Place à la révision des textes pénalisant les infractions environnementales pour une dissuasion sans faille. Face à l'anarchie qui domine le paysage urbain due à l'envahissement des déchets ménagers et solides, le secrétariat d'Etat chargé du développement durable expose le dossier environnemental en partant d'une zone-cible : le centre urbain nord. Il s'agit d'engager toutes les parties concernées dans une réflexion commune sur la problématique environnementale, de par ses débordements et les solutions possibles. Aussi, un débat a-t-il été organisé, jeudi dernier à la Cité des sciences, dans l'optique de lister les suggestions des Tunisiens. M. Mounir Majdoub, secrétaire d'Etat chargé du développement durable, envisage la réorganisation de la stratégie environnementale dans son intégralité, via la révision des textes pénaux, l'implication des citoyens dans la cause environnementale et la concordance des actions dans ce sens. «Nous envisageons un projet de loi promettant de résoudre les lacunes jusque-là persistantes. Pour y parvenir, la création d'un partenariat effectif entre les institutions de l'Etat et la société civile s'impose. L'apport citoyen, poursuit M. Majdoub, est déterminant. Les Tunisiens doivent prendre conscience de l'ampleur du désastre environnemental et de défendre ainsi leur droit à un environnement sain, où il fait bon vivre. Conscience, volonté, organisation et travail collectif, voilà en somme le schéma qu'il faut suivre». Admettre ses torts La dégradation de l'environnement a pour origine le comportement anti-écologique des citoyens. Préférant la solution de facilité, ces derniers se débarrassent souvent de leurs ordures ménagères en les jetant dans le quartier même ou encore dans le quartier d'à côté. Les propriétaires de restaurants et de gargotes sont également des sources de pollution. Voyant les conteneurs dérobés aussitôt installés, ils lâchent prise et adhèrent aux pratiques régnantes. Résultat : des ordures s'entassent attirant chiens, chats et insectes et favorisant la prolifération des microbes. Outre les déchets ménagers, les déchets solides ou gravats jonchent les lieux et vous surprennent jusque dans les ronds-points. Certains promoteurs immobiliers déversent les gravats sans pour autant se presser de les relever. Autant de mauvais comportements anticiviques, autant de gestes à corriger afin que chacun puisse contribuer, non pas à la dégradation de l'environnement mais plutôt à son sauvetage. La municipalité : lourd héritage et faibles moyens Montrée du doigt par les citoyens comme étant une autorité locale défaillante, la municipalité se trouve entre l'enclume des moyens rudimentaires et le marteau des missions non accomplies. Des équipements désuets, des ressources humaines bien en deçà des besoins, elle se débrouille un tant soit peu avec des moyens du bord pour lutter contre une pollution allant crescendo. «Le centre urbain nord a fait récemment l'objet d'une campagne de propreté assurée par seulement deux agents. Cette action a permis de relever 16 procès — verbaux. Or, le montant de l'amende préconisée, à savoir 60dt, ne dissuade point les réfractaires. D'où la nécessité de réviser la pénalisation des infractions environnementales», souligne un représentant de la municipalité de Tunis. Conscient de la complexité de la tâche municipale face au fardeau environnemental, M. Mohamed Zaïbi, de l'Apal, propose la création d'un mécanisme nouveau, à même de renforcer l'intervention municipale et usant, cette fois, d'outils durables et performants. «Il faut prendre en considération la notion de durabilité dans les actions environnementales. L'impact des campagnes de propreté et autres reste limité à l'ici-maintenant, et par conséquent, éphémère», insiste-t-il. D'autres participants appellent à la création des comités de quartier ; une structure non gouvernementale qui aura pour mission d'interdire sinon de relever les infractions, de sensibiliser les habitants sur la culture environnementale via des actions effectives et salvatrices. «Il faut procéder au porte-à-porte dans un esprit de décentralisation de la communication environnementale et d'implication des citoyens dans la dépollution du paysage urbain», souligne M. Ibrahim Ben Amor. De son côté Mme Sabiha Homri, docteur en sciences de communication et d'information, propose de former des agents de police spécialisés, qui se chargeront désormais de relever les infractions environnementales et ce, à l'instar de l'expérience française en la matière. Parmi les suggestions avancées, l'on note la prise en considération de l'expérience marocaine, notamment la gestion des déchets solides à Tatouane et les poubelles enterrées à Tanger. La première expérience permet la valorisation des déchets solides par le biais de la technique du recyclage. La deuxième préserve l'environnement et fait face au phénomène des chifonniers. «La solution, à mon avis, réside dans un partenariat effectif entre le public et le privé qui permettrait de mettre en œuvre des solutions pratiques et durables», indique l'un des intervenants.