Le combat de Nelson Mandela pour son pays est une source d'inspiration pour un pays en transition comme le nôtre. L'ambassade d'Afrique du Sud a organisé, mardi dernier, une projection de presse pour le biopic du leader Nelson Mandela (1918-2013). Intitulé Mandela : un long chemin vers la liberté, ce film de 2h19 est réalisé par Justin Chadwick. Son producteur, le Sud-africain Anant Singh, a obtenu ses droits peu après la publication de l'autobiographie de Mandela en 1995. Le leader avait refusé des offres venant d'Hollywood et avait préféré confier son histoire à quelqu'un du pays. Sorti le 18 décembre 2013, le film n'est pas encore distribué en Tunisie. L'ambassade d'Afrique du Sud en Tunisie désire rendre cela possible. Elle organise dans ce sens une deuxième projection du film, le 29 du mois, dans un hôtel de la place. Cet événement coïncidera avec la fête sud-africaine de la liberté (27 avril). Seront invités cinéastes, producteurs, société civile et même politiciens et membres de l'Assemblée constituante. «En Tunisie, vous avez une histoire riche et les monuments sont là pour en témoigner. Nous, nous avons l'histoire d'un combat à partager avec vous et avec le monde». Cette phrase, prononcée par Nelson Mandela à Bourguiba lors de sa visite en Tunisie en 1962, est d'actualité dans le contexte de transition démocratique par lequel passe la Tunisie. C'est aussi ce que pense le chargé d'affaires de la République d'Afrique du Sud, Shoayb Casoo, en visite dans notre pays. La projection de Mandela: un long chemin vers la liberté a été une occasion pour discuter des exemples de transition en Tunisie et en Afrique du Sud. «Tout comme chez nous, les libertés en Tunisie sont désormais constitutionnalisées et garanties par les lois. Notre intérêt se dirige ces dernières décennies vers le progrès économique et social», a expliqué M. Casoo. Et d'ajouter : «Nous pouvons dans ce sens vous expliquer comment nous procédons pour organiser l'Etat et les institutions publiques ». Son pays a créé des institutions comme le Protecteur public, qui contrôle en toute autonomie la bonne gestion des ressources de l'Etat, ou un parlement élu qui est au-dessus du président et du Premier ministre. «C'est un long processus et il faut être enthousiaste, positif, et travailler pour construire le pays», déclare-t-il. Une bataille juste se nourrit de patience et de persévérance. Mandela : un long chemin vers la liberté en témoigne par son titre comme par son histoire. Ne pas virer vers la haine, voilà un autre enseignement important. Grâce à cela, Mandela est arrivé à traiter d'égal à égal avec ses ennemis politiques, en plein apartheid et dans un pays au bord de la guerre civile. C'était en 1990, peu avant sa libération. Il avait adressé un message à ses frères de sang, leur demandant d'opter pour le pardon, comme il l'a fait lui-même. Son élection en 1993 a permis de s'engager définitivement dans ce choix de paix avec un gouvernement de toutes les couleurs. Pour arriver à cette fin, le film montre Mandela depuis son enfance, et les principes avec lesquels il a été élevé dans sa tribu. Devenu ensuite le premier avocat noir en Afrique du Sud, sa bataille au sein du Congrès national africain (ANC) est passé du pacifisme à la lutte armée, puis à la clandestinité. Après quoi, il est emprisonné à vie avec ses camarades de combat. La suite du récit a marqué l'histoire de l'humanité... En plus de la bataille politique, Mandela : un long chemin vers la liberté montre l'homme et l'être humain qu'était Mandela, sa vie privée, sa souffrance solitaire, son amour pour Winnie sa femme. Les années de prison et les divergences de points de vue politiques finiront par séparer le couple. Après l'emprisonnement de Mandela, Winnie a continué son combat avec bravoure, mais le leader n'a pu la suivre dans son choix en faveur de la lutte armée. Le film rend quand même justice à cette femme exceptionnelle en montrant toutes les injustices dont elle a souffert, d'où sa volonté de poursuivre la lutte armée. Le film fait un survol exhaustif de l'histoire de Mandela, telle qu'il la raconte lui-même dans son autobiographie. Pour mettre en valeur ce combat unique, le réalisateur Justin Chadwick a choisi de laisser parler l'image, en la chargeant de force et de sens. La parole intervient pour compléter une atmosphère ou pour marquer une tournure dans les événements. 70 années sont racontées en deux heures et demie de temps. Des choix ont dû être faits. Ce que ne montre pas le film, selon M. Casoo, c'est par exemple la campagne de soutien internationale pour la libération de Mandela, le fait que des tierces parties ont voulu mettre des bâtons dans les roues de la transition et que Mandela a été considéré par beaucoup de Sud-africains noirs comme quelqu'un qui a trahi la cause. Mandela : un long chemin vers la liberté est à inscrire dans son contexte de biopic, qui assure le devoir de mémoire envers son personnage et qui garde une juste distance avec les événements qu'il narre. Un film à voir et une histoire à connaître et à partager.