Autant la pauvreté a baissé dans les zones urbaines autant elle reste élevée dans les zones rurales notamment celles du Centre-Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et du Sud-Est La Tunisie réussira-t-elle à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement pour l'année 2015? Tous les gouvernements se sont engagés à réduire de moitié la pauvreté d'ici 2015. En Tunisie, cet objectif a été pratiquement atteint. Les récentes enquêtes sur le budget et la consommation des ménages ont montré que la pauvreté a reculé depuis 1980. En effet, le taux de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour a sensiblement baissé passant de 5,87% en 1990 à 1,06% en 2010. Toutefois, si ce taux a baissé depuis 1990, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté n'a, par contre, pas connu de baisse bien que le gouvernement ait consenti de nombreux investissements et réalisé des projets pour améliorer la situation économique et sociale dans les régions défavorisées. La pauvreté a baissé à l'échelle nationale mais de grandes disparités existent entre les régions. Autant elle a diminué dans les zones urbaines autant elle reste élevée dans les zones rurales notamment celles du Centre-Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et du Sud-Est. La pauvreté a toutefois reculé dans les régions côtières et dans l'ouest du pays mais reste à un niveau relativement élevé. En 2010, la pauvreté touchait une personne sur trois dans le Centre-Ouest, une personne sur quatre dans le Nord-Ouest et une personne sur cinq dans le Sud-Ouest. L'extrême pauvreté est également très présente dans les régions. Le nombre d'habitants du Nord-Ouest et du Centre-Ouest vivant sous le seuil de l'extrême pauvreté est de huit à dix fois plus élevé que dans le Grand-Tunis. Le constat est le même pour la malnutrition. La Tunisie a enregistré une baisse du nombre d'enfants souffrant d'une insuffisance pondérale ou d'un retard de croissance. Le taux de malnutrition a, en effet, baissé de moitié au cours des deux dernières décennies mais le retard de croissance touchant les enfants a évolué de manière différente d'une région à l'autre. C'est également aux dépenses consacrées à la consommation qu'on mesure le taux de pauvreté des ménages. Dans les années 90, ces dépenses sont peu élevées. Seuls 20% des ménages sondés consacrent une part élevée de leurs revenus aux dépenses liées à l'alimentation. Depuis la fin des années 80, des programmes de soutien aux familles défavorisées ont été mis en place mais n'ont pas profité à tout le monde. Le principal programme de soutien aux familles pauvres créé en 1986 et qui couvre l'ensemble du territoire en accordant des aides financières directes et un accès gratuit aux soins aux familles nécessiteuses a profité davantage à certaines régions plutôt qu'à d'autres. En effet, le nombre de bénéficiaires de ce programme est plus élevé dans les régions du Nord-Ouest et du Centre-Ouest. A l'avenir, le gouvernement devrait réfléchir à des outils et des programmes qui favorisent une meilleure équité sociale afin de mieux agir sur la pauvreté.