Deux ans, c'est trop court si l'on veut ramener des médailles. Va-t-on changer d'approche? Dans deux ans, il y aura l'évènement sportif le plus prestigieux de la planète, les Jeux olympiques de Rio. Evènement où la performance est historique et inégalable. Il n'y a que les vrais champions qui y brillent, honorant, par leurs médailles, leurs pays et leurs peuples. Nous, en Tunisie, nous avons appris au fil des années à regarder la télé et apprécier les exploits des autres et rester nostalgiques de la médaille d'or de Gammoudi en 1968. Il a fallu attendre 40 ans pour voir la Tunisie produire un autre champion olympique, un époustouflant Oussama Mellouli qui est monté sur le toit du monde à Pékin. Pour le reste, quelques performances comme celle de Missaoui à Atlanta, sinon ce sont des fiascos (Ali Hakimi par exemple a été un champion racé, mais ce fut une mauvaise gestion de carrière). Pas la peine de revenir aux détails, vous savez mieux que nous comment on gérait le sport et le haut niveau. Pendant 50 ans ou plus, ce fut un modèle politisé, amateur où l'on fait tout sauf produire des champions olympiques. Ça touche tous les maillons de l'opération : de la détection à la gestion de la compétition le jour J, en passant par la préparation, l'accompagnement et le suivi. Ce fut une gestion par hasard où la chance et le talent de Mellouli et Gammoudi nous ont sauvés. Y a-t-il quelque chose qui a changé? Pas vraiment, nous sommes encore orphelins de champions mondiaux et olympiques. Ils sont peu nombreux à constituer des projets de médailles d'or à Rio en 2016. 17 athlètes ciblés Qui gère la préparation olympique d'un athlète? Une question ambiguë et qui vous montre à quel point les structures sont confuses quand il s'agit de gérer une carrière olympique. La fédération concernée, le ministère des Sports, bailleur de fonds public, le Cnot, voici trois intervenants qui n'ont pas le même poids et la même importance dans ce sujet. L'instance olympique n'a aucun droit de regard sur le contenu de la préparation olympique, le ministère peut intervenir indirectement via le financement, alors que la fédération concernée reste souveraine à ce sujet. Nous avons maintenant des commissions mixtes entre ministère des Sports et Cnot pour essayer d'encadrer un ensemble de 17 athlètes ciblés qui ont des chances plus ou moins élevées de monter sur le podium en 2016. Ils ont une bourse olympique qui leur permet, mensuellement, de financer leur préparation avec une assistance technique de soutien. Les noms ciblés ? Il y a d'abord Oussama Mellouli et Habiba Ghribi comme chefs de file qui ont un privilège sur les autres. Il y a ensuite des noms qui ont des chances d'obtenir une médaille tels que Fayçal Jaballah, les sœurs Besbès, Fédia Farhani, les Trabelsi, Inès Boubakri, Ghada Hassanine, Nihel Cheikhrouhou, Marwa Amri, Ahmed Mejri... Gérer cette élite dans un cadre olympique et en vue de médailles n'est pas quelque chose de facile. C'est bien de créer toutes ces commissions et de préparer une liste d'athlètes ciblés. Mais il faudra tout d'abord choisir les bonnes personnes pour encadrer et pour planifier, et il faut surtout une structure claire et des moyens conséquents. Une médaille d'or coûte très cher. Sinon, ce sera du déjà-vu : une préparation hâtive à quelques mois des JO, et beaucoup d'illusions vendues à l'opinion publique. Nous avons encore deux ans pour changer les mauvaises habitudes. C'est peu de temps, croyez-nous!