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Pour que le sang de nos martyrs du Chaâmbi ne soit pas vain !
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 07 - 2014


Par le colonel(r) Boubaker BENKRAIEM(*)
Devant l'horrible, ignoble et lâche assassinat de nos braves et valeureux soldats morts au champ d'honneur au Jebel Chaâmbi par des terroristes sans foi ni loi, démontrant, à l'encontre de notre peuple, une haine et une rancune indescriptibles.
En s'inclinant pieusement devant les corps des victimes innocentes, et en présentant nos condoléances aux familles et au peuple tunisien.
En saluant le courage, la bravoure et l'esprit de sacrifice de tous nos militaires en situation opérationnelle depuis trente mois.
En rappelant que les temps ont changé et que notre pays doit faire face à la plus importante menace de ces prochaines années, qui est celle de la nébuleuse terroriste, plus insidieuse que les anciennes menaces et plus dangereuses parce qu‘invisibles et non déclarées.
En souvenir du sacrifice suprême de milliers de nos héros tombés au champ d'honneur, durant près de soixante ans d'indépendance de notre pays, que ce soit sur la frontière tuniso-algérienne durant la guerre d'indépendance de l'Algérie, que pendant les batailles de Remada et de Bizerte, l'affaire de Gafsa que lors de notre participation, avec les Nations unies, au maintien de la paix au Congo, au Rwanda, au Cambodge et ailleurs, que durant la période transitoire lors de la Révolution de la liberté et de la dignité en s'opposant aux terroristes à Rohia et à Bir Ali Ben Khelifa,
J'attire l'attention du gouvernement, des partis politiques, des organisations nationales, des associations de la société civile et de tous les Tunisiens, sur ce qui suit:
1 - Toute armée ne peut assurer sa mission de défense sans l'appui d'une unité nationale ferme et concrète. Cela a une influence primordiale sur son moral et par suite sur sa combativité. L'Armée viêt-minh n'a pu vaincre d'abord l'armée française en Indochine et ensuite l'Armée américaine au Vietnam, toutes deux terriblement plus fortes qu'elle, qu'en disposant d'un peuple remarquablement uni derrière elle.
Nos politiciens doivent savoir que cette ambiance de déchirement national ne peut, en aucune manière, être favorable à l'accomplissement de toutes les missions dont est chargée notre Armée nationale, ces missions permanentes ou conjoncturelles aussi délicates que capitales comme les actuelles, celles de la recherche et de la destruction des terroristes.
2 - La nécessité de cesser la dispersion et l'épuisement de notre Armée par un éparpillement excessif qui peut lui faire perdre ses réflexes de combat et l'usure prématurée de ses moyens. Les banques, les supermarchés, les usines ont assez de moyens financiers pour recruter des personnels capables d'assurer leur propre sécurité.
3 – Revenir, le plus tôt possible, aux principes de la guerre, à savoir :
3-1 - L'unité d'action : que les forces de sécurité s'occupent de la sécurité intérieure du pays et que l'Armée assure exclusivement la défense du pays et occasionnellement la lutte antiterroriste en appui aux forces de sécurité intérieure,
3-2 - L'économie des forces en réorganisant adéquatement nos unités éparpillées un peu partout sur tout le territoire en unités de chasse antiterroriste.
3-3 - L'unité de commandement en mettant en place une vraie structure de commandement interarmées en instaurant organiquement la fonction de chef d'état-major interarmées d'une façon permanente et non comme palliatif. Cette fonction est devenue nécessaire et capitale car, en facilitant l'emploi express et combiné des forces, elle permet une réaction prompte surtout dans la situation actuelle que nous vivons et qui perdurera un certain temps. Le commandement au sein des armées semble assez complexe pour les pouvoirs publics et pour nos politiciens étant donné leur méconnaissance du fait militaire.
