Artwatch met en place des outils pour la compréhension de ce domaine très sensible : la liberté d'expression créative... Et ce, suite à l'arrestation d'un chanteur rwandais et à la censure d'un film égyptien. Dans sa lettre d'information, Arterial network (un réseau dynamique des individus, des organisations, des donateurs, des entreprises et des institutions engagées dans le secteur créatif et culturel de l‘Afrique) annonce la mise à jour du projet Artwatch Africa, lancé par Mimeta, un fonds de coopération pour le développement de la culture et des arts. Il s'agit d'un projet de surveillance de la liberté d'expression créative dans tous les pays d'Afrique. Il vise à faire respecter l'article 27 de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui stipule que «Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts...». Mais aussi l'article 19, qui déclare que «Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.» Ces droits fondamentaux de l'homme sont souvent influencés par des facteurs politiques, sociaux, culturels, religieux et autres. L'objectif d'Artwatch Africa est de faire ressortir le non-respect (la contravention) de ces droits de l'homme et de soutenir des artistes qui en sont victimes. La mise à jour du projet est venue suite à deux évènements : l'arrestation de Kizito Mihigo, un chanteur du Rwanda, et la censure en Egypte de «Halawet Rooh» (la beauté de l'âme), un film de Ahmed Awad, version revisitée de «Malena», réalisé en 2000 par l'Italien Giuseppe Tornatore et mettant en scène Monica Bellucci. Le film raconte la vie de «Rooh», une jeune femme qui déclenche les passions parmi les hommes de son quartier, quand son mari est absent. Le personnage est incarné par la très populaire chanteuse et actrice libanaise Haïfa Wehbé, accusée de se livrer à des scènes provocantes. Le projet La liberté d'expression créative ne dépend pas seulement de l'artiste lui-même, mais implique également l'opinion de la société civile et la réglementation gouvernementale. Une partie du rôle de Artwatch Africa est donc de promouvoir la valeur de la liberté d'expression pour les sociétés et de défendre le droit des artistes et acteurs culturels de la pratiquer. Ainsi le projet met en place des outils qui permettront une meilleure compréhension de ce domaine sensible. Une sélection de 20 coordonnateurs des cinq régions du continent est en cours, pour un atelier de formation d'une semaine au mois de juin. Les candidats sont censés travailler dans les domaines artistiques et culturels, et dans des organisations de défense des droits. «Ce qui représente une opportunité pour l'action conjointe élargie entre ces secteurs», affirme-t-on dans la publication d'Arterial network. La formation sera dispensée par la Fondation suédoise pour les droits de l'homme, avec la participation de plusieurs experts en arts africains. L'objectif est de fournir une bonne compréhension des droits de l'homme, et la stratégie de leur communication aux artistes et aux communautés culturelles en Afrique. Le programme de formation comprend également la préparation des participants à la mise en œuvre des programmes Afrique Artwatch dans leurs pays respectifs. On nous informe que les Activités Afrique Artwatch devraient commencer dans divers pays à partir du mois de juillet. Cela comprendra des ateliers, des débats publics et l'engagement des médias sur les questions relatives à la liberté d'expression. «La route est ardue», écrit-on. Mais le fait de garantir cette liberté comme un droit fondamental consacré par la Déclaration universelle des droits de l'homme (signée par la plupart des Etats après leur indépendance) et d'en faire une réalité en Afrique serait une étape contribuant à assurer des pratiques démocratiques et la croissance équitable, le développement et la protection des secteurs des arts et de la culture de nos pays.