Ceux qui passent par l'avenue Bourguiba ont encore quelques jours pour profiter du Printemps du livre tunisien dans sa deuxième édition... Rencontre avec les maisons d'édition Altanweer et Mohamed-Ali Du 23 au 30 avril, les livres sont partout sur l'avenue Habib-Bourguiba. Le Printemps du livre tunisien, organisé par le ministère de la Culture, s'invite dans l'artère principale de Tunis afin d'être au plus près des gens. D'où le choix d'organiser des rencontres avec des auteurs et des maisons d'édition tunisiennes sur les terrasses des cafés. L'une d'elles a accueilli, jeudi dernier, la signature des nouvelles publications des maisons Altanweer et Mohamed-Ali. Près d'un arbre, juste devant le café, un stand a été posé avec des œuvres signées Abdelmajid Charfi, Hédi Timoumi, Hachmi Troudi, Hassan Ben Othmane, Youssef Seddik, Essedik Jeddi et Habib Habachi. La rencontre a démarré beaucoup plus tard que prévu. La nature et le cadre de l'événement ont quand même allégé l'attente. On a offert des cafés aux participants. Ils pouvaient déjà saluer Youssef Seddik ou Abdelmajid Charfi et obtenir leurs dédicaces. Autour d'eux, les bruits de la ville, les regards curieux ou nonchalants des passants. Pendant que les auteurs arrivaient, Nouri Abid, le directeur de la maison d'édition Mohamed-Ali, a lancé le débat en notant l'importance de ramener le livre dans la vie quotidienne des Tunisiens. Youssef Seddik a acquiescé en rappelant des époques révolues où les livres, les papetiers et les copistes avaient une place importante dans la société. «Des époques marquées par la diversité de la pensée, où a pu naître et se développer un courant comme le mutazilisme », a-t-il ajouté. Ce à quoi a réagi Abdelmajid Charfi en expliquant qu'il voulait, dans son dernier livre, ouvrir des brèches de pensée au lecteur ordinaire. « Le pourcentage de Tunisiens qui lisent est très faible par rapport au nombre d'instruits », a-t-il fait remarquer. L'islam politique intrigue ces auteurs. Le débat s'est petit à petit centré sur ce thème, d'autant plus que la plupart des œuvres présentées pendant la rencontre y sont consacrées. Un thème d'actualité que chacun traite sous un angle bien précis. Auteur de « Marjaiette al islam al siyessi » (Les références de l'islam politique), l'enseignant en littérature arabe et pensée islamique, Abdelmajid Charfi, développe la thèse selon laquelle l'islam politique ne va pas disparaître. Selon lui, il va par contre retrouver sa place naturelle, à la marge de la vie politique et sociale. Youssef Seddik est, lui, venu présenter son livre « Nous n'avons jamais lu le Coran », dans sa version arabe. Il tente, dit-il, de mettre les adeptes de l'islam politique devant leurs responsabilités. « Nous le pouvons grâce à la recherche scientifique, en élevant le débat sur ce thème aux domaines des sciences de l'archéologie, de la grammaire et de la linguistique », affirme-t-il. « Il vaut mieux débattre d'une question sans la régler que la régler sans en avoir débattu », disait Joseph Joubert. Le débat sur l'islam politique reste ouvert... Mais quel enrichissement que de voir des spécialistes exposer leurs théories avec un argumentaire simple et accessible, en s'appuyant sur des références et des exemples précis. Les versions poussées de leurs points de vue sont à découvrir dans leurs livres et dans tout livre qui incite à la réflexion. C'est là le premier pas pour rejoindre le débat sans être passif, et pour que ces auteurs et leurs livres fassent partie des bruits de la ville. Ceux qui passent par l'avenue Bourguiba ont encore quelques jours pour profiter du Printemps du livre tunisien dans sa deuxième édition.