En revoyant la liste des officiers généraux mis à la retraite, ces dernières années et ils ne sont pas très nombreux, il n'est pas difficile de trouver celui qui remplit les conditions pour assurer pareille fonction. Cette mesure est conforme à la loi qui permet le maintien au-delà de la limite d'âge d'officiers supérieurs et généraux, pour raisons de service, et ce, pour une durée maximale de cinq ans.
4 - Le renforcement des unités de l'armée par le rappel des militaires mis à la retraite au cours des trois ou cinq dernières années et aptes pour reprendre du service.
5 - Le rappel de tous les officiers spécialistes dans le domaine du renseignement et mis à la retraite au cours des cinq dernières années.
6 - L'acquisition urgente, pour les besoins de l'armée, et en nombre suffisant, des moyens techniques élaborés nécessaires à l'accomplissement de ses missions que le commandement militaire définira.
7 - L'adaptation de notre stratégie de défense à cette nouvelle menace tant au point de vue de la formation individuelle que collective qu'à l'organisation de nos unités qui doivent être plus légères, plus autonomes et plus techniques.
8 - L'urgence de la révision de notre politique de défense et de sécurité en vue de fournir aux piliers de l'Etat et de son existence représentés par l'armée, les forces de sécurité intérieure et des douanes tous les moyens humains et logistiques nécessités par ces nouvelles données.
9 - La création de nouvelles unités militaires spéciales de montagnes pour leur implantation effective dans nos djebels.
10 - La remise sur pied immédiate de la direction de la sûreté de l'Etat, promise, il y a des mois, par le chef du gouvernement, et surtout le rappel de ses cadres et de son personnel mis à la retraite après la révolution.
D'autre part, qu'attendons-nous pour créer une centrale nationale du renseignement qui sera chargée de collecter, d'interpréter et d'exploiter les renseignements lui provenant des diverses sources et origines. Ce besoin capital se fait de plus en plus sentir et tout retard est préjudiciable à l'intérêt national.
11 - Le besoin, tout en respectant et en renforçant la neutralité politique de nos forces armées, d'associer son commandement, comme dans toutes les démocraties, aux grands choix stratégiques du pays, le temps de sa marginalisation étant révolu.
12 - Assurer l'universalité et l'égalité devant le service militaire et la suppression des affectations individuelles : l'armée a besoin, compte tenu de l'armement de plus en plus sophistiqué, de jeunes appelés ayant un bon niveau d'instruction.
13 - L'utilisation des compétences militaires disponibles : dans les pays démocratiques, les officiers retraités s'organisent en une association de la société civile ayant la forme d'une amicale ou d'une mutuelle. Ses objectifs se rapportent tant au domaine social que culturel et aux études stratégiques. Nous n'avons, malheureusement, pu créer pareille association qu'au lendemain de la Révolution de la liberté et de la dignité et depuis juillet 2011 nous avons notre «Association des anciens officiers de l'Armée nationale». Composée de la fine fleur des anciens responsables des trois armées (terre, air et marine), les officiers généraux et supérieurs ayant assumé de très hautes fonctions, elle est en mesure de mettre à la disposition du commandement le fruit de son expérience, de son savoir-faire et de son expertise. Cette pléiade d'anciens responsables peut être mise à contribution dans le domaine de la recherche opérationnelle. De ce fait, il est proposé que l'Association des anciens officiers de l'Armée nationale soit invitée, à raison d'une ou de deux matinées par semaine par exemple, par l'Institut de défense nationale, pour réfléchir sur des questions stratégiques pouvant intéresser le commandement militaire. Ce groupe de réflexion, choisi selon ses compétences, son expérience et sa formation, est en mesure de présenter des études intéressantes dans les divers domaines.
