Ce sont les pays industrialisés qui sont responsables du gâchis, mais ils sont les moins touchés Tchernobyl, Fukushima sont devenues, dans la mémoire des gens, des régions associées à des catastrophes dues à un déséquilibre climatique causé par une exploitation sauvage des ressources naturelles. Comment éviter que de tels événements se reproduisent ? Quelles précautions à prendre par les Etats et la société civile pour diminuer les effets de serre ? Gilles Lemaire, membre du Centre d'études et d'initiatives de solidarité internationale (Cedetim), a donné une conférence sur le thème «Les enjeux du réchauffement climatique», organisée par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux afin d'expliquer les raisons du réchauffement climatique et ce qui le provoque ainsi que son impact sur la nature. Aujourd'hui, il est internationalement reconnu que les causes du réchauffement sont attribuables essentiellement à l'activité humaine et en particulier à ses émissions de gaz à effet de serre (GES). «La chaleur gardée provoque un réchauffement moyen de la planète pouvant atteindre 7 degrés Celsius dont la durée de vie peut aller d'une année à 120 ans. Par exemple, la vapeur d'eau a une durée de vie de moins d'une année, le dioxyde de carbone 100 ans, le méthane 10 ans et le protoxyde d'azote 120 ans, ce qui peut conduire à des boucles qu'on ne maîtrise plus», explique le conférencier. Tous les pays ne sont pas égaux dans l'émission de gaz à effet de serre. Il est clair que ce sont les pays industrialisés qui sont responsables du gâchis, et ce, depuis le XIXe siècle et, ironie du sort, ils sont les moins touchés par le réchauffement climatique. Gilles Lemaire cite les Etats-Unis : 19,6%, l'Europe 9%, pour la Chine 3,8% et l'Afrique 2,5%. Les causes d'émission par activité sont la production d'énergie 35%, l'agriculture et la déforestation 24%, les activités industrielles 21%, les transports 14% et le bâtiment 16%. De 2000 à 2010, les émissions de gaz sont en hausse de 2,2%, sauf la déforestation. Les impacts d'émission de CO2 En premier lieu, c'est le niveau moyen de la mer qui est affecté par ce réchauffement climatique. La dilatation thermique des océans ajoutée à la fonte des glaciers pourrait entraîner une élévation de quelques dizaines de centimètres, ce qui serait suffisant pour diminuer sensiblement la surface des terres émergées dans les régions basses et de faible relief, souvent très peuplées. Des pays comme l'Inde et le Bangladesh sont particulièrement menacés par ces inondations côtières mais il s'agit d'un risque qui pèse de plus en plus sur tous les continents. Ce qui provoque « le déplacement de la population», selon le conférencier. En second lieu, la fonte des glaciers de moins de 30 et moins 70% dont les conséquences sur l'alimentation en eau et le réchauffement climatique son inquiétantes. En effet, les précipitations pourraient être modifiées, avec des régions devenant plus arides et d'autres beaucoup plus arrosées. Ces altérations du cycle de l'eau représentent un danger pour la productivité agricole dont on prévoit la baisse, au niveau mondial, pour trois degrés supplémentaires. L'appauvrissement de la biodiversité touche l'espèce humaine du point de vue de la nourriture et du déséquilibre écologique. «Un milliard de personnes souffrent d'une alimentation déséquilibrée», note Gilles Lemaire. D'autres conséquences sont d'ores et déjà visibles et ne feront qu'empirer si rien n'est fait : l'augmentation des phénomènes naturels extrêmes, l'extinction des espèces, l'extension des pandémies (choléra, malaria, paludisme, etc.). Des solutions à appliquer Le Sommet de la Terre de Rio (1992) et le protocole de Kyoto (1997) ont relevé l'épuisement des ressources minières énergétiques. Certains modes de fonctionnement comme les droits à polluer n'ont pas donné de bons résultats. La croissance économique est corrélée aux émissions de gaz à effet de serre. «La solution consiste à revenir à une consommation énergétique des années 60», préconise Lemaire et maintenir le réchauffement climatique à 2 degrés C. Pour ce faire, il y a lieu de commencer par l'isolation des bâtiments pour limiter le chauffage, favoriser des modes d'agriculture moins polluants, favoriser le transport collectif, remplacer les énergies à base de carbone par des énergies renouvelables. Face à ce constat, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), créé en 1988 sous l'égide du programme de l'ONU, a publié, depuis son existence, cinq rapports acceptés par l'ensemble des Etats. Il conclut qu'il est probable que l'influence humaine a été la cause d'émissions de CO2. D'après le Groupe, les pays du sud sont davantage exposés à l'insécurité alimentaire. Par ailleurs, la baisse des ressources des océans a pour conséquence la diminution d'eau disponible pour l'agriculture, ce qui, provoquera davantage de pauvreté et plus de conflits et d'insécurité. Ce qui devrait impliquer, selon le conférencier, «le développement de nouvelles technologies et l'accès à celles-ci et à gérer le prix mondial du carbone élevé pour orienter les investissements vers une réelle coopération internationale et des modifications des modes de vie». Si, bien sûr, nous voulons sauver la planète Terre et corollairement nos vies.