Une équipe joueuse, mais expérimentée avec le meilleur gardien du monde et l'un des tout meilleurs avants-centres. Sur le papier, si on écoutait les Bleus, les Allemands sont injouables. Mais en grattant, on observe quelques aspérités. Claudio Catuogno, spécialiste de la Mannschaft pour le célèbre quotidien Süddeutsche Zeitung (deuxième quotidien allemand derrière Bild), nous éclaire sur les vraies forces et faiblesses de cette sélection. En dépit de ce qu'en pense l'équipe de France. Les côtés, le point fort de l'Allemagne : faux Les ailes, c'est peut-être de là que peut venir le salut des Français. Obligés de rapatrier Philipp Lahm dans l'axe, les Allemands se sont déplumés près de la craie. En défense, ils y font jouer deux centraux de formation (Jérôme Boateng et Benedikt Howedes) incapables de déborder et d'amener le surnombre. Devant, Mesut Özil traîne son spleen, lui qui revendique l'axe occupé par Toni Kroos. Et le meneur d'Arsenal ne fait pas l'unanimité en sélection.Ce qu'en pense Claudio Catuogno : «Sur les côtés, les Allemands ne sont pas bons du tout. Normalement, c'est Lahm qui joue à droite et c'est l'un des meilleurs du monde à ce poste. Il a été replacé au centre parce que Sami Khedira et Bastian Schweinsteiger ne sont pas à leur meilleur niveau et qu'ils ne peuvent pas jouer ensemble. On ne peut pas aligner les deux en même temps. Ce sont Höwedes, à gauche, et Boateng, à droite, qui ne débordent pas et ne savent pas centrer. Özil, c'est vrai un problème. Il a avoué qu'il préférait jouer dans l'axe et qu'il avait du mal à trouver sa place dans cette équipe. Il a des moments géniaux, c'est pour cela que Löw ne le touche pas. Mais, en Allemagne, on dit qu'Özil joue ses meilleurs matches quand l'Allemagne mène déjà au score.» Müller, l'un des meilleurs attaquants du monde : en grande partie vrai Les Allemands ont un grand buteur devant. En tant que défenseur, j'essaie de m'adapter à l'attaquant que j'ai en face. Lui fait une belle compétition. «Il n'a pas de muscles. Mais aujourd'hui, il a été très fort.» Voilà tout Müller résumé en une phrase par Diego Maradona. L'avant-centre de l'Allemagne n'en est pas vraiment un. Peu orthodoxe, il se distingue par sa roublardise et son sens du but, pas par son physique de déménageur. Mais le bougre en est déjà à 9 buts en Coupe du monde à 24 ans. Il n'a pas la technique d'un Ronaldo ni la vitesse d'exécution d'un Messi, mais il plante. Au Bayern comme en sélection. Ce qu'en pense Claudio Catuogno : «Müller n'est pas vraiment un attaquant comme Benzema. Il peut marquer, mais quand ce sont des matches intensifs et qu'il est privé d'espace, il peut avoir des problèmes. Surtout face à des défenses physiques.» Une équipe joueuse : de moins en moins vrai On est conscient que l'équipe allemande est joueuse et habituée à avoir le ballon. La France aime avoir le ballon et maîtriser les débats. Ce sera compliqué face à l'Allemagne, un adversaire qui vise le même objectif. Depuis le début de cette Coupe du monde, les Allemands ont tendance à confisquer le jeu avec une possession proche des 59% de moyenne. Mais ils ne frappent pas beaucoup plus au but que leur adversaire et leur possession peut être stérile. Ce qu'en pense Claudio Catuogno: «Dans cette Coupe du monde, l'Allemagne vise avant tout l'efficacité. L'objectif est de gagner, moins de bien jouer. Löw est un entraîneur romantique, il adore le style espagnol, mais il s'est adapté aux possibilités de son équipe. Il n'a pas vraiment les joueurs pour soulever les foules. Aujourd'hui, l'Allemagne, c'est du pragmatisme. Son style a changé juste avant la Coupe du monde.»