Les Algériens ont voté hier pour l'élection présidentielle. Les opérations de vote ont pris fin hier à 20h00, à l'heure où nous mettions sous presse. Les dépouillements et décomptes des voix ont commencé aussitôt, même si le vote a été prorogé d'une heure dans 590 communes de 36 wilayas. Les résultats doivent être proclamés aujourd'hui. Aux dernières nouvelles, dans toutes les wilayas (gouvernorats) du pays, le taux de participation était de 37,04 % à 17h00. Il était de 9,15% à 10h00, de 23,25% à 14h00, avant d'atteindre les 37,04 à 17h00. Plus de 260 mille policiers et gendarmes avaient été déployés pour assurer la sécurité de près de 23 millions d'électeurs appelés à voter dans 50 mille bureaux en faveur de l'un des six candidats en lice. Outre le président sortant Abdelaziz Bouteflika, grand favori du scrutin et briguant un quatrième mandat, il y avait notamment l'ex-Premier ministre Ali Benflis et la députée trotskiste Louisa Hanoune. Les élections se sont déroulées dans un climat tendu par moments. La Commission nationale indépendante de surveillance de l'élection présidentielle (Cnisep) a affirmé avoir enregistré, durant l'après-midi, dix nouveaux recours. Cela portait «à dix-neuf le nombre de recours enregistrés depuis la matinée», a indiqué son président, Fatah Boutbik : «Nous avons enregistré dix nouveaux recours durant l'après-midi après les neuf recours enregistrés ce matin», a indiqué M. Boutbik lors d'un point de presse, relevant que «toutes les mesures ont été prises pour leur traitement». Il s'agit d'«incidents liés au non-respect du cadre légal du vote et d'ordre organisationnel». Cependant, le président de la Cnisep a jugé le vote dans son ensemble «acceptable». M. Boutbik a par ailleurs annoncé que la Commission nationale de supervision de la présidentielle a sommé la chaîne de télévision privée Ennahar TV de «cesser de porter atteinte à la personne du candidat Ali Benflis». Malgré les tentatives de déstabilisation et d'intimidation de la part de la nébuleuse terroriste, le scrutin a été en gros pacifique. Certes, il y a eu des heurts entre des manifestants et les forces de l'ordre. Mais cela n'a concerné que quelques dizaines de cas. Telle fut la situation à Bouira (sud-est d'Alger). Des heurts entre gendarmes et manifestants pro-boycott se sont soldés par 41 blessés, dont 28 gendarmes, et ont entraîné une interruption temporaire du vote. Le président sortant Abdelaziz Bouteflika, grand favori du scrutin présidentiel, est apparu en public pour la première fois depuis deux ans. Il a voté à Alger, en fauteuil roulant, selon des images diffusées en direct par la télévision. Le représentant des observateurs de l'Union africaine (UA), Diallo Falilou, a félicité l'Algérie pour le «bon déroulement» et la «bonne organisation» de l'élection présidentielle. «Nous sommes contents de constater que l'élection présidentielle s'est déroulée dans de bonnes conditions, notamment à travers le déploiement du dispositif sécuritaire», a déclaré M. Falilou, à l'issue d'une audience avec le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramthane Lamamra. Cette élection présidentielle est un «acquis démocratique» pour l'Algérie, a-t-il ajouté. Les craintes sur l'issue du scrutin, dont certaines donnaient carrément dans la sinistrose, ont été au bout du compte dissipées. Les Algériens semblent très réservés et circonspects face aux chamboulements qui secouent le monde arabe. Il faut dire qu'ils ont été échaudés par la décennie noire des années 1990 qui furent marquées par les massacres à large échelle commis par les groupes islamistes. Même s'ils aspirent au changement, les Algériens se méfient volontiers de l'anarchie. Dans tous les cas de figure, le vote d'hier est bien historique en Algérie, à plusieurs égards. Nous y reviendrons.