Les Tunisiens scandalisés par le soutien du président français à Israël Le président français assure Israël de la solidarité inconditionnelle de la France. Encore une fois, la France se positionne corps et âme avec Israël. Ce dernier a décrété depuis quelques jours la mort à tout vent en Palestine occupée, plus particulièrement dans la bande de Gaza. Qu'importe, la conscience internationale, si tant est qu'elle existe, est chloroformée par le Mondial au Brésil et par la propagande des réseaux pro-israéliens sur-actifs en Amérique et dans l'Hexagone plus qu'ailleurs. Mais que François Hollande, le président de la République française, pique ainsi, tête en avant, dans l'amalgame, c'est pour le moins douteux. On ne saurait prétendre qu'il n'a pas été mis au courant. Ou qu'il a été floué. Ou que, la myopie politique aidant, il a pris la proie pour l'ombre, et vice-versa. Le communiqué de l'Elysée est on ne peut plus emblématique. Et révoltant. Ainsi donc, le président François Hollande a-t-il tenu à exprimer, haut et fort la «solidarité» de la France avec Israël face aux «agressions palestiniennes». Il ne cite bien évidemment pas les centaines de victimes palestiniennes, décimées par les bombardements aveugles de l'aviation et la soldatesque israélienne contre la population civile. Le parti pris aveugle travestit la douloureuse réalité. Angela Merkel, la chancelière allemande, n'est guère en reste, elle aussi. Elle a exprimé le soutien inconditionnel et à perpétuelle demeure de l'Allemagne à Israël. A l'instar des principaux dirigeants et ténors du monde dit libre. François Hollande cède, ce faisant, aux pulsions électoralistes primaires d'un chef de clan perdu au milieu d'une France profonde déroutée, hagarde et n'en pouvant plus guère. Les dernières élections européennes ont mis au jour la double montée de l'extrême droite nationaliste du Front national, ainsi que la chute et le déclin historique inédits des socialistes. Voulant sans nul doute se positionner en vue d'autres scrutins, François Hollande a jugé bon de ménager la chèvre et le chou en quelque sorte. D'un côté, s'assurer le soutien des réseaux occultes pro-israéliens qui ont leur mot à dire dans les élections françaises, de l'autre, marcher sur les plates-bandes du Front national en chassant sur son territoire. La frilosité identitaire veut qu'on casse toujours de l'Arabe. Soit, une partie essentielle se joue, il faut en être, se dit François Hollande à part soi. Et la fameuse politique arabe de la France ? On s'en soucie depuis des lustres comme d'une guigne. Lorsqu'on lui avait rapporté qu'il y a eu des milliers de victimes tunisiennes à Bizerte, tombées sous les balles des soldats français, le général De Gaulle avait répliqué: «Le sang sèche vite». François Hollande y croit lui aussi. Hollande le va-t-en-guerre compense à l'extérieur sa déconfiture et celle de son parti à l'intérieur. Le 31 août dernier, il avait préparé le ban et l'arrière-ban, avait tenu un conseil de guerre et peaufiné la couverture médiatique préalable en vue du bombardement de la Syrie par les rafales français, qui devait intervenir à trois heures du matin. Un coup de fil de Barck Obama l'en avait dissuadé in extremis, à la dernière heure. Il avait, dit-on, passé des heures prosterné, privé qu'il était de son triomphe sans gloire. La même illusion l'avait embarqué dans une expédition militaire fantasque au Mali, soldée par un demi-échec, et tétanisé en République Centrafricaine. Aujourd'hui, l'opinion tunisienne est blasée, dégoûtée par ces stratagèmes de mauvais aloi. Elle cherche à s'exprimer par différents moyens, dire sa sainte colère. Encore une fois, la cause palestinienne est foulée aux pieds par les ténors du monde dit libre. Le même qui avait livré la Libye aux réseaux d'Al Qaïda et enfanté les pires extrémistes religieux des dernières décennies en Syrie et Irak. Les envolées lyriques sur la complémentarité et le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée s'avèrent oiseuses. Silence on tue en Palestine. Israël a les coudées franches pour sa sale besogne sanguinaire. Le monde arabe est émietté, fourvoyé dans les conflits ethniques et confessionnels sur fond de manipulations impériales. Entre-temps, les ambassades étrangères n'en finissent guère de s'immiscer dans les interstices de la politique tunisienne. Moyennant, il est vrai, une classe politique qui s'y prête à qui mieux-mieux. La misère des jours veut qu'il en soit ainsi. Avec, en prime, la rencontre au sommet des différents Etats d'une nuée de gens ténébreux dont l'incompétence et l'inconsistance sont inégalées. Ici et ailleurs, la médiocratie l'emporte. Au grand dam des valeurs humanitaires, de la liberté et de la dignité.