Les participants expriment leur attachement à l'idée d'un espace maghrébin démocratique et solidaire, respectueux des droits humains et permettant un vivre-ensemble entre les différentes composantes arabe, amazighe et africaine... La 3e édition du forum Maghreb-Machrek pour la migration, dont les assises se sont déroulées à Monastir, en présence de 500 participants venus de 17 pays, et représentant quelque 180 associations, vient de s'achever... Dans une atmosphère de colère. Un sentiment de détresse domine en effet du côté des familles des milliers de jeunes disparus dans la Méditerranée. Berceau des grandes civilisations, cette mer s'est transformée, en ce 21e siècle, en un gigantesque cimetière marin, où coulent les barques de la mort, entraînant avec elles des rêves d'eldorado. D'ailleurs, c'est au sujet de ce phénomène de l'immigration clandestine que tous les participants au forum ont tiré la sonnette d'alarme. Pour eux, ce drame des temps modernes n'est que la conséquence des politiques sécuritaires inhumaines, menées aussi bien par l'Europe que par ses voisins de la rive sud, plus souvent considérés comme des pays de départ ou de simple transit pour le flux des migrants. Destination des plus prisées, les pays du nord sont, eux aussi, mis à l'index. On leur reproche « une politique migratoire ségrégationniste, qui revêt une dimension encore plus grave, dans la mesure où les gouvernements du sud s'illustrent par leur incapacité à avoir une réponse plurielle à la question de la lutte contre ce phénomène ravageur». La problématique rejoint en définitive la quête de mécanismes susceptibles de faire front aux intérêts du libéralisme sauvage, au profit d'un autre monde, plus uni et plus solidaire. C'est ainsi que sonne le slogan de ce forum social, depuis son idée inaugurale lancée en 2001 à Porte Allègre, au Brésil. Ce monde tant défendu serait-il quand même possible ? Tout dépend d'une vision à long terme, tournée vers un nouveau partenariat nord-sud gagnant-gagnant. Au terme des travaux de ce forum, la déclaration de Monastir a débouché sur une série de recommandations. Les participants ont d'abord exprimé leur attachement à l'idée d'un espace maghrébin démocratique et solidaire, respectueux des droits humains et permettant un vivre-ensemble entre les différentes composantes arabe, amazighe et africaine, mais un espace également ouvert sur le Machrek. Il est aussi grand temps, selon leurs dires, de se pencher sur la question de la libre circulation et l'installation de tous les citoyens maghrébins à l'intérieur du Maghreb, mais aussi sur l'abrogation des accords de partenariat et de réadmission signés ente l'UE, le Maroc et la Tunisie, de manière à en finir avec les traitements discriminatoires et les violations des droits des migrants, dont sont notamment victimes les femmes et les enfants. De même, les participants ont appelé la société civile mondiale à faire pression sur les gouvernements du Nord comme du Sud pour rétablir la vérité sur le sort des disparus en Méditerranée et dans le désert, ainsi que celui des réfugiés, aussi bien du Moyen-Orient que d'Afrique subsaharienne. En guise de soutien d'appoint, il a été également décidé de créer un observatoire des migrants, en tant qu'outil d'alerte sur toutes les atteintes des droits humains constatées. Cela étant une manière d'inciter les gouvernants à adopter une nouvelle politique migratoire humaniste, solidaire et largement ouverte sur le monde.