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Kurdistan irakien : le rêve et la réalité
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 07 - 2014


Par Hmida BEN ROMDHANE
En janvier 2011, au moment où l'indépendance du Sud-Soudan devenait effective, un des leaders kurdes irakiens les plus en vue, Barham Salih, exultait sur son compte twitter : « L'histoire est en marche au Sud-Soudan. Moralité : le génocide n'affecte en rien le droit à l'autodétermination. »
L'histoire dont les convulsions au Sud-Soudan remplissaient d'aise Barham Salih, n'était pourtant pas très tendre avec les Kurdes. Bien qu'ils formassent une ethnie d'une homogénéité rare dans la région, les Kurdes étaient privés d'un Etat souverain qui les rassemblerait, alors qu'une telle structure était arbitrairement édifiée dans des espaces géographiques où régnaient la haine confessionnelle et les déchirements ethniques.
Le rêve kurde de réparer cette injustice de l'histoire en édifiant leur propre Etat ne date pas d'hier. Alors que la guerre froide faisait rage, Mustapha Barzani (le père de Masoud) déclencha en 1961 la révolte kurde contre le pouvoir central à Bagdad dans le but d'édifier un Etat indépendant.
La révolte périclitait jusqu'en 1972 quand le président américain Richard Nixon, dans une tentative d'affaiblir la coalition arabe contre Israël et de punir le régime irakien pour son rapprochement avec l'Union soviétique, donna carte blanche à la CIA pour aider la révolte kurde, ce qu'attendait impatiemment le Chah d'Iran pour régler ses compte avec l' « ennemi historique » irakien.
La combine mise en œuvre par Nixon ne dura pas plus de trois ans. En 1975, l'accord irano-irakien signé à Alger engendra l'arrêt de l'aide américano-iranienne à la révolte initiée par Barzani. Les troupes de Saddam imposèrent l'ordre dans les montagnes du nord et le rêve kurde à un Etat indépendant s'évanouit pendant de longues décennies.
La guerre de 1991, provoquée par l'invasion irakienne du Koweït, souleva de nouveau quelques espoirs chez les Kurdes qui se rendaient vite à l'évidence que les conditions étaient toujours défavorables à la construction de leur Etat et durent se contenter d'une simple autonomie.
Paradoxalement, c'est l'entrée en scène avec fracas de leurs pires ennemis, les djihadistes de Daech, à Mossoul qui ressuscita, de manière sérieuse cette fois, le rêve kurde à l'indépendance effective. L'invasion de Mossoul (gouvernorat voisin du gouvernorat kurde de Dohuk) par les terroristes de Daech ouvrit soudainement et de manière inespérée les portes de la ville de Kirkouk aux forces des peshmergas.
Les terroristes de Daech ont exploité de manière efficace la grogne sunnite contre Nouri Al-Maliki en particulier et le pouvoir central à Bagdad en général. La déconfiture de l'armée irakienne à Mossoul d'abord et dans d'autres villes peuplées de sunnites ensuite a ouvert la voie aux milliers de djihadistes de Daech qui ont déferlé dans les gouvernorats d'Al Anbar et de Salaheddine, mais aussi, dans le cas qui nous intéresse, aux forces des peshmergas qui n'ont pas raté l'occasion de cueillir le fruit, « enfin mûr », de Kirkouk.
Pour les Kurdes, Kirkouk est au cœur de l'injustice infligée à leur peuple. Ville majoritairement kurde au départ, elle était devenue majoritairement arabe à la suite de la politique de « déplacements forcés de populations » mise en place par Saddam Hussein dans les années 1970. Le retour des Kurdes dans cette ville il y a quelques semaines est perçu comme « une réparation tardive » d'une injustice subie il y a quatre décennies.
Mais Kirkouk a une autre valeur importante pour la réalisation du rêve kurde : la richesse pétrolière substantielle dont les revenus sont indispensables à un Etat qui se veut viable. Kirkouk sous domination des peshmergas est une divine surprise pour les Kurdes et un désastre pour le gouvernement central à Bagdad. Les Kurdes pestent contre la politique de Nouri Al Maliki et lui font assumer une grande part de responsabilité dans les risques grandissants qui pèsent sur l'unité de l'Irak. Mais, au fond d'eux-mêmes, ils ne peuvent pas ne pas le remercier pour avoir, par huit ans de politique catastrophique, précipité une situation nouvelle qui rend « caduques » les frontières irakiennes tracées par l'accord Sykes-Picot que la Grande-Bretagne et la France avaient signé secrètement le 16 mai 1916.
Le chef de la région autonome du Kurdistan irakien, Masoud Barzani, semble décidé à organiser un référendum au cours duquel les Kurdes se verront poser la question s'ils veulent un Etat indépendant ou continuer à vivre au sein de l'entité irakienne. Le résultat serait sans doute identique à celui d'un référendum au cours duquel une population carcérale est invitée à choisir entre la liberté et la poursuite de l'incarcération.
Masoud Barzani sait pertinemment que pratiquement 100% des Kurdes voteront pour l'indépendance. Ses soucis sont donc ailleurs. Tout d'abord l'Etat irakien, même au bord de l'effondrement, n'a pas dit son dernier mot. L'obstacle Maliki pourrait être écarté à tout moment et un gouvernement d'union nationale pourrait être formé, ce qui remettrait en question la stratégie indépendantiste de Masoud Barzani.
L'autre souci majeur des indépendantistes kurdes est l'opposition de la Turquie et des Etats-Unis à leur projet de sécession. Le seul et unique soutien dont disposent actuellement les Kurdes est un soutien douteux et dont ils souhaitent s'en passer. Il leur vient d'Israël. Les kurdes ne sont pas au bout de leur peine et leur rêve est encore loin encore d'être une réalité.


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