La Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle ) a démenti avoir été consultée par le gouvernement concernant la décision de fermer les chaînes de radio Ennour et de télévision Al Isan ce week-end. Cette fermeture fait partie d'une série de mesures exceptionnelles établies en urgence par le Premier ministre, Medhi Jomâa, quelques jours après les attaques terroristes du mont Chaâmbi. Les chaînes sont accusées d'être devenues des «espaces pour le takfir (accusation d'apostasie) et l'appel au djihad», a précisé l'exécutif. Déclarations et démentis Mais le communiqué du gouvernement, publié dimanche, indique spécifiquement que la mesure a été prise «après concertation avec la Haica» et «après avoir reçu des correspondances envoyées par l'instance à la radio ‘‘Nour'', contenant des avertissements ». Le document affirme même que «la présidence du gouvernement veille au respect du rôle régulateur de la Haica et du principe de la liberté de l'information et à la neutralisation de tout discours prônant le ‘‘takfir'', car tout le monde est impliqué dans la guerre contre le terrorisme ». Pourtant, la Haica a démenti avoir été consultée par la présidence du gouvernement. Dans un communiqué publié lundi, l'instance affirme se conformer au décret-loi 116 pour sanctionner les chaînes ne respectant pas la législation. Ce décret, entré en vigueur en novembre 2011, stipule que le média coupable d'une infraction doit être averti dans un premier temps par la Haica, et qu'il dispose d'un droit de réponse : «La décision de fermer une institution télévisée ou radiophonique ne peut pas se faire du jour au lendemain», a assuré Nouri Lajmi, le président de la Haica à la radio Shemsfm, lundi. Le gouvernement assure pourtant que la décision lui revient : « Nous nous sommes basés sur le Code des télécommunications dont la valeur juridique est supérieure à celle du décret- loi 116 », a affirmé Mofdi Mseddi, attaché de presse du Premier ministre, au site Huffingtonpost Maghreb. Il s'appuie aussi sur le caractère illégal de la diffusion de cette radio pour justifier sa fermeture. Un statut juridique en cours de réglementation Pourtant, le décret loi-116 affirme que « sont abrogés tous les textes antérieurs contraires aux dispositions du présent décret-loi ». D'autre part, la situation juridique des chaînes de radio et de télévision est toujours en cours de réglementation. «Le statut des opérateurs audiovisuels est tellement complexe que nous pouvons le comparer à un maquis juridique», assure Riadh Ferjani, sociologue des médias et membre du conseil de la Haica. Si on prend le cas des médias autorisés sous Ben Ali , on constate qu'ils font l'objet de conditions draconiennes de diffusion de l'information », assure Riadh Ferjani. La Haica procède actuellement à la régulation du statut de nombreuses nouvelles institutions à travers le pays. Elle a précisé dans son communiqué que les critères et le calendrier de ces opérations avaient été publiés sur son site internet www.Haica.tn.