En conséquence, la défense de la liberté et de la dignité du peuple tunisien, engendrant la stabilité et le développement, mérite tous les sacrifices pour que notre Armée qui a toujours été, sous les deux anciens régimes, le parent pauvre au budget de l'Etat, soit suffisamment forte et pourvue de moyens pour être, non seulement dissuasive, mais encore capable de faire face à plusieurs défis à la fois. C'est le prix à payer pour que la Tunisie, d'une histoire trois fois millénaire, continue d'abord à assurer sa propre sécurité et aussi à participer aux missions de maintien de la paix, dans le cadre onusien dans le monde et retrouver la place qui est la sienne dans le concert des nations libres et développées. Notre Armée continuera toujours à être «Dévouée à la nation et fidèle à la République».
Note de l'auteur : cet article, écrit suite à la lâche embuscade terroriste du mois de Ramadan de l'année dernière du mont Chaâmbi et qui eut pour conséquence la perte de huit de nos hommes, et paru sur le journal La Presse du 11/8/2013 pose des problèmes de fond qui sont toujours d'actualité. Il mérite d'être de nouveau, réédité. Ces problèmes sont relatifs tant à l'équipement de nos unités combattantes qu'à leur organisation, à leur restructuration et à leur formation technique et morale compte tenu de cette nouvelle menace.
Nous avons des cadres remarquables à tout point de vue. Grâce à leur formation exceptionnelle et à leur cursus d'enseignement militaire supérieur, ils sont capables d'utiliser et de maîtriser tous les équipements sophistiqués qui sont utilisés par les armées modernes et de commander, efficacement, leurs unités dans les diverses situations.
Il y a lieu de rappeler, encore une fois, que l'armée a été, durant les régimes de la 1ère République, le parent pauvre que ce soit au point de vue moyens matériels que personnels. Les temps ont changé et nous vivons une période très délicate de notre histoire. Aujourd'hui, il est du devoir des responsables politiques de ne lésiner en rien pour fournir à nos forces armées les moyens nécessaires pour faire face à cette nouvelle menace.
C'est vraiment dommage que notre classe politique ainsi que les hommes au pouvoir n'aient pas effectué leur service militaire, en tant qu'officiers de réserve grâce à leur niveau intellectuel, pour pouvoir apprécier et comprendre l'importance des problèmes et des besoins de la défense nationale du pays et saisir, sérieusement, sa complexité.
Cependant, le constat que nous, anciens responsables de l'armée, faisons de loin, sur la situation opérationnelle actuelle, mérite une attention particulière. Ne souhaitant nullement nous immiscer dans ‘‘les affaires'' de nos jeunes, les responsables du moment, dont nous connaissons toute l'aptitude et la compétence, nous voulons seulement leur dire que nous avons confiance en eux et savons qu'ils seront victorieux de cette guerre qui nous est imposée par ceux qui sont jaloux de notre réussite et qui essaient de faire échouer notre Révolution. Nous sommes certains que pour peu qu'on leur fournisse certains moyens indispensables et qui auraient dû l'être depuis longtemps, et qu'on renforce leurs unités par le rappel de quelques milliers de réservistes, ils sont capables, malgré les attaques reçues, de relever tous les défis et de détruire tous les terroristes.
Nous, les anciens officiers, qui avons tout donné sans jamais rien demander, soucieux de l'avenir et du devenir de notre chère Tunisie que nous avons servie avec notre âme, notre cœur et nos tripes, qui étions inquiets du peu d'importance accordé, par tous les gouvernements précédents, au domaine de la Défense nationale, espérons que le sursaut du gouvernement actuel sera maintenu et mené à son terme, et ce , pour le bien du pays.
Je veux tranquilliser tous nos concitoyens pour leur dire que le terrorisme, malgré ses coups bas, ne passera pas car nos forces de sécurité intérieure et notre armée défendent une cause juste et un modèle de société cher à tous les Tunisiens. Que le peuple tunisien, avec ses ‘‘Hrayers'' et ‘‘Ahrars Touness'' et avec toutes ses composantes politiques, sociales et économiques, soutienne et appuie, franchement et sincèrement, son Armée et ses forces de sécurité intérieure.
*(Ancien sous-chef d'état-major de l'Armée de terre, issu de la 1ère promotion d'officiers de la Tunisie indépendante)


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