Samir Taïeb: "Nous aurions aimé qu'il y ait une réelle unité nationale, et nous déplorons le double langage de certaines parties qui ont encouragé le terrorisme et aujourd'hui, nous les retrouvons parmi nous" Ils étaient côte à côté les représentants des partis politiques, des organisations nationales et de plusieurs associations hier à Tunis, pour une marche à laquelle a appelé l'Ugtt, afin de dire non au terrorisme, non à la violence. L'image de Wided Bouchamaoui, présidente de l'Utica, de Houcine Abbassi, Secrétaire Général de l'Ugtt, du bâtonnier Mohamed Fadhel Mafoudh, de Taïb Baccouche, secrétaire général de Nidaa Tounes, de Abdelkarim Harouni, un des leaders du mouvement Ennhadha, de Kamel Morjane président du parti de l'Initiative (Moubedra), de Mouldi Riahi, dirigeant au parti Ettakatol et de Mohamed Hamdi, coordinateur général de l'alliance démocratique, se tenant par la main et marchant tout au long de l'avenue Habib Bourguiba, est celle de l'union sacrée face au terrorisme, ennemi commun des partis politiques en dépit de toutes les divergences. L'image est belle certes, mais celle-ci n'est pas restée figée, car très vite, les manifestants ont haussé le ton. Tandis que certains scandaient des slogans hostiles à la présence du parti Ennahdha, qu'ils accusent d'être responsable de la propagation du terrorisme en Tunisie, d'autres ont tenté de "virer" Abdelkarim Harouni, provoquant une perturbation de la marche. Un classique "Ghannouchi assassin, meurtrier", a même été entendu. Des accusations mutuelles et des appels à l'unité "Nous aurions aimé qu'il y ait une réelle unité nationale, et nous déplorons le double langage de certaines parties qui ont encouragé le terrorisme et aujourd'hui, nous les retrouvons parmi nous", a déclaré Samir Taieb, secrétaire général du parti Al-Massar. Contacté par La Presse, le responsable médias au parti Ennahdha Ajmi Ourimi a indiqué les slogans portant atteinte aux personnes ou aux partis constituent une véritable "bassesse morale" "J'ose espérer que ces débordements sont spontanés et n'ont pas été orchestrés par certains partis, a-t-il déclaré. Si nous sommes sortis aujourd'hui, c'est pour répondre à l'appel des organisations marraines du dialogue national dont nous sommes partie intégrante". D'autres ont tenté de calmer le jeu, à l'instar de Mohamed Hamdi, qui a demandé aux manifestant de respecter les organisations marraines du dialogue national, à l'origine de cette marche contre le terrorisme. "Laissons de côté les querelles partisanes" a-t-il déclaré. Contre l'impunité Sous haute protection de la police qui a, dès le matin, fermé l'avenue Habib Bourguiba sur le tronçon situé entre rue de Rome et Bab Bhar, des centaines de citoyens ont exprimé leur volonté d'en finir avec la terreur et d'aller vers les élections comme réponse à ceux qui tentent de déstabiliser le pays. Houcine Abassi le sait, et affirme que cette manifestation est une manière de "resserrer les coudes et de ramener à bon port la Tunisie". De son côté, Mohamed Fadhel Mahfoudh se veut plus concret: la volonté populaire d'attachement aux institutions de l'Etat doit être traduite par la rapide organisation d'une conférence nationale sur le terrorisme ainsi que par une participation massive aux rendez-vous électoraux. Toutefois, contrairement aux appels répétés dans les médias, le bâtonnier plaide pour plus de réflexion avant d'adopter la loi antiterroriste. Selon lui, la précipitation pourrait conduire à des "dérives arbitraires". Taieb Baccouche, le secrétaire général de Nidaa Tounes, lui, veut des têtes, celles de tous ceux qui sont responsables, soit par laxisme ou par complicité, de la prolifération du phénomène terroriste en Tunisie. "Il faut circonscrire les responsabilités des uns et des autres, que ce soit dans l'administration ou dans un certain nombre de mosquées qui prônent la haine", a-t-il précisé. Des actes, voilà ce que réclament les citoyens, qui écoutent avec perplexité les discours des dirigeants. Bien qu'ils participent volontiers à ce genre d'évènements, les citoyens attendent qu'on en finisse définitivement avec le terrorisme, sans davantage de pertes.