Des députés ont fait entrer, hier, les familles des martyrs et blessés de la révolution dans la salle de la plénière. Les travaux de l'ANC ont été interrompus durant près d'une demi-heure Les familles des martyrs et blessés de la révolution, en sit-in devant l'ANC (Assemblée nationale constituante) depuis l'annonce du jugement du tribunal militaire considéré, selon eux, «comme trop clément, voire incroyable et inadmissible», ont envahi, hier, la salle de la plénière, interrompant, ainsi, les travaux de l'ANC pendant près d'une demi-heure. Ils ont crié des slogans : «Fidèles, fidèles au sang des martyrs» et ont entonné l'hymne national. Puis ils se sont adressés directement aux députés afin de contester les jugements qu'ils trouvent «cléments et non équitables». Ils ont, par ailleurs, «appelé les représentants du peuple à les soutenir pour la révision des jugements et la création de chambres spécialisées». Mohamed Gahbiche, député de l'Alliance démocratique, a déclaré à La Presse que «suite à la décision du président de l'ANC, Mustapha Ben Jaâfar, d'évacuer les familles des martyrs et blessés de la révolution de l'intérieur de l'hémicycle où ils étaient en sit-in ouvert, certains députés, dont Abderraouf Ayedi, Néjib Ben Mrad et Azad Badi, ont fait entrer quelques dizaines de personnes parmi les familles jusqu'à la salle de la plénière, provoquant l'interruption de la séance. Les deux députés criaient : «Où est Ben Jaâfar ?», en essayant de faire monter la tension. Finalement, les familles ont fini par rester dans la salle d'attente de l'ANC». Or, selon quelques députés, «l'accès à la salle de la plénière est interdit par le règlement». Selma Baccar, députée d'Al Massar et présidente du groupe parlementaire démocratique, nous a déclaré de son côté que «ce sont les députés Néjib Mrad d'Ennahdha et Azad Badi et Abderraouf Ayedi du parti Wafa qui ont fait accéder 36 personnes, parmi les familles des martyrs et blessés, à la salle de la plénière, ce qui est interdit par le règlement, provoquant la pagaille et le chaos, interrompant et perturbant par là les travaux de l'ANC et l'examen du reste des articles de la loi électorale». L'ANC, ça suffit ! Et d'ajouter : «Ces députés ont fait leur show dans le but de marchander avec le sang des martyrs de la révolution». Elle juge, par ailleurs, «inadmissible que des constituants se comportent de la sorte en perturbant les travaux de l'ANC par des cris et des slogans, afin de bloquer l'examen de la loi électorale et de provoquer la zizanie au sein de l'ANC, alors qu'il reste seulement 5 à 6 jours pour clore l'examen et le vote de l'ensemble du projet de loi électorale». Certains élus du groupe démocratique parlementaire, dépités et contrariés par pareil comportement à but électoraliste, ont même appelé de leurs vœux la fin de la mission de l'ANC en déclarant : «L'ANC, ça suffit !» Rappelons que les familles des martyrs et blessés de la révolution ont boycotté la conférence de presse des groupes parlementaires à l'ANC afin de dénoncer l'absence de certains groupes, tels ceux démocratique et d'Ettakatol, qui avaient promis de les soutenir auparavant. Lamia Farhani, avocate des familles, s'est demandé comment ces partis se sont absentés de cette conférence, s'ils comptaient soutenir le projet de loi consacré à la création de chambres spécialisées dans les affaires des martyrs et blessés de la révolution». Lamia Farhani a également déclaré, hier, que «la création de ces chambres spécialisées et les demandes des familles des martyrs et des blessés font l'objet de tergiversations. C'est pourquoi les familles n'excluent pas le recours à plusieurs actions afin que leurs demandes soient acceptées et exaucées, dont la grève de la faim».