Les entreprises publiques de transport feront l'objet d'une restructuration pour assurer leur pérennité et leur permettre de fournir aux usagers des prestations de qualité Le secteur du transport passe par de sérieuses difficultés et auxquelles le ministère de tutelle a prévu une stratégie articulé autour de plusieurs axes en vue d'offrir de meilleures prestations aux usagers. Lors du dialogue avec M. Chiheb Ben Ahmed, ministre du Transport, à l'Assemblée nationale constituante organisé hier, un éclairage a été donné au sujet de cette stratégie qui a déjà commencé à être appliquée. Le ministre a fait au début de la séance un exposé sur la situation du transport indiquant qu'une feuille de route a été mise au point au cours de cette année pour relancer ce secteur qui représente 8,5 du PIB, 11% de l'ensemble des investissements soit l'équivalent de 1500 MD par an. De 2011 à 2013, ces investissements ont atteint les 3.870 MD. Sur les 26 entreprises publiques de transport — qui font travailler près de 40.000 agents —, 20 passent par des difficultés financières. En 2014, le secteur a pu malgré tout réaliser une croissance de 3% grâce notamment à la relance des activités du transport aérien et des investissements de l'ordre de 1.700 MD. Le ministère compte assurer la restructuration des entreprises en difficulté en vue de relancer leurs activités tout en lançant un réseau de logistique — avec la création d'une agence de logistique — et en assurant la sécurité dans le domaine du transport sur tout le territoire de la République. Renforcement du réseau ferroviaire L'objectif est d'améliorer le classement de la Tunisie quant à la qualité du transport de la 110e place actuellement à la 60e place comme ce fut le cas avant la révolution. En fait, après la révolution, le secteur a connu une dégradation notable à tous les niveaux. Le ministère compte également améliorer le rendement des ports et notamment celui de Radès, renforcer la logistique en impliquant davantage les privés et asseoir la bonne gouvernance dans les administrations et les projets publics dont la réalisation sera accélérée. Parmi les projets prévus ceux qui concernent le Réseau ferroviaire rapide (RFR) et le port en eaux profondes à Enfidha. «Le ministère veut avoir une vision globale du secteur du transport à moyen terme», souligne le ministre. C'est dans ce cadre que seront restructurées les entreprises connaissant des difficultés financières dont le nombre est de 20 sur un ensemble de 26. Le déficit a atteint en 2013 1.400 MD. Le ministère de tutelle a élaboré une stratégie pour venir au secours de ces entreprises. Pour le financement des actions à mener dans le cadre de la restructuration, il a été proposé la création d'un «Fonds de retournement» et d'un «Fonds national d'impact». A l'origine des difficultés financières de ces entreprises plusieurs facteurs dont le coût du carburant qui a augmenté, les prix des pièces de rechange qui ont été revus à la hausse et le nombre des fonctionnaires travaillant dans le secteur. D'où la nécessité de concevoir une nouvelle démarche qui a été adoptée au ministère pour faire du transport collectif un acte volontaire et non pas obligatoire. Une agrégation des entreprises de transport a été également mise en place pour traiter au cas par cas la situation des 26 entreprises publiques de transport. L'importance du dialogue social Une commission regroupant les intervenants concernés a été constituée en vue de préparer un plan de redressement des entreprises en difficulté. Elle a formulé plusieurs recommandations dont celles qui concernent le cadre juridique, le cadre financier et le dialogue social. Il est nécessaire de revoir le contrôle et d'instituer des structures chargées de la gouvernance au sein des entreprises concernées. Le ministre a révélé, par ailleurs, que les données relatives au transport seront désormais diffusées régulièrement au public dans le cadre de la politique d'accès à l'information. La stratégie de transport comprend aussi la sécurité totale dans le réseau terrestre en