Le stock régulateur en produits alimentaires essentiels assuré. Le stock de sécurité en céréales dépasse deux mois A la veille du mois de Ramadan, mois de jeûne et de piété, de ferveur religieuse mais également gastronomique, le sujet d'actualité est inévitablement celui de la disponibilité des produits, surtout alimentaires, sur le marché, des prix à la consommation et du pouvoir d'achat du Tunisien. Le ministre de l'Agriculture, M. Lassaad Lachaal, a, hier, au cours d'un point de presse, rassuré les Tunisiens en affirmant que le marché se caractérise par l'abondance de tous les produits, qu'il n'y a aucun risque de pénurie et que la maîtrise des prix dépendra de la rationalisation de la consommation. Malgré une augmentation de 50% de la consommation au cours du mois de Ramadan, « toutes les dispositions ont été prises, depuis le début de l'année avec la coopération du ministère de l'Economie et des Finances, pour constituer le stock régulateur du marché », a précisé le ministre. En chiffres, cela correspond à 50 millions de litres de lait, 45 millions d'œufs, 40 000 tonnes de pomme de terre, 2.000 tonnes de poulet et 200 tonnes de dindon (500 autres tonnes vont être importées par le ministère du Commerce au cours de Ramadan). Pour les viandes rouges, le ministère du commerce a importé des quantités suffisantes de viande ovine réfrigérée pour réguler le marché. Le kilo sera vendu au consommateur à 17,200 dinars, soit 10 à 15 % moins cher que la viande locale. Répondant à la question de La Presse sur l'opposition des agriculteurs à l'importation des viandes et de tout autre produit alimentaire, considérant que cette opération porte atteinte à la production locale, le ministre a précisé que « les opérations d'importation sont décidées en coordination avec les professionnels (Utap, Utica...) et que les quantités importées sont étudiées dans le but de réguler le marché ou de pallier les pénuries ». Aucune raison à l'engouement Quant à l'évolution des prix, « il faut maîtriser la consommation et ne pas céder à l'engouement », a conseillé le ministre. Indiquant que la production nationale des fruits et légumes a affiché une nette augmentation de 10 à 20%, le ministre explique que le marché sera régulé naturellement par la loi de l'offre et de la demande et qu'une pression au niveau de la demande engendrera systématiquement une hausse des prix. Inutile donc de se bousculer ou de poireauter pendant des heures pour s'approvisionner en quelque produit que ce soit. Autre point évoqué, non moins important, le devoir citoyen à accomplir en « consommant tunisien », pour aider ainsi les agriculteurs locaux dont la majorité est confrontée à des problèmes d'endettement et de survie dans la profession. Un litige oppose, en effet, actuellement les agriculteurs et le ministère de tutelle à propos des conditions (au nombre de 4) d'effacement de la dette atteignant un plafond de 5.000 dinars au 31 décembre 2012 et qui touche environ 100 mille petits agriculteurs. La dette ne doit pas dépasser 5.000 dinars, l'agriculteur doit prouver qu'il poursuit son activité et qu'il est dans l'incapacité de rembourser sa dette et la demande d'effacement de la dette doit parvenir avant le 31 décembre 2015. M. Lassaâd Lachaâl a expliqué que ces conditions ont été fixées par une commission technique présidée par le gouverneur de chaque région sur la base d'indicateurs. Ainsi, l'activité de l'agriculteur est prouvée si ce dernier continue de bénéficier de la subvention du carburant et la compensation sur la matière première. L'incapacité à rembourser la dette sera avalisée en cas de catastrophe naturelle ou si l'agriculteur est inscrit dans la liste des familles nécessiteuses. Ces conditions d'éligibilité à l'effacement de la dette sont considérées comme objectives et logiques par les autorités de tutelle mais injustes et irréalistes par les agriculteurs qui n'ont pas manqué de le faire savoir aux autorités de tutelle. Moisson record, importation de blé tendre Dernier point évoqué par le ministre : l'évolution de la saison de la moisson. « Record et conforme aux prévisions », assure le ministre de l'Agriculture. La moisson atteindra cette année 23,6 millions de quintaux de céréales, dont 4,5 MQ ont été récoltés. Le ministre affirme également que le stock de sécurité (blé dur et tendre, orge) de deux mois est non seulement assuré et que les quantités disponibles couvrent jusqu'à trois mois de consommation. A noter que la consommation nationale annuelle de blé dur est de 10 MQ par an (85.000 tonnes par mois), 11 MQ de blé tendre et 7 MQ d'orge dont 5MQ importés. « Malgré une moisson record, nous allons importer en juillet du blé tendre (50 mille tonnes) car actuellement le cours mondial de cette céréale est en légère baisse », ajoute-t-il. S'agissant de l'opération importante de stockage, M. L. Lachaal a indiqué que la capacité nationale de collecte est de 7,3 MQ et la capacité de stockage de 6 MQ dans 22 silos appartenant à l'Office des céréales.