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Menaces sur les élections
TRIBUNE
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 07 - 2014


Par Brahim Oueslati
"Quant à vouloir s'imposer à ses concitoyens par la violence, c'est toujours chose odieuse même si l'on se donne pour but de réformer des abus". (Salluste)
Encore trois mois et quelques jours nous séparent de la première échéance électorale, celle des législatives dont la date a été fixée au dimanche 26 octobre, laquelle sera suivie d'une ou de deux autres pour les présidentielles, la première le 23 novembre et la deuxième dépendra de l'éventualité d'un second tour et du bon vouloir de l'Isie. Mais la boucle devra être bouclée avant la fin de l'année en cours. C'est ainsi qu'en ont décidé nos constituants qui, sous la pression, ont inscrit dans la nouvelle Constitution cette date butoir : «Les élections présidentielles et législatives sont tenues dans une périodecommençant 4 mois après la mise en place de l'Isie, sans que cela ne dépasse, dans tous les cas, la fin de l'année 2014». Ces même constituants qui, charité bien ordonnée commence par soi-même, n'ont pas oublié de perpétuer leur bail au palais du Bardo, en s'autoproclamant parlementaires, après la fin de leur mission constitutive, s'attribuant de nouvelles «compétences législatives, électorales et de contrôle», semblent ne pas avoir bien calculé la mesure exacte de cette décision. Il est vrai qu'ils étaient mis sous pression mais ils auraient pu ou dû laisser la porte entrouverte, en cas d'imprévus ou d'aléas rendant difficile l'organisation des élections avant fin décembre 2014. Maintenant que l ‘Instance des élections est mise en place et que la loi électorale est votée et promulguée et les choix sont très limités,tous les ingrédients ne semblent pas encore réunis pour réussir les prochaines élections.
L'Isie attaquée sur son indépendance
A peine installés, les membres de la nouvelle Isie, qui bénéficient des indemnités de secrétaires d'Etat, sont déjà attaqués sur leur partialité et leur neutralité. Certains partis politiques, comme Nida Tounès, sont allés jusqu'à mettre en cause l'indépendance de cette Instance, émettant des réserves sur plusieurs membres des instances régionales, relevant des accointances avec d'autres formations et un choix délibéré de noms ayant figuré sur des listes électorales de partis politiques lors des élections de l'Assemblée nationale constituante. A son tour la société civile relève «plusieurs dysfonctionnements pouvant porter préjudice à la bonne marche des prochaines élections». La Dynamique citoyenne des Tunisiens à l'étranger (Dcte), ne mâche pas ses mots qui, dans un communiqué, s'attaque au «mode opératoire choisi par l'Isiequi a montré ses limites en privant des milliers de citoyens de la possibilité de s'inscrire; il a, en outre, mis à nu l'incompétence criante de ceux qui ont été chargés d'en assurer le bon déroulement». Elle appelle, même, «à la révision de la loi électorale dans le sens de la modification du calendrier des élections pour permettre la prolongation des délais d'inscription». Il est vrai que l'opération des inscriptions sur les listes électorales, démarrée le 23 juin dernier, piétine encore. Elle devrait, en principe, toucher les nouveaux électeurs parmi les jeunes ayant atteint l'âge de vote, 18 ans accomplis, et dont le nombre avoisine les 880.000, en plus des quelque 3 millions 870 mille de non-inscrits lors du scrutin du 23 octobre 2011. Jusque-là, sur un total de plus de 4 millions 500 mille électeurs potentiels, même pas une centaine de milliers ont été inscrits. Maigre moisson qui n'augure rien de bon quant à la suite du processus et qui annonce déjà un fort taux d'abstention, notamment parmi les jeunes. Le slogan choisi n'a pas accroché, parce que trop galvaudé, la campagne de sensibilisation a montré ses limites et les membres de l'Isie ont péché par manque d'idées, de professionnalisme et d'expérience, parce qu'ils n'ont pas élargi la consultation et n'ont pas puisé dans d'autres ressources.
Les critiques font, parfois, place aux accusations quant à une volonté délibérée de reproduire le paysage politique issu des élections du 23 octobre 2011, arguant du fait que les nouveaux électeurs, une fois inscrits et mobilisés, pourront agir sur les résultats des prochains scrutins au profit de nouvelles forces politiques émergentes, et rééquilibrer le paysage actuel largement favorable à Ennahdha. Mais ce qui est évident c'est qu'à une centaine de jours de la première échéance, le flou domine, les difficultés s'accumulent et le chemin est semé de beaucoup d'embûches. Les partis politiques qui commencent à crier au loup, remettent, dores et déjà, en question l'intégrité et la transparence des élections. Un fort taux d'abstention risquerait de porter un coup dur à la légitimité des futures institutions républicaines et porterait préjudice aux scrutins annoncés.
