Face à la propagation d'une maladie incurable qui toucherait la totalité des poiriers, les agriculteurs sont alarmés et demandent un soutien financier. Le feu bactérien est causé par la bactérie Erwinia amylovora. Quand un arbre est atteint, les fleurs et les feuilles flétrissent et noircissent. L'infection progresse par les rameaux et les branches,et finit par atteindre le tronc et les racines. Sa propagation dépend de la sensibilité des variétés touchées et de leur état de santé. Selon Brahim Trabelsi, membre du bureau exécutif de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche, en charge des arbres fruitiers, la maladie a été détectée à La Manouba, Ben Arous, Béja et Bizerte. «En 2012, 15% des poiriers étaient touchés par la maladie. L'année suivante, le taux de contamination est passé à 40%. Cette année, presque tous les poiriers sont morts ou malades. La production de poires en Tunisie sera réduite à zéro. C'est une richesse nationale qui se perd». Des agriculteurs dans l'impasse Lundi matin,une manifestation a été organisée devant la Commissariat régional au développement agricole de La Manouba par les agriculteurs de la région, pour demander que des «solutions radicales à cette situation» soient appliquées. «La majorité des habitants de La Manouba vit de la production des poires. Les agriculteurs ont des dettes énormes, ils sont dans l'impasse. De plus, 90% d'entre eux ont des problèmes fonciers et ne possèdent pas de titre bleu. Ils veulent que l'Etat se porte garant auprès des banques, cette année, pour contracter des crédits et pouvoir planter à nouveau. «Par ailleurs, ils demandent une exonération des frais fixes de la consommation en eau, qui s'élèvent à 75 DT / ha, puisqu'ils n'ont plus d'arbres à irriguer», explique Brahim Trabelsi. D'après lui, ils seraient 800 agriculteurs, entre La Manouba et Mejaz El Bab à subir des pertes dues au feu bactérien. Maladie incurable «Les agriculteurs ont utilisé divers traitements : cuivre, Bion ou Regalis,mais ils ont tous été inefficaces, malgré leur coût élevé. Pour traiter un hectare avec du Regalis par exemple, il faut compter 500 DT», affirme Fakhreddine Torjmen, agriculteur et président de l'Union régionale des agriculteurs de La Manouba. En colère, les agriculteurs accusent les autorités de ne pas avoir agi rapidement. «Le Commissariat n'a pas donné d'importance au problème. Il y a entre 5.000 et 6.000 poiriers à La Manouba, ils sont presque tous morts». D'après Abdelfattah Ben Saïd, directeur de la Production agricole au ministère de l'Agriculture, depuis bientôt deux semaines, une commission technique étudie le problème et estime les dégâts. Il n'existe pas encore de statistiques détaillées, mais on sait que 70% des poiriers «Alexandrine», une variété particulièrement sensible aux maladies et aux changements climatiques, est touchée par la maladie. «Le feu bactérien est une maladie de quarantaine, elle est incurable. Elle existe en Europe, aux Etats Unis, et elle est apparue récemment au Maroc», précise le directeur. Une réunion avec le ministre de l'Agriculture était prévue, hier soir, pour discuter d'une stratégie de lutte.