La Tunisie en passe d'acquérir des hélicoptères de combat, munis de mitrailleuses, de lance-missiles et d'un dispositif de vision nocturne Le constat est amer. Les terroristes islamistes font le coup de feu et exécutent des tueries massives au jebel Chaâmbi depuis seize mois. Ajoutés aux longs mois durant lesquels ils s'y sont adonnés aux entraînements et à l'aménagement de l'espace, en toute impunité. Avec, pour le moins, une facilité déconcertante. On en déduit qu'ils sont sur le point d'y ériger leur objectif majeur : un émirat fondamentaliste sur le toit de la Tunisie. Deux faits saillants s'imposent au constat. Tout d'abord, les terroristes bénéficient bel et bien d'un sanctuaire, sinon au jebel Chaâmbi, du moins à Kasserine. Le passage en revue des attaques, incursions meurtrières et mises en place de bombes ravageuses, périodiquement, en est témoin. Souvenons-nous. Les attaques meurtrières exécutées par les terroristes contre des unités de l'armée régulière sont intervenues à quelques jours, voire quelques heures, de déclarations des plus hauts responsables de l'armée. Le chef d'état-major des armées en 2013 (le général Rachid Ammar, démissionnaire depuis) ainsi que Ghazi Jeribi, ministre de la Défense, il y a quelques jours, avaient annoncé à hue et à dia que le jebel avait été repris en main. Quelque temps après, les terroristes exécutent des carnages en bonne et due forme. Il faut se rendre à l'évidence. Les terroristes évoluent dans cette région comme des poissons dans l'eau. Ils sont assurés d'un soutien humain, logistique, matériel et en approvisionnement constant. Ils embrigadent, pour ce faire, des gens du terroir. L'argent sale coule à flots. Ils comptent aussi sur des personnes et des réseaux infiltrés dans les forces de sécurité et dans l'administration. Les arrestations effectuées hier dans le gouvernorat de Kasserine en témoignent. Côté gouvernement, la faible riposte, son inconsistance, s'expliquent par deux faits. En premier lieu, les structures du renseignement semblent défaillantes. Le noyautage et le contre-espionnage sont nuls. Les forces de sécurité elles-mêmes sont infiltrées par les terroristes et leurs sympathisants. L'ennemi n'est pas clairement identifié. Les techniques du profilage psychologique, des analyses comportementales, de l'investigation criminelle et de la police scientifique sont inexistantes, ou presque. Autant de défaillances majeures dues au brutal démantèlement des structures efficientes de l'Etat en la matière aux lendemains immédiats de la révolution du 14 janvier 2011. Démantèlement délibéré et criminel, sans nul doute, exécuté systématiquement et adroitement par des commanditaires obscurs dans la foulée de l'euphorie révolutionnaire. En second lieu, force est de constater que les forces de l'armée et de la sécurité intérieure sont sous-armées face au péril terroriste. Les armements adéquats, y compris les gilets pare-balles, font défaut. Mais ce qui manque le plus, ce sont des hélicoptères de combat, munis de mitrailleuses, de lance-missiles et de dispositifs de vision nocturne. On n'en a pas encore. Les Emirats Arabes Unis ont eu des contacts à ce propos avec quelque éminent leader d'un parti de la place et le chef du gouvernement. On a promis de livrer à la Tunisie des hélicoptères de ce type. Et on attend toujours. Entre-temps, il y a eu le scandale du contrat d'achat des six hélicoptères Caracal de transport de troupes destinés à l'armée tunisienne. Les Français ont voulu nous les refiler pour sept cent milliards de nos millimes, devançant les Américains qui voulaient nous vendre leurs Black Hawks. Un contrat obscur, sentant la corruption et le coup tordu, sitôt révélé sitôt démenti par un haut responsable du ministère de la Défense, avant d'être confirmé par l'ambassadeur de France à Tunis dans une interview. C'est dire que face au péril terroriste, l'Etat, le pays semblent désarmés. Les manigances des uns, les stratagèmes et calculs scabreux et malintentionnés des autres ont facilité cet état de fait. Redresser la barre s'avère impérieux. Et le plus tôt sera le mieux. A bon entendeur...