Sans complexe ni illusions, Zied El Heni a choisi une date symbolique, la veille de la fête de la République, pour annoncer sa candidature à la prochaine élection présidentielle, et dévoiler son programme pour l'avenir du pays, lors d'une conférence de presse tenue hier à Tunis. Une candidature placée sous le signe : « Vive la Tunisie ». Sur les traces de son père, mais dans un contexte politique différent, Zied El Heni, journaliste, a annoncé hier, lors d'une conférence de presse, sa candidature à la prochaine élection présidentielle. L'homme de médias, farouche défenseur de la liberté d'expression et des valeurs de la République, a également dévoilé son programme pour l'avenir de la Tunisie. Un programme basé sur six axes, dont en première ligne la lutte contre le terrorisme et la sécurité du pays. «Je me présente à la prochaine élection présidentielle, en tant que candidat indépendant, sans machine électorale, sans soutien financier. Je suis juste animé par une responsabilité vis-à-vis de mon pays, de sa jeunesse et de mon amour pour la patrie ». C'est en ces termes que Zied El Heni a introduit son annonce de se porter candidat à la prochaine présidentielle. «Je me fie aux Tunisiens, aux citoyens, à ceux qui comptent s'abstenir aux prochaines élections. C'est à eux que j'adresse aujourd'hui un appel pour examiner mon programme et le soutenir s'ils en sont convaincus», a-t-il ajouté. Un programme sous le signe «Vive la Tunisie» Le candidat souligne, par ailleurs, que la gestion des affaires publiques n'est pas le seul apanage des partis politiques. Bien au contraire, cela relève également des attributions de la société civile et tout citoyen capable d'apporter une valeur ajoutée à la Tunisie. Placé sous le signe «Vive la Tunisie», le programme présenté par Zied El Heni est basé sur six axes relatifs aux attributions actuelles du président de la République, conformément à la Constitution tunisienne. Un programme dont le fil conducteur et la priorité ne sont autres que la lutte contre le terrorisme et la garantie de la sécurité du pays. En effet, outre la préservation et la consolidation de la souveraineté de la Tunisie, pays libre et indépendant, dont les décisions devraient être la traduction de la volonté libre des citoyens, et non pas des agendas, quelles qu'elles soient, le candidat fait de la lutte contre le terrorisme son cheval de bataille. «Pas de démocratie, de stabilité ni encore moins de développement à l'ombre des menaces terroristes guettant le pays. Partant, en se basant sur ma formation militaire – lieutenant réserviste au sein de l'armée nationale — je veillerai, souligne Zied El Heni, à apporter tout le soutien logistique et matériel aux forces armées et à lutter contre le terrorisme, sans aucune pitié». Le candidat propose, dans le même ordre d'idées, l'organisation d'un sommet réunissant la Tunisie, l'Algérie, l'Egypte et le Tchad. Objectif : coordonner une intervention militaire en Libye aux fins de rétablir la légalité en Libye. Mais encore d'examiner de près la situation au Mali et d'y effectuer des opérations de qualité afin d'éradiquer le fléau terroriste. Sans compter la consolidation de la coopération avec l'Algérie en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Dans le même contexte, le 3ème axe du programme de Zied El Heni concerne la réforme des ministères de l'Intérieur et de la Défense. Sans entrer dans les détails des données dont il dispose, le candidat a indiqué que les deux ministères nécessitent une réforme urgente. Il propose la création d'une agence nationale indépendante de renseignements et de rattacher les services de la Garde nationale au ministère de la Défense nationale. Il propose également de réhabiliter le ministère de l'Intérieur et de corriger les fautes commises par les gouvernements successifs, tout en immunisant l'institution contre toutes les formes d'intrusion. A cela s'ajoute sa volonté d'accorder des attributions réelles au Conseil supérieur de la sûreté nationale, notamment en matière de nominations. Des nominations, a-t-il précisé, qui devraient répondre au seul critère de la compétence et non pas de l'allégeance. Réformes urgentes aux ministères de l'Intérieur et de la Défense En matière de politique étrangère, le candidat propose qu'elle soit basée sur la préservation et la valorisation des intérêts de la Tunisie, avec la nomination de diplomates compétents parmi le personnel du ministère des Affaires étrangères. Il promet aussi, sur la base de son programme, de veiller à la facilitation des procédures pour contribuer à l'internationalisation des entreprises tunisiennes, et à consolider davantage les relations de coopération avec l'Algérie. Sans compter le rétablissement des relations diplomatiques interrompues, à tort à son sens, par l'actuel président provisoire, Mohamed Moncef Marzouki. Au chapitre économique, Zied El Heni propose de revaloriser et de promouvoir davantage le secteur agricole en effaçant les dettes des petits agriculteurs, de régler le dossier des hommes d'affaires poursuivis par la justice pour enrichissement illégal sous l'ancien régime, dans le cadre de la loi. Enfin, le candidat envisage de s'attaquer à la contrebande, source de financement du terrorisme et qu'il considère comme un fléau dévastateur pour l'économie nationale. Présent à la conférence de presse d'annonce de la candidature à la présidentielle de Zied El Héni,Faycel Tebini, président du parti la Voix de l'agriculteur, a souligné que son parti soutien la candidature d'El Heni et qu'il voit en lui un président apolitique, qui pourrait bien servir les intérêts de la Tunisie. A son sens, la classe politique actuelle a prouvé son échec et elle est en fin de carrière. Force est de reconnaître que la présence du parti politique et de quelques-uns de ses membres, et d'une banderole avec la mention «Le parti Voix de l'agriculteur soutient la candidature de Zied El Héni», a suscité la polémique au sein de la conférence de presse. Plusieurs journalistes se sont justement interrogés sur cette banderole et sur le soutien apporté par le parti à un candidat qui se présente en tant qu'indépendant. Pour certains journalistes, cette présence remet en cause l'indépendance du candidat. Zied El Heni s'en est défendu, en précisant qu'il est «indépendant» et que le soutien de partis politiques ne remet en rien en cause son indépendance. «J'ambitionne que le président de la République soit une autorité de régulation à l'intérieur même du pouvoir exécutif, afin de rééquilibrer la situation», a-t-il déclaré. Zied El Heni a décidé de se porter candidat «indépendant» à la prochaine élection présidentielle. Pourrait-il faire face aux candidats des partis politiques dont certains bénéficient de moyens financiers et humains plus importants ? Pourrait-il faire face à leur machine électorale et à leur base populaire ? Lui-même s'est déclaré «ne pas se faire d'illusions». Néanmoins, il reste confiant et compte sur les Tunisiens qui croient en un avenir meilleur pour la Tunisie et pour ses enfants. En tout état de cause, l'avenir nous le dira.