Le terrorisme, la vraie menace
qui pèse sur les élections
Sur un autre plan, et ce n'est pas des moindres, si ce n'est le plus important, le climat général qui prévaut actuellement dans le pays n'augure rien de bon. Le gouvernement Mehdi Jomaa peine à concrétiser la feuille de route qui lui a été assignée. Le terrorisme, malgré les quelques réussites réalisées jusque-là, rebondit, à chaque fois, dans une nouvelle région, et on n'est pas à l'abri d'une recrudescence de ce phénomène tellement on connaît la tactique de ses commanditaires pour qui élections et démocratie riment avec hérésie. Et c'est une menace réelle qui pèse sur les élections et dont la conséquence serait un fort taux d'abstention. Ce phénomène se trouve, aujourd'hui, aggravé par un autre non moins dangereux, à savoir le trafic de tous genres: armes, drogues, produits prohibés...et qui est le corollaire du terrorisme et ne ferait que profiter aux «hors-la-loi». Les forces de sécurité et l'armée nationale, malgré leur patriotisme affiché et leur bonne volonté, ont, déjà, du mal à contenir ces deux phénomènes et leurs efforts risqueraient de s'amoindrir encore plus avec la sécurisation des prochaines élections.
Sans aller jusqu'à le taxer de laxiste, le gouvernement «des compétences» fait, également, face à une fronde de plusieurs corps de métiers et n'arrive pas à contenir la grogne de certains syndicats trop revendicatifs et que même l'Ugtt se sent incapable de dompter. En plus des augmentations régulières des prix de plusieurs produits, la cherté de la vie et les difficultés des caisses de l'Etat à honorer leurs engagements. Sans parler des difficultés économiques de tous ordres qui se répercuteraient, inéluctablement, sur le climat social et, à la rentrée, on ne serait pas à l'abri de nouveaux débrayages. Ce même gouvernement ne semble pas s'engager à fond dans la préparation des élections. Certes, l'Instance est indépendante, mais elle ne saurait se passer de l'apport et du soutien de l'administration publique. L'Isie pourrait solliciter le soutien de certains ministères comme ceux qui sont en charge de la culture et de la jeunesse, pour mettre à sa disposition leur logistique, leurs moyes, leurs locaux et leur expérience afin de toucher un plus grand nombre d'électeurs. Les médias publics et privés ne s'impliquent pas, non plus, dans le processus électoral en prenant part, de manière volontaire et bénévole, à la campagne de sensibilisation.
Crainte de la résurgence
de la violence politique
A un peu plus de trois mois des élections, le pays baigne dans un climat politique délétère, par ailleurs préjudiciable à l'avancement du processus électoral. Les contours du paysage sont encore flous, malgré l'émergence de deux forces politiques qui accaparent la scène et les sondages, Nida Tounes et Ennhadha. Le modus vivendi agréé par les deux grands partis, s'il semble tenir, n'est pas à l'abri d'une brèche, comme cette proposition du candidat de consensus à la présidentielle lancée par le parti islamiste et qui, selon certains commentateurs, vise à saboter la candidature de Béji Caied Essebsi, le favori des sondages. La scène politique n'est pas, non plus, à l'abri de la résurgence de la violence et l'attaque des locaux de Nida Tounes à Mrissa de la délégation de Korbous (Cap Bon),n'est pas sans nous plonger dans les stigmates des attaques menées par les milices de la défunte(?) ligue de protection de la révolution contre les meetings, les réunions et les locaux des partis politiques, laquelle ligue a été soutenue et défendue, bec et ongles, par des dirigeants politiques. Cette violence qui hante encore les esprits et qui a causé la mort d'hommes politiques, Chokri Belaid, Mohamed Brahmi et Lotfi Naguedh, est politiquement et moralement condamnable. Elle ne doit être ni légitimée ni adoptée comme moyen de battre un adversaire politique.
En l'absence d'un vrai débat comme exutoire, les contradictions bouillonnent, les intérêts partisans priment sur l'intérêt général du pays et le recours à des moyens peu orthodoxes pour intimider les adversaires en vue de gagner les élections, ne pourraient que saper le processus et engager le pays sur la voie du chaos.
Ces menaces, réelles, ne sauraient être conjurées sans la conjonction des efforts de toutes les parties, gouvernement en premier, et sans l'implication des citoyens lambdas.
"Quant à vouloir s'imposer à ses concitoyens par la violence, c'est toujours chose odieuse même si l'on se donne pour but de réformer des abus", disait, il y a plus de 22 siècles, l'homme politique romain Salluste.
B.O.


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