s'alignant sur le transport aérien qui respecte les normes de sécurité et de qualité en vigueur. «Mais aucune ne peut être engagée sans un climat social serein», avertit le ministre. D'où, l'importance du dialogue social en impliquant tous les intervenants concernés pour assurer la pérennité des entreprises publiques. Quelque 77 séances de travail avec le syndicat ont déjà été organisées depuis la nomination du nouveau ministre. Cela explique l'absence de grèves dans les entreprises de transport publiques au cours de cette période. Le programme de travail du ministère comprend notamment le renforcement du transport ferroviaire et collectif. La Transtu a déjà lancé un appel d'offres pour l'acquisition de 350 bus dans le cadre d'un marché d'achat de 1.000 bus. Au programme aussi, l'organisation des secteurs des louages et des taxis. Le projet de métro de Sfax, la réhabilitation du réseau du TGM, les lignes ferroviaires Tunis-Kairouan et Gafsa-Gabès, le renforcement du transport régional... La compétence doit primer Lors de leurs interventions les députés ont évoqué plusieurs problèmes qui ont trait, entre autres, au transport régional, à l'octroi des autorisation pour les taxis et les louages, au transport aérien et ferroviaire, aux nominations au sein des entreprises publiques... Le député Hafedh Lassoued a indiqué que le transport aérien dans l'aéroport de Tozeur a connu un recul suite à une mauvaise programmation des vols, ce qui a eu un impact négatif sur le secteur du tourisme. Mme Nadia Chaâbane s'est intéressée, quant à elle, aux nominations au sein des entreprises publiques de transport indiquant que la compétence devrait primer et non pas les appartenances aux partis de la Troïka qui a marqué son parcours par un échec. Elle a critiqué aussi la ligne nouvellement créée entre Tunis et Erbil en Irak se demandant quelle est la rentabilité d'une telle ligne. Le député Chokri Kastalli a mis en exergue le danger que représente encore le train qui a fait des victimes au cours de la dernière période. Il a proposé, d'autre part, de réactiver la ligne ferroviaire entre Béja et Bizerte. Le député Ali Houiji a remarqué, quant à lui, que plusieurs administrations relevant des entreprises de transport se caractérisent par l'absence des employés. C'est un phénomène qui devient généralisé. Il a voulu savoir, en outre, si les augmentations des prix du transport vont être appliquées. Des prix préférentiels Le transport clandestin a été évoqué par le député Fayçal Jedlaoui estimant que ce genre de transport est dépourvu des moyens de sécurité les plus élémentaires et constitue un risque pour les usagers. Il a proposé d'intégrer ces transporteurs dans le circuit organisé ou de les empêcher d'exercer une activité à haut risque. Répondant aux questions des députés, le ministre a indiqué en substance que les lignes non rentables de l'aéroport de Tozeur ont été revues compte tenu de la situation financière difficile de la compagnie Tunisair. Mais il a été proposé d'effectuer des vols intérieurs vers Tozeur à partir de l'aéroport international de Tunis-Carthage. Des prix préférentiels pourraient être adoptés sur les lignes Lyon-Tozeur et Nice-Tozeur qui connaissent une bonne affluence. Aussi, dans le cadre des actions promotionnelles, 200 billets gratuits seront distribués aux Tunisiens résidant à l'étranger sur les vols et sur les lignes maritimes. Pour ce qui est des nominations, le ministre a indiqué que les appartenances politiques ne sont pas prises en compte. Ce qui compte, selon lui, c'est la compétence, la bonne conduite et l'amour de la patrie. Il a indiqué que la ligne entre Tunis et Erbil a trouvé un bon écho auprès de 54 hommes d'affaires. Un bureau consulaire dans cette ville pourrait fournir le visa en 48 heures seulement. Quant à l'octroi des autorisations des taxis, chaque région a été tenue d'élaborer une étude pour connaître les besoins et d'agir en conséquence. Il s'est avéré, par exemple, que la région de Zaghouan a encore besoin de transporteurs privés contrairement à d'autres régions.