Après avoir été un pays exportateur de poires, la Tunisie pourrait en importer dès cette année. Les maladies incurables et dévastatrices menacent également à court terme les agrumes et les pommes. La situation est inquiétante. Des milliers d'hectares d'arboricultures sont en train d'être décimés par des parasites virulents comme le feu bactérien et le Tristeza. Le premier, le feu bactérien, une bactérie responsable d'une des plus dangereuses maladies attaquant les poiriers et les pommiers, a détruit, à La Manouba, au moins 6000 ha de poiriers, l'équivalent de 70% de la production nationale. Et le mal continue d'avancer et de s'étendre dangereusement. «D'ici la fin de l'été, peut-être avant, on n'aura plus aucun fruit ; et après avoir été exportateurs de poires, nous serons amenés à en importer», assure M. Abdelmajid Ezzar, président de l'UTAP. La bactérie a également commencé à frapper les pommiers, notamment dans le gouvernorat de Siliana. Maladies dévastatrices et incurables Le virus Tristeza sévit, lui, au Cap Bon surtout, pays des agrumes. Il détruit particulièrement les citrus. Actuellement, on estime à 3000 ha la superficie d'agrumes anéantie par ce virus. La particularité de ces maladies est qu'elles sont incurables et dès que le mal commence à se répandre, rien ne l'arrête plus. Les autorités de tutelle avec les professionnels ont tenté de mettre au point en 2013 une stratégie de lutte contre ces maladies «mais celle-ci s'est avérée inefficace, voire inutile», explique encore M. Ezzar. «Depuis, rien n'a été fait, aucune nouvelle stratégie n'est envisagée, on laisse aller tout simplement et même les agriculteurs sinistrés n'ont pas été indemnisés», avance M. Ezzar, laissant penser que le ministère de l'Agriculture a fini par jeter l'éponge. Pour le président de l'UTAP, il n'y a aucun doute sur l'origine de ces maladies dévastatrices. «Ces maladies viennent de l'extérieur et sont acheminées surtout par le biais de la contrebande et du trafic». Ce phénomène qui touche toute sorte de produits dont les plantes a pris de l'ampleur ces dernières années défiant toutes les mesures de contrôle et les tentatives de préservation des intérêts nationaux. Les cultures locales ont donc été touchées et des problèmes phytosanitaires sont apparus engendrant d'importants dégâts dans les champs et cultures, d'autant que la plupart des agriculteurs - qui ne sont que de petits agriculteurs- n'ont pas les moyens d'y faire face. Mauvaise qualité des graines importées La seconde cause serait liée aux graines de semences importées légalement. «Ces graines ne sont pas de bonne qualité et sont à usage unique ; il faut donc en importer en grande quantité ; c'est l'épée de Damoclès tenue par les grandes puissances qui gèrent le commerce international et qui nous imposent des solutions pour le moins qu'on puisse dire discutables». Il est un fait indéniable, dans tous les cas d'espèce : la qualité des fruits et des légumes tunisiens (aspect physique, saveur, durée de conservation) s'est beaucoup dégradée ces dernières années. C'est même visible à l'œil nu et de plus en plus frappant, pour les avertis. Oranges, tomates, pastèque et bien d'autres produits encore ont perdu de leur luminosité et de cette saveur aromatisée propre à la région méditerranéenne et qui faisait leur réputation.