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Aux sources de la poésie arabe
Propos esthétiques
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 05 - 2014


Par Raouf SEDDIK
Evoquer la question de la poésie arabe ancienne, c'est aborder un domaine quelque peu semé d'embûches. Superposées sur la question esthétique, se trouvent en effet des questions liées à l'arabité... La poésie arabe ancienne, c'est, pour beaucoup, l'emblème de l'identité : emblème brandi contre un étranger à la culture dominatrice, mais aussi et surtout contre un ennemi de l'intérieur, aux tendances castratrices et qui voudrait ériger la référence à l'islam comme seule référence identitaire légitime.
Ce recours à la poésie antéislamique comme emblème ne date cependant pas d'hier. On peut aisément le faire remonter aux débuts de l'époque abbasside. C'est-à-dire, paradoxalement, à ce moment où l'empire musulman s'ouvre, au niveau de ses élites dirigeantes, à la composante non arabe de sa population... Cette ouverture, qui avait été revendiquée durant la période omeyyade, revenait finalement à réhabiliter d'anciens héritages culturels au sein de l'empire... L'héritage perse, en particulier. Mais, au-delà, celui de la Grèce et même celui de Byzance et de Rome. Or, un tel mouvement de réhabilitation comportait une conséquence dont le danger n'avait pas échappé aux tenants du pouvoir. Quel danger ? Celui de voir le socle linguistique du texte fédérateur s'effriter. Défendre le Coran, et sa position centrale dans la construction d'une société et de son unité nouvelle, cela supposait que l'on défendît aussi la langue arabe qui lui servait de support... Et même l'idée de sa supériorité sur les autres langues.
Il n'est pas anodin de noter que, presque dans le même temps que l'on développait le dogme théologique du Coran incréé contre les Mutazilites, on engageait une politique de promotion parfois agressive de la langue arabe... Ce qui signifie qu'on voulait bien s'ouvrir aux autres civilisations, dont les traditions littéraires et scientifiques étaient sans commune mesure avec la tradition arabe, mais pas question de laisser cette dernière tradition se faire recouvrir par les autres, par le poids de leurs apports accumulés au fil des siècles.
Cette mesure de discrimination positive dont a bénéficié la tradition arabe est un des premiers moments de la « politisation » de la question de la poésie arabe. Et le paradoxe n'était pas uniquement que la tradition arabe se soit trouvée surévaluée au moment même où l'on affichait une volonté d'ouverture aux autres traditions. Il est aussi, et surtout, que l'on se soit mis en peine de défendre l'islam en valorisant ce contre quoi il s'est précisément affirmé à sa naissance. Puisque, comme chacun sait, ou ne sait pas, l'expérience de la révélation en islam engage une relation de l'homme arabe à la parole qui se veut rupture avec la relation développée à la fois par les poètes et par les devins.
Peut-être est-il nécessaire de souligner ici que le défi lancé par le Prophète aux poètes n'est pas un épisode parmi d'autres dans son parcours. Il s'agit d'un acte essentiel et fondateur. Les poètes de la Jâhiliyya s'inscrivaient dans une tradition sacrée. Le fait que leurs plus beaux poèmes aient été accrochés sur la Kaâba en dit long sur ce point. Tout comme le fait que certains d'entre eux étaient des guerriers, ou que d'autres éprouvaient le besoin de s'isoler dans le désert pour retrouver, dans la compagnie de leur « djinn », l'inspiration. Mais ce qui est sans doute le plus important à signaler à ce propos, c'est que les poètes incarnaient le modèle d'une vie libre et héroïque : un véritable idéal pour la jeunesse de l'époque. C'est cet idéal que l'islam est venu briser pour y substituer un autre, en proposant dans le même temps une autre expérience poétique, qui portait en elle les germes d'une autre expérience politique...
Mais, ayant dit cela, n'est-il pas temps, aujourd'hui, de reconsidérer, en toute sérénité, ce qu'avait malgré tout de puissant cette expérience poétique des anciens Arabes. Bien des aspects, c'est vrai, peuvent nous rebuter aujourd'hui. En particulier, ce thème de la « jactance », qui relève d'une sorte de vanité tribale... Il n'empêche, ce sont ces poètes qui, par le jeu combiné de la métaphore et de la sonorité, ont été capables de produire dans la parole récitée cette charge de magnétisme et ce pouvoir d'envoûtement sans lesquels il est difficile de concevoir que l'expérience même de la prophétie ait pu avoir lieu et susciter la réponse qu'elle a connue auprès des populations arabes de l'époque.


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