Finie la belle époque où les terroristes attaquaient, tuaient, égorgeaient, brûlaient et rentraient tranquillement dans leur tanière Par l'attaque contre la caserne de Sbeïtla, les terroristes ont tenté de passer à un nouveau palier. Ils n'y sont pas parvenus. Hold-up d'une banque, attaque d'une caserne et assaut contre un poste-frontière. Des opérations perpétrées du 1er au 3 août qui se sont toutes soldées par un échec cuisant. Nous déplorons la mort d'un jeune soldat volontaire. Encore un martyr. Mais les terroristes n'ont atteint aucun de leurs objectifs. Le principal responsable du braquage de la banque située à Mégrine, dans le Grand-Tunis, a été capturé. Passant aux aveux, il révèle son affiliation au mouvement terroriste interdit Ansar Chariaa. Une partie des assaillants contre la caserne de Sbeïtla ont eux aussi été interpellés, certains sont blessés. Une suite de revers qui nous rassurent et montrent que lorsque la détermination est au rendez-vous, la victoire n'est jamais loin. Pour mémoire, l'attaque contre la maison du ministre de l'Intérieur perpétrée le 28 mai à Kasserine avait sonné comme un défi adressé à l'Etat et à ses symboles. Les célébrations qui avaient suivi par leurs supporters, des salafo-jihadistes par conviction, révèlent la teneur de la guerre engagée contre le peuple tunisien et la volonté affichée de s'auto-exclure de la communauté nationale. Au cours de la semaine écoulée, la simultanéité des attaques, leur dissémination sur le territoire, et leur diversité révèlent une sophistication nouvelle dans le mode opératoire et une volonté de franchir un cap dans la stratégie de déstabilisation du pays. Sans réel succès sur le terrain, toutefois. La Tunisie, une forteresse Les réactions des forces de l'ordre et militaires ont été immédiates. Ils se sont défendus et ont protégé leur site. Les renforts ont été réactifs, les terroristes sont pourchassés, et rattrapés pour certains. Finie la belle époque où les terroristes attaquent, tuent, égorgent et brûlent et rentrent tranquillement dans leur tanière quand ils ne font pas un tour par la ville pour célébrer leur forfait. Les décisions prises par la cellule de crise présidée par le chef du gouvernement et le suivi au niveau de leur application commencent à porter leurs fruits. La gestion de la grave et dangereuse crise libyenne sur les frontières révèle un leadership, et la détermination des gouvernants à défendre la souveraineté du territoire et la sécurité des Tunisiens d'abord et en premier. Résultat, une partie grandissante des Tunisiens s'est sentie rassurée, même si la guerre n'est pas finie. Il reste à dire que l'attaque de la banque révèle l'existence d'une fatwa vraisemblablement donnée par un de leurs «jurisconsultes», pour donner le coup d'envoi d'«el ihtitab», littéralement ramasser du bois, et au figuré réunir de l'argent par des moyens licites et surtout illicites pour financer les opérations terroristes. La presque simultanéité des attaques révèle aussi la détermination des terroristes. Dans une de leurs discussions interceptées par les forces de sécurité tunisiennes, ils parlaient d'une cinquantaine d'attaques simultanées et le pays serait à prendre, rêvaient-ils. Cela dit, en plus de la menace terroriste endogène déjà installée, les frontières tuniso-libyennes peuvent être une source exogène de ravitaillement en munitions et hommes, c'est pourquoi ces frontières doivent s'ériger comme le mur d'une forteresse. La Tunisie a toujours été un pays d'accueil, mais non pas aux dépens de la sécurité nationale. Les Libyens qui accèdent au pays, même en famille doivent savoir qu'il y a des lois, qu'il faudra s'y conformer. Et que les temps ont changé.