par le musicien et actuel chef d'Orchestre symphonique tunisien, Hafedh Makni. Ne pas se fier aux apparences : derrière sa silhouette frêle et son jeune âge, Jawher Matmati, violoncelliste également à l'Orchestre symphonique tunisien, est déjà un chef : gestique très sobre et sacré meneur d'instruments. Au début du concert, la jubilation et l'enthousiasme avec lesquels le maestro Hafedh Makni et ses instrumentistes s'emparent de l'hymne de l'université, composé par Mohamed Makni, donnent le ton d'une soirée qui se poursuit avec le Te Deum de Marc Antoine Charpentier, sous la baguette du successeur, donc Jawher Matmati. Une relecture enlevée, avec l'esprit et le tact requis : elle montre la souplesse et le dynamisme des phrasés que le chef obtient de ses souffleurs. Il joue à merveille des couleurs des différents pupitres : des extraits des quatre saisons de Antonio Vivaldi : chant des frondaisons, éveil de la nature, chaos des orages, sans omettre la chaude humanité festive. Tout cela respire ici, avec la force d'un dragon, ivre de vitalité, passionné, enchanteur et souverain. Puis vient la Suite pour Orchestre de Tchaïkovski, qui se déploie avec un relief et un lyrisme émouvants. Relief, lyrisme et plaisir du son dans Rondo de Henri Purcell, Capriol suite de P.Warlock et Concerto grosso en Ré mineur de Vivaldi, malgré les légères embrouilles, par moments, au niveau de quelques archets. La surprise de la soirée a occupé toute la seconde partie du concert, avec les solistes Ranim Mekki au qanoun, Selim Aloui à la guitare, Souha Makni et Houda Mestiri au violon et Ahmed Anis Ben Slimane au piano. Les jeunes solistes se sont exprimés avec lyrisme et tendresse, multipliant les traits virtuoses et convoquant un paysage musical d'une ampleur et d'une profondeur saisissantes. Et ce qui frappait d'emblée, c'était la perfection de la mise en place des œuvres qu'ils interprétaient : Bach, Schubert, Ketelbey, Makni, Jamoussi et Jouini, etc. Les interprètes retrouvaient leur fougue et paressaient à l'aise, aussi bien dans les œuvres classiques que dans les œuvres contemporaines. Ils offraient, en duo, ou avec orchestre, une interprétation emportée, enflammée, envoûtante. Hormis la sonorité du premier violon qui pouvait paraître parfois un peu trop acide, il n'y a rien à redire de leur interprétation : on ne pouvait qu'être admiratif de la maturité de ces jeunes musiciens.