Le tournage commence dans un mois... On lui reproche de n'en faire qu'un tous les dix ans. Mais, pendant dix ans, on voit ses films partout, dans toutes les salles, toutes les chaînes de télévision, tous les festivals. Rares sont les films qui ont autant de visibilité que ceux de Férid Boughedir. Et rares sont ceux qui véhiculent une aussi jolie image du « Bon Vivre » de la Tunisie, cher à notre jeune et dynamique ministre du Tourisme, qui a si joliment inventé ce néologisme. Aujourd'hui, Férid Boughedir commence un nouveau film. Promis, juré, le premier clap est prévu le 10 mai prochain. Avant de parler de ce nouveau film, sans en parler vraiment car Férid Boughedir n'aime pas raconter avant de montrer, tout en en parlant quand même un peu car nous sommes trop excités par la nouvelle pour nous retenir vraiment, rappelons-nous un peu.... Les films Halfaouine et Un été à La Goulette sont des comédies réalisées d'après des souvenirs véridiques de l'enfance puis de l'adolescence du réalisateur. Ils présentent l'image de la Tunisie de toujours, aimable, emplie de douceur de vivre, riche d'un peuple pacifique, connu pour sa modération, sa tolérance et son humour dans le quotidien. Ces deux films ont battu des records absolus d'audience sur le petit marché tunisien, sans compter les records d'audience à la télévision, et la diffusion permanente à ce jour en DVD. Vendus et sortis en salles et à la télévision dans toute l'Europe, ainsi qu'aux USA, au Canada, au Japon, et même en Australie, les deux films, contés comme des fables universelles, ne se sont jamais démodés et continuent à être diffusés régulièrement sur les chaînes satellitaires du bouquet Canal Satellite, ainsi que sur France 3, France 0, Paris Première... Sur le seul marché français, Halfaouine a attiré en une seule soirée plus de 6millions de téléspectateurs lors de son passage en prime time sur France 2, et ce, après être resté plus d'un an à l'affiche des salles françaises. Quant à Un été à La Goulette , il a été classé premier au Box Office de la semaine lors de sa sortie à Paris, devançant en nombre de spectateurs tous les films français ou hollywoodiens sortis en même temps. Aujourd'hui, Férid Boughedir commence la dernière partie de sa trilogie : «Halfaouine, c'était mon enfance dans ce quartier qui m'a inspiré. Un été à La Goulette, mon adolescence, et la rencontre de jeunes filles moins farouches que celles de la médina. J'ai longtemps pensé faire un « Hammam Lif », parce que j'étais fasciné par le personnage de Moncef Bey. Mais le film aurait coûté trop cher, aussi, ai-je abandonné. Ce nouveau film, L'ange des paraboles, est un film sur l'enfant de Halfaouine, l'adolescent de La Goulette devenu adulte, et sur la Tunisie contemporaine puisqu'il se situe en 2010. Et qu'on m'a souvent reproché de ne parler que du passé. Une Tunisie en pleine effervescence, mais aussi la Tunisie éternelle du vivre ensemble, de l'humour, de la civilité.» Férid Boughedir n'en dira pas plus sur son scénario. Mais quand on lui demande pourquoi il a attendu aussi longtemps pour faire ce film, il avoue : « Je ne fais pas des films pour faire carrière. Je ne fais un film que lorsque je suis persuadé, à tort ou à raison, que ce film est nécessaire, essentiel, qu'il doit donner aux gens du plaisir, de la joie, du bonheur... Et puis, j'ai fait beaucoup de choses....» Et il est vrai que le cinéaste n'a pas chômé ces dernières années. Après avoir pris en charge une session des JCC, ainsi que la coordination de toutes les associations et organisations cinématographiques tunisiennes, celui qui se considère comme le fils spirituel de Tahar Cheriaa a entrepris de réaliser le rêve inachevé de son maître : mettre sur pied le Fonds Panafricain de promotion du cinéma et de l'audiovisuel, pour la création duquel celui-ci avait mobilisé toute son énergie. Il a pris son bâton de pèlerin et est allé mobiliser toutes les bonnes volontés. Et il se le promet : s'il n'y est pas arrivé jusqu'à présent, il finira par y aboutir. Pour revenir au prochain film L'Ange des Paraboles, dont le tournage commence dans moins d'un mois, et dont on ne vous dira rien de plus, il faut tout de même savoir qu'il a obtenu en France la sélection du Centre National du cinéma, parmi les six projets retenus sur soixante dix présentés, aux côtés de Jean Luc Godard, le mythe du cinéma français. Il a également obtenu l'aide à la production du ministère de la Culture tunisien, et celle de l'Organisation internationale de la Francophonie. Enfin, il a déjà été acheté par Canal plus, Canal plus Afrique, France 3 et TV5 Monde, ce qui assurera une très large diffusion à cette jolie comédie sur la Tunisie contemporaine