L'Etoile de Métlaoui se retire de la coupe de Tunisie, une épreuve de plus en plus marginalisée Qui veut encore de Dame Coupe? Cette épreuve avait écrit la légence du foot tunisien, parfois même davantage que le championnat. En termes d'émotions, de coups de théâtre, de surprises et d'intensité, il n'y a aucun lieu de comparaison. La majorité des finales passent pour être de fantastiques morceaux de bravoure. Malheureusement, de report en report, la coupe se retrouve placée en tout bout de saison. Tel un annexe indésirable, un appendice douloureux. Entamée le mois dernier avec l'entrée en lice des clubs d'élite au stade des seizièmes de finale, elle ne reprend que le 12 juin pour aussitôt se consumer en un clin d'œil : les quarts trois jours plus tard, les demis les 21 et 22, la finale le 27 juin. «Au fond, il n'y avait pas moyen de faire autrement, commente Me Nabil Daboussi, porte-parole de la fédération. En cette année de Coupe du monde, il fallait boucler le championnat dans les délais prescrits par la fédération internationale (Fifa). Celle-ci a fixé la date du 17 mai comme dead-line, un baisser de rideau des championnats nationaux. Ajoutez à cette directive de l'instance internationale suprême les journées repoussées par les autorités sportives et sécuritaires pour des raisons extrasportives. Vous vous rappelez du rythme effréné marqué par le championnat : on jouait régulièrement mercredi et dimanche afin d'être dans les délais», argumente-t-il. «Et puis, il y a un calendrier CAF (Confédération africaine) qui fait peu de cas de l'intérêt des pays d'Afrique du Nord. On dirait que ces derniers évoluent dans un tout autre continent», ajoute le président de la commission d'informatique et administrative, responsable de l'équipe nationale de futsal et beach-soccer, trésorier général adjoint et responsable de l'équipe nationale seniors. ESM : des structures décapitées «Le démarrage de la prochaine saison doit se faire a priori le 2 août, mais il pourrait être décalé pour le 9 août, d'autant que la Fédération internationale a annulé l'habituelle journée Fifa du mois d'août, à la demande des clubs européens, annonce Me Daboussi. Bien entendu, dans l'intérêt de l'équipe nationale qui entame les éliminatoires de la CAN-2015, il faudra que les joueurs aient quelques matches dans les jambes au moment de négocier la première rencontre devant le Botswana ou la Guinée-Bissau» . Forcément, les clubs ont du mal à intégrer tous ces paramètres. Dans le cas de l'ESMétlaoui, cinq joueurs avaient fixé la date de leur mariage à des dates qui coïncident désormais avec les matches de coupe et qui ne l'étaient pas avant les derniers remaniements apportés au calendrier. Le club du bassin minier avance également l'argument que trois joueurs sont blessés et qu'au bout du compte, les caisses sont à sec et ne permettent même plus de payer un déplacement jusqu'à Gabès où l'Etoile du Sud-Ouest va devoir rencontrer l'Avenir. Nous touchons là au cœur de l'affaire, le nerf de la guerre : les difficultés financières insolubles avaient amené le président de l'ESM, Boussaïri Boujlel, à annoncer son départ au soir de la dernière journée du championnat. Avec la conscience du devoir accompli : «Cela fait plusieurs longues saisons que je suis sur la brèche à cent pour cent dans cette superbe aventure où mon club a grimpé les échelons un à un, de la Ligue 3 à la L1, expliqua-t-il sur le coup. Evoluer parmi l'élite exige énormément de moyens et une implication sans faille, un investissement personnel très éprouvant», insiste Boujlel. Et la sélection? Dans la foulée, l'entraîneur Chokri Khatoui décida à son tour de s'en aller, arguant de raisons familiales, le ticket gagnant Boussaïri Boujlel-Chokri Khatoui ayant tiré sa révérence, que reste-t-il aujourd'hui au club «sang et or» de Métlaoui? Sans oublier le départ déjà certain de Imed Meniaoui au CA et peut-être de Slim Mezlini au mercato d'été. Et puis quel professionnalisme chez nous ! Le championnat ayant pris fin le 14 mai, la coupe ne reprendra que le 12 juin : un mois de perdu qui aurait pu permettre de boucler les quatre derniers tours de la coupe? «La sélection doit requérir notre intérêt, martèle Me Daboussi. Déjà le nouvel entraîneur George Leekens ne va pas pouvoir bénéficier d'un match amical au mois d'août en raison de l'annulation de la journée Fifa. Il ne fallait pas pour autant engager les éliminatoires de la CAN ‘‘en aveugle'' sans le moindre test capable d'apporter des repères. Voilà pourquoi les matches de Séoul et de Bruxelles sont à plus d'un titre précieux», renchérit-il. Il faut en tout cas admettre que le premier remaniement a dessiné en pointillé les contours de ceux qui allaient suivre. Chaque saison que Dieu créa apporte son lot de chambardement des dates. Finalement, le rabâchage des mêmes arguments fait reglisser le débat dans un échange stérile, parfois même byzantin.