Vainqueurs des Yankees, les Blacks Stars rejoignent le Cameroun (1990) et le Sénégal (2002) dans le club prisé des équipes africaines ayant atteint les quarts de finale du Mondial... Soutenu par un public tout acquis à sa cause, le Ghana n'a pas failli à sa mission, se qualifiant aux dépens d'une équipe yankee qui n'a pas démérité. Le Ghana doit aussi sa qualification à deux buteurs, un fils adopté et un enfant prodigue, soit Kevin Prince Boateng et Asamoah Gyan. Le club français de Rennes peut se faire du souci. Son attaquant Gyan crève l'écran. Après ses deux penalties en poules, il a décroché la victoire d'une jolie frappe du gauche, au moment où son équipe craquait. Après des saisons de doutes nés de blessures et de critiques au pays, l'attaquant donne raison à ses admirateurs, comme l'ancien sélectionneur du Ghana Claude Le Roy, qui voyait en lui un «mélange de Drogba et d'Eto'o». Brillant lors de cette Coupe du monde en cours, il avait déçu lors de la Coupe d'Afrique des nations 2008 et avait été sur le point de claquer la porte des «Blacks Stars». Mais une bonne CAN-2010 et une fin de saison aboutie avec Rennes annonçaient ce Mondial. L'autre révélation n'est autre que Boateng. Avec le forfait de Michael Essien, le Ghana avait perdu un guide. Le milieu de 23 ans a repris le flambeau avec culot, intenable en première période et ouvrant le score d'une frappe autoritaire. Le choix du cœur... Quel coup du sélectionneur Milovan Rajevac ! International allemand chez les jeunes, cet enfant de Berlin annonce en juin 2009 qu'il opte pour le Ghana de son père. L'Allemagne tourne le dos au gamin "bling bling" et la défiance se transforme en haine quand son tacle terrible en finale de la Coupe d'Angleterre prive de Mondial le capitaine de la Nationalmannschaft, Michael Ballack. Deux semaines plus tard, à Londres contre la Lettonie, Boateng se trouve une nouvelle "famille". "C'était son premier match et il a joué à un poste qui ne lui est pas familier mais il s'en est sorti: c'est le rôle que je veux lui donner», commente alors Rajevac. Au four et au moulin... Souvent, il suffit d'un match pour faire basculer une carrière. Etats-Unis - Ghana a ainsi pris des allures de charnière dans le parcours professionnel de André Ayew. Lui qui vient sans doute de passer de "Dédé", ce jeune garçon talentueux, fils de la légende Abedi Pelé, à Ayew, le futur patron des Black Stars: "Il a été grand ce soir. Je suis très heureux pour lui", déclarait John Pantsil à l'issue de la rencontre face aux Etats Unis: "Il s'impose petit à petit dans l'équipe. C'est clairement l'un des plus talentueux du groupe. Aujourd'hui, il a prouvé qu'il pouvait tenir le onze sur ses épaules". Au four et au moulin pendant 120 minutes, on a pu le voir à gauche, à droite et même dans l'axe à la sortie de Kevin-Prince Boateng. Avec le culot de ses 20 ans, il n'a cessé de replacer l'expérimenté Stephen Appiah dans les dernières minutes. Point d'orgue de cette partition de grande classe, il est celui qui a lancé Asamoah Gyan pour le 2-1 décisif. D'une merveille de longue ouverture en profondeur, il a mis le meilleur buteur ghanéen sur orbite. En grande partie grâce à lui, le Ghana a, ce soir, rejoint le Cameroun (1990) et le Sénégal (2002) dans l'histoire de la Coupe du monde de la Fifa. Elles sont les seules équipes africaines à avoir atteint un quart de finale. Heureux qui comme Ayew en fin de match. Le meilleur joueur de la rencontre ne cachait pas sa joie: «Cela fait plaisir d'être nommé meilleur joueur d'un match de Coupe du monde à seulement 20 ans, c'est sûr. J'estime avoir fait un bon match, mais pas non plus une performance extraordinaire. Le coach me fait confiance et c'est la moindre des choses que de tout donner pour lui». Seul point noir dans sa prestation au Royal Bafokeng Stadium de Rustenburg, ce carton jaune récolté bêtement et qui le privera du quart de finale face à l'Uruguay: «C'est rageant… Maintenant, j'espère que les collègues se qualifieront pour que je postule à une place dans le onze pour la demi-finale. Là, ce sera un moment historique. Pour l'instant nous n'avons fait que notre boulot». Et Ayew pourra alors prouver qu'il n'est plus seulement ce jeune "Dédé" que les anciens cherchent tant à protéger...