Marzouki et Ben Jaâfar avancent. Nida, Ennahdha et le Front reculent. Essebsi et Jomaâ indétrônables Les Tunisiens sont décidément inconsolables. Insatisfaits et inquiets. Ils boudent les politiques et sont près de 40% à former le bloc des abstentionnistes à quelques mois des élections. Ce sont les sondages politiques qui le disent. Ont-ils tort ? Ont-ils raison ? Faut-il se fier ou se méfier des sondages politiques ? Les résultats des prochaines élections trancheront. En attendant, on peut dire ce qu'on veut des sondages, il n'en demeure pas moins qu'ils suscitent la curiosité et déchaînent les analyses passionnées. Et pour cause. Le dernier sondage en date effectué par Emrohd Consulting du 10 au 13 juin, sur un échatillon de 1.250 personnes interrogées par téléphone, révèle un inversement de certaines tendances par rapport au mois d'avril. A noter que le sondage, dont les résultats ont été donnés hier par le président de l'Institut, Nabil Belaam, s'est intéressé à trois axes : l'évaluation du rendement des trois présidents, les intentions de vote pour les partis et les personnalités politiques et les indicateurs d'optimisme et de pessimisme économique et sécuritaire. Changement dans le paysage politique Première surprise. L'évaluation du travail et du rendement des trois présidents donne 8 points de plus au président provisoire de la République, Moncef Marzouki, et au président de l'ANC, Mustapha Ben Jaâfar, qui passent respectivement de 20,4% à 28,3% et de 26,6 à 34,3%. Pour ce qui est du chef du gouvernement de technocrates, Mehdi Jomaâ, dont la cote de popularité demeure élevée, la tendance amorce tout de même une petite baisse de 0,5%, passant de 62,8% à 62,3%. En se basant sur les derniers événements sécuritaires et politiques, les analystes y verront sans doute des indices révélateurs. Deuxième surprise: changement dans le paysage politique à la lumière des intentions de vote, à quelques mois des élections. A la question : pour quel parti politique voteriez-vous, si les élections avaient lieu demain ? Réponses spontanées. A l'exception de Nida Tounès, Ennahdha et du Front populaire, tous les autres partis — Al Joumhouri, Ettahrir, CPR, Afek, El Moubadra ... — ont marqué des points dans le sondage. El Haraka Al Watanya fait même son apparition. En revanche, moins 6 points pour Nida et pour Ennahdha au moment où Ettakatol détrône le Front populaire et lui rafle le 3e rang. Fort taux d'abstention Du côté des personnalités politiques, Béji Caïd Essebsi est toujours en tête (19,1%) loin devant, même s'il a perdu du terrain (-0,6) tout comme Hammadi Jebali (-1,5 %) qui vient en 3e position (3,7%). En ravanche, Moncef Marzouki, avec + 3,2 % des intentions de vote, grimpe à la 2e position (7e en avril) malgré un faible score (5,1%). Kamel Morjane aussi avance (+2,4%) et vient à la 4e place (3,5%). Mohamed Abbou fait son apparition (+1,9%) et clôt le top five (3,2%). En fin de liste, ex æquo, Ahmed Nejib Chebbi, Rached Ghannouchi et Hechmi Hamdi avec 1% des intentions de vote. Parallèlement, le taux d'abstention reste élevé, avoisinnant les 40%. Pour le choix des partis, les indécis ont augmenté entre avril et juin, passant de 14,1% à 25,8%. Et 4,2% refusent carrément de voter. Pour les personnalités politiques, 21,6% des personnes interrogées ne savent pas encore qui choisir. En ce qui concerne la situation économique, 52% pensent qu'elle s'améliore contre 36,4% qui estiment qu'elle se dégrade. Par rapport à la menace terroriste, qui affiche un pic à chaque événement tragique, 52,4% la trouvent élevée. Quant aux perspectives des prochains jours, 70,7% se déclarent optimistes contre 21,5 % de pessimistes.